Les détenteurs de la licence professionnelle au Mali, comme d’habitude, sont exclus du concours direct de recrutement dans la fonction publique de l’Etat.
Les détenteurs de la licence professionnelle ne sont pas admis au concours d’entrée à la fonction publique. Cette exclusion n’est pas un phénomène nouveau au Mali. Mais, cette fois, les victimes semblent déterminées à accéder aux concours qui constituent un droit fondamental selon elles.
Ainsi, quelques jours après la publication du communiqué relatif à l’ouverture des concours de recrutement de 883 dans différents secteurs d’activités, dans la fonction publique, les réactions des étudiants formés dans ce système LMD et qui n’ont que la licence, n’ont pas tardé.
Juste après le communiqué annonçant l’ouverture des concours, le jeudi 04 janvier 2022, un groupement d’étudiants détenteurs de la licence LMD dénommé “ Collectif des Détenteurs de licence et Étudiants en Système LMD a fait une déclaration.
Dans cette déclaration, ce collectif estime que le système LMD, instauré dans l’enseignement supérieur du Mali depuis 14 ans pour réduire le taux d’échec, tout en augmentant le taux d’employabilité, s’est avéré un échec. Selon eux, le système Licence-Master-Doctorat (LMD) ne forme que des chômeurs en puissance d’où l’exclusion des détenteurs de la licence professionnelle.
Selon cette même déclaration, de 2012 à 2021, les étudiants de la licence professionnelle n’ont participé ni aux concours d’entrée à la fonction publique ni aux concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (ENA). Le collectif ne s’est pas limité à une simple déclaration.
En effet, trois jours après sa première déclaration, le Collectif des Détenteurs et Etudiants en Système LMD et un autre groupement se battant pour la même cause, dénommé “ Collectif pour l’Intégration des Licences du système LMD aux concours nationaux et d’autres étudiants, ont animé un point de presse au monument de la paix près de la cité ministérielle.
Le collectif décidé à se faire entendre
Selon la déclaration qui a été lue lors du point de presse par le président du Collectif des détenteurs et étudiants du Système LMD, Kalifala Touré, leur absence aux différents concours est une violation flagrante de la charte africaine de la fonction publique, de la Directive N°03 /2007/ CM/UEMOA du 14 juillet 2007, portant l’adoption du système LMD dans les Universités et Etablissements supérieurs au sein de l’UEMOA.
Dans la mise en œuvre de laquelle, le Mali a pris le décret N°08-790/P-RM du 31 décembre 2008, portant l’accès à la catégorie A relative à la grille indiciaire pour prendre en compte la licence du système LMD dans l’enseignement supérieur malien ; de l’ordonnance N°2004/019 du P-RM, du 03 octobre 2014, modifiant la loi N°02053 du 16 décembre 2002, portant statut général des fonctionnaires et la loi N°2014-010 du 20 mai 2014 faisant de la licence LMD le premier diplôme de l’enseignement supérieur permettant à ses détenteurs l’accès à la catégorie A dans la fonction publique.
Selon toujours M. Touré, malgré ces dispositions abrogeant l’arrêté du 2013 relatif au concours d’entrée à la Nouvelle ENA et autorisant tous les détenteurs de la licence d’accéder aux concours d’entrée à la fonction publique dans leurs disciplines respectives, les détenteurs de la licence LMD ne sont pas, malheureusement, habilités à participer aux concours d’entrée à la fonction publique.
Le Collectif des détenteurs de licence et étudiants du système, propose donc aux autorités, la prise en charge de tous les étudiants pour faire le Master ou d’autoriser les détenteurs de la licence professionnelle de prendre part aux différents concours de la fonction publique en vertu de la loi N°2014-010 du 10 mai 2014 portant l’acceptation de la licence professionnelle à la fonction publique comme catégorie A.
