22 Septembre 1960 : Un jour inoubliable

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Dans la vie d’un homme, il y a des jours qu’il ne pourrait oublier, tels que le jour de sa naissance ou …le jour où il a reconquis sa dignité. Le 22 septembre 1960, le Mali a accédé à son indépendance. Et ce 22 septembre 2007, le pays célèbre le 47e anniversaire de cette indépendance.

A l’issue d’une journée mémorable marquée par le congrès extraordinaire du premier parti, l’US-RDA, il y eut une session plénière de l’Assemblée législative. Depuis lors, les dirigeants des différentes constitutions maliennes ont tous apporté des changements novateurs sur différents domaines du développement et de la démocratie dans notre pays.

En effet, tout à commercé un jeudi, où le dortoir du lycée technique, transformé, pour la circonstance, en salle de conférence, refusa le monde. Tout comme la cour de l’établissement où les Bamakois, toutes tendances confondues, se sont mobilisés pour le congrès extraordinaire de l’US-RDA qui devra se prononcer sur la proclamation de l’indépendance du pays.

Ce jour-là, malgré quelles querelles entre l’USRDA et le Parti progressiste Soudanais (PSP), c’était l’union sacrée des enfants du Soudan français -l’appellation de l’ancien Mali-, face à un seul objectif : l’indépendance.

Les Maliens expulsés de Dakar

Sous les ovations d’un public exalté de joie, Modibo Kéïta fait son apparition, vêtu d’un costume clair, et prend place au présidium. En préambule, c’est Drissa Diarra, secrétaire politique de l’US RDA, qui déclare : “ Ce congrès n’est destiné à faire le procès de personne”, avant d’expliquer les circonstances dans les quelles nos dirigeants ont été séquestrés avant d’être expulsés de Dakar, la capitale de la Fédération soudanaise, sous la complicité de Félix Houphouët Boigny et de la France.

Car la France redoutait des dirigeants tels que Modibo Keïta, Behanzin Coulibaly, Fily Dabo Sissoko, pour ne citer que ceux-là. Et aussi, notre position sur le problème algérien, notre détermination à construire un véritable socialisme, notre volonté de réaliser, avant toute autre association, une véritable communauté africaine.

Autant “d’ambitions légitimes qui ont déterminé certains responsables français à conduire les dirigeants sénégalais à la sécession”, explique Modibo Kéïta devant la foule venue l’accueillir à la gare de Bamako.

En début de soirée, le président Modibo Keïta et son épouse, ainsi que les ministres, sont placés à bord de voitures escortées par des éléments de la Gendarmerie sénégalaise.

Le cortège, dont l’itinéraire a été soigneusement tracé, se dirige à vive allure vers la gare ferroviaire centrale de Dakar. Modibo Keïta et les ministres sont rejoints par des députés fédéraux et des hauts fonctionnaires soudanais de la nouvelle administration fédérale, ainsi que leurs familles.

Tout le groupe, contraint de quitter le territoire sénégalais sans délai, embarque dans un autorail spécial à destination de Bamako. Malgré l’heure tardive, le public malien , dans la nuit du 22 au 23 août 1960, est venu en nombre compact à la gare pour accueillir leurs leaders expulsés du Sénégal.

Ce jour-là, les Maliens se sont sentis humiliés. Malgré tout, ils ont montré un esprit de solidarité et de patriotisme empreints de joie. Aussi, après l’arrivée des dirigeants, on passa à la préparation du congrès.

Le congrès extraordinaire

Modibo Keïta brosse la situation politique du moment et invite le congrès “à autoriser l’Assemblée législative à appréhender les compétences transférées par la République soudanaise à la Fédération du Mali, à proclamer comme l’Etat indépendant et souverain la République Soudanaise, à proclamer que la République soudanaise s’appelle République du Mali, libre de tous engagements et liens politiques avec la France…”.

Le Secrétaire général de l’US-RDA proclame ensuite l’indépendance du pays: “La République du Mali est née”.

“Le mot Mali continuera à résonner comme un gong sur la conscience de tous ceux qui ont oeuvré à l’éclatement de la Fédération du Mali et qui s’en sont réjouis”, lance Modibo Kéïta, qui appelle les militants à rester mobilisés pour “l’idée de la Fédération qui, malgré tout, demeure une semence virile de l’unité africaine”.

Modibo Kéïta ne cache pas que des moments difficiles attendent la jeune République. A cet effet, il appelle à la mobilisation: “Toutes les Maliennes, tous les Maliens doivent accepter tous les sacrifices pour que notre pays puisse sortir grandi, rayonnant de l’épreuve qu’il traverse”, souligne-t-il. C’est à ce prix, ajoute le secrétaire général, que “les Africains libres, réellement libres, pourront, sans possibilité d’ingérence, s’unir pour que s’affirme une grande nation africaine qui marquera de son sceau la politique internationale.”

Après Modibo Keïta, la responsable aux questions féminines du parti, Awa Keïta, ouvre la liste des interventions des organisations affiliées au parti.

D’abord, elle assure le bureau politique de “l’indéfectible attachement des femmes et leur soutien sans réserve dans toutes les décisions du développement.”

Quant à Gabou Diawara, secrétaire général de la jeunesse US- RDA, il exprime le “soutien sans réserve des jeunes à la politique d’économie panifiée, à tous les sacrifices qu’exigera notre situation nouvelle pour assurer notre indépendance politique et économique”.

L’association des anciens combattants et victimes de guerre, par la voix de son président Daouda Traoré, appelle le parti à oeuvrer à la création de l’armée malienne.

Pour sa part, le secrétaire général de l’Union Syndicale des Travailleurs du Soudan, Mamadou F. Sissoko, insiste sur “le rôle non négligeable et le soutien indéfectible des syndicats.”

Ensuite, Sané Moussa Diallo, secrétaire général du Mouvement soudanais de la paix, “demande l’arrêt des essais militaires”, s’insurge contre “l’occupation arbitraire des territoires, et les hostilités en Algérie”, et réclame “la sauvegarde de l’indépendance et l’intégrité du Congo Zaïre.”

Comparaison n’est pas raison

Tout de suite après l’indépendance, le patriotisme était le sentiment le mieux partagé, et tout le monde était prêt à se sacrifier pour l’Etat, le sens élevé de la nation, la solidarité fraternelle, la défense de la cause de l’Etat, la vérité pour la dignité contre le mensonge et la honte.

Beaucoup de choses ont changé depuis, mais beaucoup reste à faire. Nous devons donc rendre hommage à nos pères de l’indépendance et à tous ceux qui ont accepté de donner leur vie pour ce pays.

Hady BARRY
21 septembre 2007

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