« Nous saluons cette initiative du CNCM. Cela devient une tradition de présenter aux autorités et au public malien, à chaque édition du FESPACO le film malien qui va défendre les couleurs de notre pays dans la compétition long métrage. Mais, nous espérons cette année qu’à cette projection, les réalisateurs maliens et autres professionnels du cinéma, auront à leur côté le Président Ibrahim Boubacar Keita pour les souhaiter bonne chance au FESPACO 2015 », nous a indiqué un responsable de l’Union nationale des cinéastes du Mali. Les cinéastes maliens depuis un certain temps n’hésitent plus à dire à qui veut les entendre qu’ils sont les enfants pauvres de la République du Mali. Jugez-en vous-même : plus de salles de cinéma dignes de nom à travers le pays, difficile mobilisation de ressources financières pour produire un film et chose grave : aucune disposition n’est prise au niveau étatique pour la formation de la relève. Pour toutes ses raisons, le cinéma malien qui a fait les beaux jours du cinéma africain, est aujourd’hui en déclin. Heureusement que la volonté des professionnels du secteur permet encore au Mali de faire des films, même si les conditions sont difficiles. « Rapt à Bamako », une production du CNCM compte défendre crânement les couleurs maliennes à Ouagadougou et sur d’autres scènes. « Rapt à Bamako » est un film qui croque l’actualité que vivent plusieurs Etats africaines en ce début du 3ème millénaire : l’essai de la démocratie multipartite. Dans une démarche d’un film d’action, qui prendra par moment des allures d’un film policier, Cheick Oumar Sissoko, déjà détenteur d’un étalon d’or du Yennega avec son film « Guimba, le tyran», s’est volontairement placé dans une démarche pédagogique. Le film de Cheick Oumar Sissoko raconte une histoire pathétique où l’émotion se dispute par moment avec la révolte. Le célèbre réalisateur malien, qui plus est actuellement le secrétaire général de la Fédération panafricaine du cinéma, avec un siège d’observateur à l’Union africaine, dans son film, révèle l’insouciance et l’agonie des hommes politiques africaine pour la condition humaine, à travers le regard de jeunes de 14 ans : Malik et Sara révèlent l’insouciance et l’agonie des hommes politiques pour la condition humaine. Dans une maîtrise du jeu des acteurs, Cheick Oumar Sissoko invite le cinéphile à vivre l’autre facette du processus démocratique qu’expérimentent les Etats africains. Dans le film qui porte sur une élection présidentielle, trois générations vont s’affronter. Tous les moyens seront utilisés, même les plus sordides du genre les sacrifices humains. Mais, démocrate dans l’âme, dans un élan d’espérance sans limite, le réalisateur n’a pas hésité de faire un zoom sur l’ouverture d’esprit et la combativité des jeunes issus de deux cultures, malienne et occidentale, pour éviter deux drames qui se donnent le plus souvent rendez-vous lors des élections dans une Afrique nouvellement démocratique pour plonger les populations dans la désolation, après des contestations violentes de résultats des urnes : le Rapt et l’assassinat d’un albinos et le rapt des résultats d’une élection présidentielle par un des candidats. Comme pour dire que les anciens auront toujours leur place en Afrique, le réalisateur met un accent sur l’engagement d’une grand-mère dénommée Mah, à côté de ses petits-enfants. Dans tous les cas, le film de Cheick Oumar Sissoko sort des sillons auxquels le cinéma malien nous a habitués. Il va explorer d’autres horizons comme le film policier.
Assane Koné