Vie de Jeunes en Banlieue : La journée d'un banlieusard

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    Pour Oumar Diarra alias Bako un jeune "branché" de Banankoroni, derrière Sénou, la vie en banlieue représente une vraie prison pour la jeunesse. La banlieue doit être réservée aux vieilles personnes.

    "Si vous me demandez ma vie en banlieue, je dirai qu’il n’y en a pas puisque je considère Banankoroni comme un dortoir. Et ça, parce que je n’ai pas le choix. Je passe le plus clair de mon temps à Bamako…". Ce témoignage est d’Oumar Diarra dit Barou.

    ­Agé de 26 ans dont 16 à Banankoroni, ce jeune homme n’a jamais épousé la vie dans cette cité qu’il qualifie de perdue. "Lorsque mes parents sont décédés, j’ai été confié à 10 ans à mon oncle qui habite cette cité perdue. Comme l’école ne marchait pas, l’oncle m’a mis au garage d’un de ses amis à Faladié pour apprendre la mécanique auto. J’avais 17 ans", explique-t-il.

    Depuis ce jour, Barou découvre une nouvelle vie : "je venais rarement à Bamako. Avant, toute ma vie se limitait entre notre champ, la maison et la boutique de l’oncle à Banakoroni. C’est au garage que j’ai connu de nouvelles personnes et d’autres horizons. Bref, la chaleur de la vie d’une grande ville", dit-il.

    Ainsi, après le boulot, Barou passe le plus clair de son temps avec des amis en ville avant de rejoindre, souvent à des heures tardives, sa prison… pardon son dortoir. Ses camarades d’enfance avec lesquels il prenait du thé l’ont surnommé aujourd’hui "Mali Wari Barou" (faisant référence au franc malien) parce qu’il ne répond presque plus aux rendez-vous du grin.

    Pour lui, tout jeune qui veut s’épanouir ne doit pas rester en banlieue : "la banlieue est un lieu de repos, de culture et elle est faite pour les vieilles personnes. Il n’y a rien à Banankoroni, pas de boite dancing, pas de casino, pas d’endroit choc pour les jeunes, aucune opportunité de travail. Rien. La nuit, on ne fait que regarder la télé ou aller s’asseoir au bord du goudron pour regarder les voitures passer. Est-ce une vie pour un jeune comme moi ?", s’interroge-t-il.

    Le jeune mécano avait décidé de déménager à Bamako pour être plus proche de son lieu de travail. Mais son oncle s’y est catégoriquement opposé. "Il pense au contraire que la vie en ville détruit les jeunes. Souvent, tant que je ne reviens pas de la ville, il ne s’endort pas", ajoute-t-il.

    En tout cas, Barou n’a pas dit encore son dernier mot. Pour lui, rester cloîtrer à Banankoroni, malgré le téléphone et le goudron qui le traverse est le pire des cauchemars.

    Sidiki Y. Dembélé

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