Le collectif compte engager des actions fortes conformément à la loi, si ses revendications ne sont pas satisfaites. Ainsi, il organisera un sit-in sur le même lieu, le 21 janvier 2022, a précisé M. Ibrahim Samaké dit IB-Inter, porte-parole du Collectif pour l’intégration des licences aux concours nationaux, présent également lors du point de presse.
Il a fait savoir que la lutte pour la participation des détenteurs de licence LMD n’est pas une lutte qui engage eux seuls mais aussi les parents d’étudiants. Il a interpellé ainsi les parents d’étudiants de ne pas rester les bras croisés car les détenteurs de licence professionnelle sont un pilier du développement de notre pays.
La responsabilité de l’Etat engagée
Tout en interpellant les autorités de la transition, notamment le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, M. Samaké rappelle que le « Malikura » auquel tous les Maliens aspirent aujourd’hui, ne sera pas vécu tant que chacun n’est pas mis dans ses droits. Il a rappelé aussi qu’ils ne demandent pas de les intégrer dans la fonction mais qu’ils demandent juste pouvoir prendre part à la course.
L’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) n’est pas restée en marge. À travers son bureau national, elle a fait un communiqué le soir de la publication du communiqué annonçant l’ouverture du concours d’entrée à la fonction publique, en exprimant son regret face à l’indifférence des autorités sur la situation des détenteurs de licence LMD.
L’AEEM dit être dans l’obligation d’entreprendre des actions plus fortes pour juguler cette injustice et cette frustration à l’endroit des détenteurs de la licence professionnelle. Ainsi, elle a lancé un appel aux étudiants de rester à l’écoute car un appel à la mobilisation est imminent.
Selon Dr. El Hadji Ousmane Boré, chef de Département d’étude et de recherche (DER) d’histoire, il ne doit pas y avoir de discussion sur la participation des détenteurs de licence LMD, car c’est un droit donc c’est l’Etat qui devrait s’assumer.
Pour lui, c’est un problème auquel les détenteurs de licence LMD font face. Il estime qu’il s’agit d’un problème d’ordre général car ça concerne les sortants de toutes les universités du Mali. Il soutient que l’Etat en changeant d’architecture devrait adapter les réalités à cette architecture. « Donc en faisant de la licence la formation de base de l’enseignement supérieur, il devait la compter aussi dans l’architecture de travail », explique-t-il.
Le mutisme des autorités
Parlant de l’adaptabilité de la licence LMD aux réalités sur le marché d’emploi au Mali, Dr. Boré pense que c’est une question de responsabilité de l’Etat, et que cette question ne doit même pas se poser car c’est l’Etat qui s’est engagé dans cette voie et un Etat ne doit pas s’engager dans une aventure pour aventure. « Donc c’est l’Etat qui doit trouver les moyens d’adaptabilité de cette licence aux réalités d’emplois au Mali et cela est irréversible », a-t-il expliqué.
Les autorités pour leur part n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations. Sollicité pour un entretien, Dr. Magassy, le Directeur du Centre national des concours de la fonction publique (CNCFP), n’a pas souhaité réagir prétextant qu’il lui faut l’aval du ministre de la fonction publique.
Il nous a suggéré d’aller nous adresser au chef de cabinet de la ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, M. Boubou Doucouré. Ce dernier aussi n’a pas voulu réagir sur le sujet.
En attendant, les détenteurs de la licence professionnelle doivent prendre leur mal en patience ou poursuivre leur étude pour le Master. Ce qui n’est pas à la portée de tous les détenteurs.
Fadiala N. Dembélé/Stagiaire
Si tout ce qui est dit est vrai, cela est une injustice qui sera sûrement corrigée rapidement en faisant un concours immédiatement pour eux, afin de montrer le début de la refondation du Mali.
C’est Irresponsable de la part de l’Etat de Créer des diplômes non Utilisables par la Fonction Publique. Personne n’a demander au Mali d’adopter le LMD, c’est lui qui voulait se conformer aux standards des autres Pays. Si ça ne sert pas restez dans votre ancien système. Mais si le Mali a décidé de laisser sa jeunesse de côté c’est le pire des choses!
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