Depuis un certain temps, nous assistons à une montée exponentielle de violence dans nos établissements scolaires. Tout récemment, lors des compositions de la première période en janvier 2011, le professeur Makan Coulibaly a échappé de justesse au poignard d’un des élèves du Lycée Famolo Coulibaly de Kolokani. Malgré la plainte déposée par la victime, l’élève en question n’a pas été inquiété, il est libre comme un poisson dans l’eau. Une liberté concoctée par le juge Boubacar Touré, estime la victime.
Aujourd’hui, les enseignants, à tous les niveaux confondus, sont en danger. Ils sont entre le marteau et l’enclume. En dépit de leurs mauvaises conditions de vie et le sacerdoce qu’ils exercent pour sauver notre école en dérive, ce sont paradoxalement les élèves qui s’en prennent à eux. S’ils se rabattent sur la justice, ils ne trouvent pas gain de cause. Voilà ce que l’on peut dire de ce qui vient de se passer à Kolokani.
On est au jeudi, 27 janvier 2011, en pleine compositions, réparties entre les classes pour la surveillance. M. Makan Coulibaly est envoyé en SHT2. Après la distribution des feuilles et brouillons de composition, un candidat libre (CL) de la SHT2 a été surpris avec un brouillon pré-écrit. En bon enseignant, le sieur Makan Coulibaly l’a mis dehors pour fraude. Quoi de plus normal ? Mais, l’élève a considéré cela comme une déclaration de guerre. Ainsi, le professeur, en rentrant à la maison, accompagné d’un élève de la LLT sur sa moto a aperçu le fraudeur assis à l’ombre d’un arbre. Peu après son passage, il le voyait venir à travers son rétroviseur. Du coup, M. Coulibaly l’a soupçonné de préparer un mauvais coup. Alors, il ralentit. Finalement, l’élève les a dépassés. «C’est ainsi que j’ai vu un couteau au niveau de sa hanche. J’ai essayé de le lui retirer alors qu’il nous avait barré le chemin. Arrivés au niveau du garage administratif, je lui ai retiré le couteau. Ensuite, je suis allé raconter les faits aux responsables du lycée avant de le convoquer à la gendarmerie», nous relate Makan Coulibaly. Après avoir été entendu, l’élève a été placé en garde à vue pendant 48 heures. C’est suite à cela que les parents du jeune ont envoyé toutes sortes d’émissaires (le Maire de la Commune de Kolokani, le président du Conseil de Cercle, des voisins et même des gardiens) au professeur pour qu’il puisse mettre de l’eau dans son vin. Mais, soucieux de l’instauration de la morale et de l’éducation dans le milieu scolaire, l’encadreur a refusé les différentes négociations qui ne font qu’encourager la débauche et la forfaiture. Décidément, c’est cette attitude qui n’aurait pas plu au juge. Bien avant que le dossier n’arrive à son niveau, le juge Boubacar Touré aurait laissé entendre que le dernier mot lui revient. Le Procès Verbal fut transmis à la justice le jugement eut lieu le 22 mars dernier. M. Touré avait envoyé un Magistrat stagiaire pour trancher l’affaire. «Après avoir écouté les parties concernées (moi, mon témoin et le présumé), ils ont demandé au présumé de me présenter ses excuses. Comme si demander pardon figurait dans un article de lois de ce pays. Et le verdict tomba. A ma grande surprise, l’élève fut déclaré non coupable des faits qui lui sont reprochés» nous a confié le plaignant. Pour lui, le jouge Touré a failli à sa mission d’arbitre. Cela peut malheureusement encourager la violence à l’école.
Oumar KONATE