L’atmosphère est si électrique le week-end dans ce maquis en bordure de la route de Koulikoro en commune I de Bamako qu’on pense voir les habitués sous l’emprise du diable.
Il est minuit passé quand nous arrivons à la devanture de ce maquis situé sur la route de Koulikoro. Des rangées de motos à perte de vue. Des clients s’écrabouillant quasiment les orteils pour obtenir le billet leur permettant l’accès à l’intérieur. Le ticket coûte 1.000 FCFA. Des couples et des loups solitaires.
Quand cahin caha nous voici à notre tour à l’intérieur non sans avoir subi quelques coups de coudes, celui semblait déjà refuser du monde. Presque toutes les tables qui s’offrent à notre vue sont occupées. La bière et la liqueur coulent à flots, leurs odeurs mélangées à celles des fumées de cigarettes et de chicha.
Et pourtant il y avait encore du monde dehors.
‘’Pra, prakoun, prakoumé koun, pra, pra, pan, pan, pan… » Les premières notes de la partie. Il est 01 heure pile. Sur le podium un groupe de cinq joueurs de Sabar : les maestros. Ils ne sont pas seuls. Voici cinq danseuses. La piste vivement éclairée.
-Êtes-vous prêt ? Applaudissez fort ! Nous allons gâter le coin ! crie à tue-tête Safi. Tenant en main une bouteille de bière, Mama- s’appelerait-elle- est manifestement la cheftaine de ces animatrices, les véritables pôles d’attraction comme on le découvrira par la suite. ‘’Pra, pan, pan, pan… ‘’ C’est parti pour de bon !
D’abord, lentement, les filles esquissent les premiers pas, apparemment pour prendre position.
Ensuite, dans une parfaite harmonie, les mouvements deviennent de plus en plus énergiques, elles tournent sur elles-mêmes et effectuent des sauts acrobatiques sous les cris admirateurs des spectateurs.
Les voici en train de rivaliser d’ardeur, chacune en fonction de ses atouts naturels remuant avec une incroyable frénésie hanches et fesses. Telles des pâles de ventilateurs. Le délire commence quand Mama se met en tenue d’Eve. Ses compagnes n’attendaient que ça. Les mieux couvertes portent un string, certaines des ‘’bin bin’’. Deux d’entre elles….rien. Le délire.
«Encore, encore, encore…» fusait- de partout dans cet univers où le vice était tout bonnement en train de rendre hommage à la vertu.
– Otes-toi de ma vue ! Tu penses que je suis ici pour admirer ta bouille ? Injonction d’un spectateur à un autre plus jeune qui s’efface sans broncher.
Puis, montant sur la piste, il offre à chacune des diablesses des billets de 10. 000 FCFA. De quoi les motiver davantage et elles se livrent alors à toutes sortes de démonstrations érotiques. Surtout que d’autres donateurs se sont manifestés, chacun en fonction de sa bourse : 5.000 FCFA, 2.000 FCFA, 10.000 FCFA.
Aux environs de 3 heures du matin, le public toujours en haleine est informé du programme du groupe courant semaine ailleurs dans la capitale.
Foufou Dembélé