Contrôle physique des agents de l’Etat : L’arbre cache la forêt

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Moussa Bocar Diarra, ministre de la Fonction publique

Le Ministre du Travail et de la Fonction Publique et des relations avec les institutions, Bocar Moussa Diarra a été visiblement mal inspiré en procédant à un contrôle physique des agents de l’Etat en cette période trouble et surtout, au regard de l’impréparation et des insuffisances qui caractérisent la dite opération.

L’administration publique est presque paralysée : Les agents étant plutôt occupés à chercher les pièces demandées à joindre à leurs dossiers. L’on assiste donc à un véritable abandon de postes dans les différents services. Et puisque le paiement des salaires du mois d’octobre est assujetti à l’effectivité de ces documents et à la présence physique des appelés, c’est donc la ruée, suivie d’un véritable désordre dans les billetteries. Une situation qui favorise considérablement la fraude et la corruption que le ministre entend combattre à travers son opération de contrôle physique. L’insuffisance du nombre des contrôleurs exacerbe également le phénomène.

Initialement et de l’avis du Ministre Diarra, «l’opération de contrôle physique vise à combattre la fraude et la corruption qui gangrènent les services étatiques. Il permettra d’orienter la politique du gouvernement sur la gestion efficace des ressources humaines, la création d’emplois et la modernisation de l’administration publique et des collectivités territoriales». Elle vise à démasquer les fonctionnaires fictifs qui émargent illégalement le budget de l’état.

Mais le cafouillage qui règne désormais en maître a beaucoup plus tendance à favoriser les maux censés être combattus.

Par ailleurs, et selon toute évidence, les structures bancaires ne semblent pas être impliquées dans la mise en œuvre du processus. Un constat qui n’est pas sans conséquences sur la situation des travailleurs régulièrement enregistrés au niveau de la fonction publique et sous le régime du virement bancaire. Explications : C’est l’Etat malien qui a exigé le virement bancaire pour tout salarié dont le revenu dépasse un certain seuil. Une initiative ayant pour but de procurer de la liquidité aux banques et permettre aux travailleurs d’accéder aux crédits mis à disposition par les structures bancaires. Le remboursement doit s’effectuer selon une échéance bien établie acceptée et signée par les deux parties.

En procédant au paiement des salaires au niveau des guichets dans les différentes directions, ne serait-ce que pour ce seul mois d’octobre, le calendrier du remboursement pour les contractants de crédits sera bouleversé. Et afin d’éviter des désagréments, Monsieur le ministre propose juste aux clients des banques d’aller payer eux-mêmes leurs échéances. Trop facile, en ces lendemains de fête de tabaski et de rentrée scolaire. Vu sous ce prisme, nombreux seraient tentés de s’acquitter des priorités du moment que de procéder à un remboursement direct. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur la situation de leurs comptes bancaire au titre du mois de Novembre. Bref, les banques ne sont pas des organisations philanthropiques. Elles ne se feront pas prier pour récupérer leurs dus en intégralité sur le prochain salaire.

Aussi, au regard du nombre limité des contrôleurs et celui élevé des agents, le délai d’un mois serait difficile, voire impossible à tenir. Les faussaires auront bien le temps de s’y faire.

Mais pourquoi un contrôle physique en ce moment précis alors que la quasi-totalité des agents de l’Etat affectés dans les régions du nord sont en déplacement et surtout, pendant que les négociations avec l’UNTM se trouvent presque dans l‘impasse? N’est-ce pas qu’une éventuelle grève de la Centrale Syndicale remettra tout en cause ? En clair, l’on a comme l’impression que Monsieur le Ministre qui a déjà perdu son combat avec le syndicat tente en ce moment de faire diversion. Et il n’apporte que des complications.

Bibata (Stagiaire) et B.S. Diarra

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