Union Malienne des aveugles : Déprimés et désespérés, les ouvriers interpellent Att

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    Nous sommes dans le centre de l’union malienne des aveugles (UMAV) à Faladjé suite à l’invitation de certains ouvriers. Dans cette cour du coté Ouest réservés aux ouvriers, nous rencontrons des hommes désespérés parfois isolés, parfois en groupes aveugles de nature, muets par circonstance, mais aussi des femmes désolées, dépassées. Dans les locaux, seuls les enfants qui n’ont pas conscience de la situation, crient par-ci, jouent par-là.

    En effet, depuis 4 mois les ouvriers de la société de production des aveugles du Mali (SOPRAM) ne sont pas payés. Cette société produisant de la craie est liée par contrat à une société tunisienne qui la ravitaille d’une substance permettant de garantir la qualité de la craie.

    Les ouvriers de la SOPRAM, près d’une quarantaine composée d’aveugles, affirment être dans une situation difficile à répondre aux besoins de leurs familles respectives.

    Pour comprendre ce problème qu’ils imputent à un scandale de gestion financière, il faut remonter le temps. En 2005 – 2008 la société faisait face à d’énormes difficultés : d’une part des salariés qui réclamaient 21 mois de salaires et d’autre part la société tunisienne qui réclamait aussi des centaines de millions d’impayés.

    Les ouvriers ont fait un sit-in. Il y a eu un audit qui a révélé une faillite de 118 millions par le PDG. Le Ministre a écarté le PDG et a mis en place un administrateur délégué Mohamed Ould Dada N’Diaye qu’il paye. Au départ, la société s’était retrouvée, le travail fut bien fait pour un début. Les arriérés ont tous été payés. Les allocations familiales étaient bloquées, ils ont commencé à les percevoir. Mais pas définitivement, elles ont encore été bloquées, car au constat des ouvriers l’Administrateur ne fait plus rien sans l’ancien PDG. Ainsi il y a actuellement 4 mois de salaires en retard. Les ouvriers ne savent plus que faire pour nourrir leurs familles. Et le hic, c’est que les huissiers de la société tunisienne ont saisi et bloqué les comptes en banque de la société pour non respect du protocole d’accord de paiement de la dette.

    Les ouvriers par cette intervention affirment prendre à témoin l’opinion publique comme quoi ils ne sont pas endettés, et rappellent que celui qui est endetté est bien connu, et a même été décoré par le Président de la République. " Si on laisse celui-là en liberté pour saisir nos matériels, nous porterons plainte devant le Tribunal ", affirment-ils.

    D’ailleurs, pour faire face à cette difficulté, l’union malienne des aveugles (UMAV) et la SOPRAM ont décidé de vendre une partie de la parcelle hébergeant les locaux de l’institut sis à Faladjé à hauteur de 100 millions de francs CFA pour servir en particulier au remboursement de la société tunisienne. 70 millions ont été payés, le reste devrait l’être quand le titre sera offert. Malheureusement cette somme importante qui devrait permettre à la société de sortir de l’ornière a été gérée autrement. Selon un ouvrier qui préfère garder l’anonymat, certains responsables de l’UMAV se sont partagés une partie importante de cette manne financière. Selon lui, c’est cette gestion calamiteuse qui a conduit la société tunisienne, après des décisions de justice, à saisir les comptes bancaires de la SOPRAM. Les inquiétudes sont encore plus grandes puisque des huissiers de justice sont passés pour recenser l’ensemble des biens et du matériel de la société.

    Les ouvriers exigent d’être dans leur droit le plus vite possible au risque de poursuivre en justice les auteurs du scandale financier. Mais avant, ils sollicitent les plus hautes autorités et au premier rang le président de la République à s’engager personnellement pour trouver une solution à ce problème.
    Mahamane ALMAIMOUNE

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