L’école est un haut lieu d’apprentissage de l’homme dans toutes ses dimensions : physique, morale, culturelle et intellectuelle. Mais cette philosophie est chaque jour foulé aux pieds par des acteurs politiques uniquement présents pour défendre des intérêts égoïstes. A preuve, la violation de la franchise scolaire de Missira en est un cas. Le maire Youssouf Coulibaly vient de vendre une bonne partie de la superficie de l’école fondamentale de Missira au bénéfice de la construction d’un complexe commercial.
C’est au moment même ou les plus hautes autorités sont à pied d’œuvre pour élaborer un code domanial et foncier digne de ce nom, que les autorités municipales de la commune II ont décidé de passer à la vitesse supérieure dans leur volonté de céder la chose publique. Après avoir vendu tous les espaces vides, le maire Adema Youssouf Coulibaly et les siens se sont tournés malheureusement vers les espaces scolaires. Pour preuve, une partie de l’école fondamentale de Missira vient d’être cédée en bail à un riche opérateur économique moyennant semble-t-il une somme faramineuse.
Le foncier est devenu un casse tête chinois pour les autorités actuelles. Partout au Mali c’est le même scenario. Mais ce qui vient de se passer en commune II plus précisément à Missira est non, seulement inquiétant pour l’avenir du pays, mais frise au plus haut point l’irresponsabilité des dirigeants.
Le maire Yousouf Coulibaly et quelques conseillers ont osé vendre une partie de la cour de l’école de Missira à un certain Bourama Sympara dit « Getton ». Dans le protocole d’accord signé par plusieurs responsables qui seraient soudoyés, il est dit que cette affaire mafieuse rentre dans le cadre d’un partenariat privé et collectivités décentralisées pour le développement sectoriel de l’éducation à l école de Missira. Et pourtant, l’école de Bozola a gentiment décliné la même offre. Pourquoi les populations du quartier Missira ont-elles accepté que les enfants soient privés d’aire de jeu ? Pourquoi vouloir supprimer toute possibilité d’extension de l’école au nom d’un partenariat sordide ? Certainement pour leurs propres intérêts. Des intérêts sordides et inavoués. Certes, avec la décentralisation les écoles communautaires sont à la charge des mairies, mais celle de Missira ne rentre pas dans ce cadre.
Dans ce cas, une seule question est sur toutes les lèvres. Pourquoi les maires se crèvent tant les chignons à la place du ministre de l’éducation ? Selon une source proche de la mairie, la commission en cas de réussite du projet serait mirobolante. Ainsi, pour Youssouf Coulibaly et les siens, le jeu en vaut la chandelle. Trahir les populations à tout prix au bénéfice d’un parti politique. Le projet insultant en question doit aboutir à la construction d’un complexe commercial .Des magasins et des bureaux sur une superficie de 00ha 9a 97ca, huit salles de classes en R+1 selon la vue du plan.
Ce genre de partenariat marquerait-il un tournant dans la politique de gestion de nos écoles ? Peut-être que oui, sinon difficile de comprendre que le ministre de tutelle Salikou Sanogo ait pu donner son accord pour un tel projet qui n’honore ni les autorités ni un système éducatif qui militerait pour la performance. Une autre question que suscite un tel projet. L’Etat veut-il se retirer de la gestion des écoles au profit des opérateurs économiques, qui par la suite infesteront les espaces de magasins et de boutiques ? Tout porte à le croire au regard de la gestion du dossier. Un cadre du département sous le couvert l’anonymat ne tergiverse pas entre deux mots pour répondre par l’affirmatif.
Ceux qui devraient à tout prix s’opposer à la réalisation de ce projet que tout bon citoyen a du mal à qualifier ont perdu les moyens de défense. Ils ont succombé sous poids des pots de vin. En dépit des propos tant laudateurs pour ce projet, ayons le courage de le dire, qu’il viole à plus d’un titre, les dispositions de l’arrêté N°94-4856/MEB-CAB du ministère de l’éducation de Base portant règlement intérieur des écoles fondamentales. Cette règle stipule dans son Chapitre II « le domaine scolaire comprend, en principe, les classes, la cour, le logement du directeur et son bureau….. ». Toujours dans le même chapitre, article 4 l’affirmation demeure limpide : « le domaine scolaire et inviolable. Nul n’a le droit de troubler la quiétude à l’école, de se servir des locaux…… ». La clarté de ces dispositions n’a pas découragé le maire Youssouf Coulibaly de soutenir ce projet à la fois obscur et impopulaire. Pour cautionner cette mascarade avec l’aide de certains partenaires notamment le Directeur du CAP de l’Hippodrome, le président du Comité de Gestion Scolaire (CGS) Malick Damba, le directeur coordinateur Binaba Simpara, le chef de quartier et l’APE, la mairie de la commune II n’a pas hésité à convier en Assemblée Générale toute la population de Missira, le 04 septembre dernier dans la salle de délibération de la mairie. C’est à ce jeu, qu’ils se sont heurtés au refus des populations de céder leur espace scolaire à qui que se soit. Entre- temps, les travaux qui avaient déjà démarré ont été saccagé par les populations en colère. Coïncidence ou voyage d’affaires, toujours est-il que le maire Youssouf Coulibaly et son partenaire Bourama Sympara dit « Getton » ont effectué ensemble le voyage pour la Mecque. Peut être pour peaufiner leur plan macabre. Toujours est-il qu’ils sont doublement attendus de pied ferme à Bamako par des populations toutefois inconsolables. Le pied de grue durera aussi longtemps pour servir l’honneur et la dignité.
A suivre !
Alfonse Maiga