En cette période de saison de pluies qui va coïncider aussi avec le mois de carême, les Maliens risquent de vivre un véritable calvaire.
Le gaz domestique qui est en effet très sollicité en lieu et place du charbon de bois va manquer criardement. Raison : le groupement des professionnels du gaz domestique composé de Fasogaz ; Sodigaz ; Total Mali, Sigaz et Coumba-Gaz qui assure les 100% de la distribution de gaz domestique au Mali a décrété un arrêt de travail depuis le 09 juillet dernier.
Dans ces entreprises gazières, les travailleurs étant désormais en chômage technique, aucune bonbonne de gaz ne sort plus.
Pourquoi cet arrêt de travail ?
Selon le président du groupement des professionnels du gaz domestique, le gérant de Sodigaz Oudiary Diawara, la faute incombe à l’Etat malien qui confisque tous leurs moyens aujourd’hui.
Tout en précisant qu’ils ne sont pas en grève, le président dudit groupement fera savoir qu’ils ont des problèmes de disponibilité de produits dans leurs dépôts. « En fait, les membres de notre profession sont dans l’impossibilité de travailler parce que nous ne sommes plus des industriels et des commerçants normaux. Notre industrie et notre commerce ont été simplement étatisés», expliqua-t-il. A en croire, Oudiary Diawara, c’est l’Etat qui calcule le montant de tous les frais qu’ils déboursent pour réaliser une opération de production ou d’importation à travers ce qu’on appelle la structure de prix du mois ; c’est l’Etat qui fixe la marge commerciale qu’il croit bon devoir leur accorder et c’est le même Etat qui leur impose un prix de vente deux fois inférieur à celui qu’il a lui même fixé par arrêté. Il en veut pour preuve le prix du kilogramme de gaz du mois de juin 2010 arrêté à 860 Fcfa, par arrêté N° 1658/MEI-SG du 11 juin 2010 qui cependant leur impose de le céder à 320 Fcfa/kg soit la bonbonne à 1920 Fcfa au lieu de 5160 Fcfa.
Plus de 2 milliards d’arriérés de paiement
Il faut reconnaître que le groupement des professionnels de gaz domestique a tout le temps été confronté à cette grave crise de trésorerie due au non paiement de la subvention du gaz butane qui perdure depuis des années, malgré toute leur démarche auprès des services techniques et financiers. Si leur créance envers l’Etat s’élevait à 1 570 499 805 Fcfa en 2006, quatre ans après c’est-à-dire en 2010, elle avoisine voire même dépassé les 3 milliards de Fcfa. En 2009 d’ailleurs, ils ont tiré la sonnette en faisant savoir au ministre de l’Economie, de l’industrie et du commerce qu’en « l’absence de ces ressources financières essentielles à l’exploitation de nos entreprises, nous informons que nous sommes quasiment contraints de surseoir à la déduction de la subvention sur les bouteilles de 6kg et 2,75kg à compter du 1er mars 2009 ».
Plus d’une année après ce cri de cœur, le groupement des professionnels du gaz domestique n’a enregistré aucun début d’exécution de règlement sur leurs factures de subventions.
Ce qui est surtout révoltant, fera savoir le président du groupement, est le fait que le différentiel de prix est non seulement soumis à la fameuse programmation du trésor alors qu’ils n’ont jamais demandé à être fournisseurs de l’Etat mais ce paiement arrive plus de dix (10) mois après le dépôt des factures. Et quand le paiement intervient, il est fait sur la base du nominal de la facture déposée depuis plus de dix mois sans intérêt ni majoration pour retard de paiement. Les entreprises gazières dont la trésorerie souffre de ce retard payent au prix fort les intérêts bancaires, leurs fonds subissent une dévaluation forcée.
« Au jour d’aujourd’hui, on est complètement étouffé par ce mécanisme de règlement. On refuse, on dit non à la programmation du trésor », martèle le gérant de Sodigaz. Et de relever que le montant de leurs arriérés était de 2 164 067 458 Fcfa à la date de la fermeture de leurs dépôts.
Le président du groupement tiendra à dire qu’ils ne sont pas des affameurs du peuple. Selon lui, il y a simplement une sorte de dévaluation forcée à laquelle on soumet leur trésorerie.
« On est en train de s’engluer d’année en année », dira t-il tout en ajoutant qu’en 2011, ils ne savent même pas quoi faire.
« Ce n’est plus du commerce. C’est de l’étatisation pure et simple. On est très préoccupé par ce problème qui perdure », affirme t-il. Selon lui, il y a aujourd’hui de gros risques de pénurie parce que leurs moyens sont limités, en matière d’importation et de fonctionnement de leurs entreprises.
Les doléances
Le groupement des professionnels du gaz domestique exige pour reprendre le travail, trois choses :
le règlement intégral des arrières du différentiel de prix
la mise en place de crédits supplémentaires pour la couverture de la subvention jusqu’à la fin de l’année et enfin la mise en place d’un système de règlement fluide pour soulager leurs trésoreries afin de pouvoir satisfaire la demande des consommateurs surtout en cette période de pluie et pour le mois béni du carême.
Birama Fall