Fête de l’indépendance : Sous le signe de la dépendance

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C’est le jeudi dernier, 22 septembre 2016, que les Maliennes et les Maliens ont commémoré le 56ème anniversaire de l’Indépendance de leur pays, la République du Mali. L’évènement s’est déroulé presque sur toute l’étendue du territoire. D’habitude, un grand défilé se tenait à Bamako, la capitale. C’est l’occasion pour les Bamakois d’être en symbiose avec leurs dirigeants mais aussi et surtout avec leurs forces de défense et de sécurité. Dns les garnisons militaires, Génie et camp Soundiata de Kati par exemples, l’on assiste à des prises d’armes des défenseurs de la Nation. Ailleurs, dans les capitales régionales, c’est quasiment pareil. Mieux, la fête peut durer des jours avec des courses de chevaux, de pirogues, des nuits de folklores, etc. des Ségouviens ou des Kayesiens, d’un certain âge, gardent de bons souvenirs des fêtes du 22 septembre. Que dire de la fête de cette année 2016 ?

A parcourir seulement les rues de Bamako, l’on eut guère l’impression qu’il y avait quelque chose de sérieux, d’évènementiel, d’historique. Traditionnellement, les servicespublics et privés, les domiciles, en plus des sièges des Institutions, étaient parés du drapeau national. Jeudi dernier, il n’en fut rien. Dans les quartiers populaires, les femmes qui organisaient des activités de réjouissances (balafon, bara ou appollo,…) ont été contraintes de revoir leurs ambitions.

Les jeunes qui s’attendaient à voir leur Président de la République présider un gigantesque défilé ont dû ronger leurs ongles. Tout le monde a été invité à s’asseoir devant le petit écran de la télévision nationale.

Au menu, il y avait le dépôt de gerbes au monument de l’Indépendance par le Président de la République, M. Ibrahim Boubacar Keïta.

De brefs mots seront adressés à la presse et au public. Toute la cérémonie n’a pas duré une heure, 8h 30 à 9 heures. Puis, le cortège présidentiel rejoignit la garnison de Kati. Là, il y a eu un défilé militaire. Le Chef de l’Etat salua la prestation des femmes. Il s’est ensuite réjoui de la ” montée en puissance’’ de l’Armée sur le terrain. Il a rappelé les efforts consentis par l’Etat dans le cadre de la loi de programmation militaire. Une loi qui permet de donner aux forces de défense et de sécurité les moyens nécessaires à la formation des hommes, à l’acquisition du matériel militaire, à l’amélioration de leurs conditions de vie, entre autres, selon lui.

Et très rapidement, le Chef de l’Etat regagna son domicile à Sébénicoro. Beaucoup de ses compatriotes s’interrogeaient alors sur l’empressement avec lequel il avait célébré l’évènement. Ils ignoraient à cette heure- là que le Chef de l’Etat devrait encore voyager. Aux environs de 13 heures, l’avion présidentiel prenait la direction de New York, siège de l’Organisation des Nation Unies. Le chef de l’Etat entamait ainsi son 200ème voyage à l’étranger depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2013. En temps normal et dans les conditions normales, les nombreux voyages présidentiels ne seraient point mal vus. Mais, depuis 2012, le Mali vit dans une crise très profonde. Les voyages du Chef de l’Etat ont – ils permis un seul instant d’y apporter un début de solution ? Dans un pays pareil, sous pression des partenaires financiers (FMI, Banque Mondiale,…), ces voyages ne sont – ils pas onéreux ? Les fonds alloués à ces voyages présidentiels à l’étranger ne pourraient – ils pas doter des centres de santé en matériels ? En médicaments ? En couveuses pour les maternités ?

Des Maliens n’ont pas toujours accès à l’eau potable. Des enfants manquent de classes, d’enseignants. L’argent – là ne pourrait – il pas faire quelque chose ? Au moment où les armes continuent de crépiter dans le Centre et le Nord du pays, ne devrait – on pas rester sur place et prendre sérieusement les choses en mains ?

Cela dit, jeudi dernier, le Chef de l’Etat a évoqué la mémoire des pères de l’Indépendance de notre pays. Nul doute que ces derniers se retournèrent dans leurs tombes d’autant plus que cette indépendance est aujourd’hui plus que compromise. Les deux tiers du pays échappent à tout contrôle de l’Etat central. Les biens légués par les pères de l’Indépendance ont été bradés. Que reste t – il maintenant au Mali ? Tendre la main encore 56 ans après Modibo Keïta et autres.

Y. Koné

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