La ville de Fana, située à 120 km de Bamako, a été mouvementée ces dernières 72 h. Le Garde des Sceaux est parti en catimini éteindre le feu suite à l’ampleur que prenait la grogne. Le ministre de la justice, Ali Batchily, est arrivé avant la mi-journée du mercredi 8 Octobre. Accompagné d’une importante délégation composée de hauts responsables de la famille judiciaire, il venait s’enquérir des raisons de cette montée de violence.
En cause, un voleur de bétail du nom de Diop, répondant à l’état civil au nom de Mahamane Cissé, serait actif dans sa sale besogne depuis des mois, selon des témoignages. Il aurait même fait des dons à certains proches suite à la vente de son butin sans être inquiété. La semaine passée, ce voleur réputé n’a pas failli à la règle. Sauf que les restes du bœuf volé ont permis de comprendre que Diop avait encore frappé. Il a ainsi été appréhendé par la justice locale. Ce qui n’est pas une première car Diop est connu dans tous les environs de Fana. Contre toute attente, à la veille de la tabaski, il a été relâché pour célébrer avec ses proches ce moment important du monde musulman dont il est issu. I
nformée de cette décision inopportune, la population n’a pas tardé à réagir. La gendarmerie a été saccagée et la tête du juge a été mise à prix. Selon nos sources, le «juge de paix» à compétence étendue, Noumou Moussa Samaké serait “en entente parfaite” avec Diop. Ce qui expliquerait sa “liberté provisoire”. Une dizaine de blessés a été enregistrée à la suite du clash entre population et forces de l’ordre. C’est pour apaiser les cœurs que le Garde des Sceaux Batchily s’est rendu dans la localité afin de tirer les choses au clair.
Après avoir écouté la population, le ministre n’a pas été tendre avec ses subalternes locaux. D’ailleurs, il fit une annonce qui fait froid dans le dos : “En une année, 326 vols de bovins ont été enregistrés”. Comme quoi, la ville de Fana est minée de scandales permanents autours de la question. Selon, le patron de la justice malienne, ”on maltraite les dossiers au lieu de les traiter” et d’insister qu’il faut “traiter les dossiers dans le respect de la loi selon les règles de l’art”.
Me Ali Batchily a constaté qu’une pléthore de dossiers traîne encore sur la table du juge local, notamment celui du viol d’une fillette qui avait fait couler assez d’encre et de salive. Les auteurs ont aussi été libérés alors qu’ils ont été identifiés et mis derrière les barreaux.
La désobéissance civile a été condamnée par le représentant gouvernemental. La gendarmerie et certaines infrastructures judiciaires n’ont pas été de son goût. Il a donc appelé au respect des symboles de l’Etat en ces termes : “Que ce soit les préfets, les gendarmes ou l’administration générale, ils doivent être respectés car il incarnent l’Etat”. Cette mise au point vaut son pesant d’or afin que le recours à la violence ne soit pas un réflexe populaire à Fana.
Après avoir recensé les faits, le ministre de la justice et des Droits de l’homme a affirmé que des mesures seront prises à l’encontre des responsables de cette saute d’humeur de la population.
Au dernières nouvelles, le juge ripoux et sa famille se sont évaporés dans la nature.
I. KEITA