Elu en mars 2007 à la tête de l’Union Interafricaine des Droits de l’Homme (UIDH), notre compatriote, Me Brahima Koné est aujourd’hui victime d’un lynchage médiatique dans le «pays des hommes intègres», le Burkina Faso, où se trouve le siège de l’Organisation. Que lui reproche-t-on ? Pourquoi un tel acharnement ? Les Raisons d’une cabale qui ne dit pas son nom.
Depuis le licenciement du personnel pour motif économique, les gens s’acharnent contre le nouveau président de l’UIDH. Certains journaux de la place tentent même de faire croire que le Malien n’a aucune expérience dans la gestion des Organisations des droits de l’homme. Pour d’autres, il serait en mission contre les intérêts des travailleurs burkinabés.
Mais à l’analyse, ces arguments ressemblent à un tissu de mensonges. La vérité est que le nouveau président a trouvé une gestion calamiteuse à l’UIDH qu’il tente aujourd’hui de résoudre avec les membres de la nouvelle équipe. Pour preuve, l’Union Interafricaine des Droits de l’Homme (UIDH) avait à son actif plus de 20 bailleurs de fonds. Mais, au moment où Me Brahima Koné prenait la présidence, il n’y avait qu’un seul bailleur, OXFAM-NOVIB (La Hayes) qui était aussi sur le point de partir. Tous ces bailleurs avaient dénoncé non seulement la gestion de l’ancienne équipe dirigée par le Burkinabé, Me Halidou Ouédraogo, mais ils avaient aussi exigé des reformes qui tendaient à la réduction des charges de fonctionnement.
Cette colère des bailleurs de fonds s’expliquait par la dilapidation des fonds (524 millions de francs CFA) qui ont été mis à disposition pour financer le Plan stratégique de l’UIDH. A sa prise de fonction en 2007, Me Brahima Koné n’a trouvé que 100 petits millions de FCFA sur lesquels les bailleurs de fonds ont bloqué le restant de 65 millions de FCFA.
L’autre grief soulevé par les bailleurs de fonds est relatif à l’indemnité SIDA. Le fonds qui a été alloué à l’UIDH pour venir en aide aux personnes atteintes de SIDA ou porteuses de virus du SIDA, a été détourné de son objectif pour servir d’indemnités au personnel de l’UIDH. Quant au véhicule de l’UIDH, il a été détourné par un agent qui le loue aux touristes.
Les travaux d’Hercule de Me Brahima Koné
Pour répondre aux exigences des bailleurs de fonds, le nouveau président de l’UIDH s’est attelé à la réduction des charges de fonctionnement. Il a d’abord organisé un Congrès extraordinaire à Bamako en juillet 2009 pour faire adopter de nouveaux Statuts et Règlement intérieur. Des textes qui ont mis en place un Conseil d’Administration de 11 membres, en lieu et place de 22 membres que comprenait le bureau de Coordination. Le Congrès a aussi demandé, compte tenu des moyens, le licenciement pour motif économique du personnel, en attendant le financement d’un nouveau Plan stratégique.
Me Brahima Koné s’est aussi déployé avec les membres de son équipe à l’élaboration d’un nouveau Plan stratégique qui a été finalisé en mars 2011. Ce plan est présentement soumis au financement des bailleurs de fonds. Néanmoins, avec les maigres moyens dont elle dispose, l’UIDH est présente sur tous les terrains, contrairement à ce que certains tentent de faire comprendre. Elle se fait aussi entendre sur toutes les grandes questions de l’heure, chaque fois que les circonstances l’exigent.
L’UIDH prend son envol
L’homme qui se trouve aujourd’hui aux commandes de l’UIDH, a une expérience avérée dans la gestion des Organisations des droits de l’homme. Me Brahima Koné est celui qui a créé et dirigé «Avocat sans Frontière au Mali» ; il est le Vice-président mondial de «Avocat sans Frontière». Son passage remarqué à la tête de l’Association Malienne des Droits de l’Homme(AMDH), la tête de proue de la société civile, a fait de lui une icône dans son pays.
Sous sa direction éclairée, l’UIDH est prête à repartir sur de nouvelles bases. Pour se donner les moyens de sa politique, il a fait résilier le contrat de l’ancien siège à Ouagadougou qui coûtait 600.000FCfa par mois, pour un endroit plus modeste à 75.000FCFA par mois.
Tout en renonçant à tous les privilèges dont bénéficiait l’ancien président Me Halidou Ouédraogo (téléphone, 2 gardiens, 2 chauffeurs), Me Koné est parvenu en juillet 2007 à amener l’Etat du Burkina-Faso à rétablir l’accord de siège. Dans le cadre du règlement des salaires impayés, le nouveau président de l’UIDH a pu avoir 45.000 euros, soit 30.000.000 de FCfa du président du Togo, Faure Eyadéma pour payer les salaires du personnel (plus de 14 millions de FCFA), les arriérés de loyer, entre autres. Avec le reste de l’argent, il a pu organiser le Congrès à moins de 18 millions de FCFA. Une vraie prouesse, si on sait que sous l’ère Me Halidou Ouédraogo, le Congrès était organisé à 40 millions de FCFA.
De grands projets en cours
L’UIDH a élaboré un projet sur les élections qui sera bientôt soumis à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et à tout bailleur qui serait intéressé par ledit projet.
Un autre projet a été soumis à l’Union Européenne en partenariat avec Avocat sans Frontière-France; la RADHO (Rencontre Africaine des Droits de l’Homme) et la Coalition pour la Cour Africaine. Ce projet vise à renforcer le mécanisme africain de protection des Droits de l’Homme.
Force est donc de reconnaître que l’UIDH va bientôt reprendre ses activités avec élan et force.
Birama FALL
Focus sur l’UIDH
L’Union Interafricaine des Droits de l’Homme (UIDH) est une Organisation panafricaine de défense des droits de l’hommes qui a été créée le 4 juillet 1992 à Ouagadougou par ceux-là mêmes qu’on peut appeler les «pionniers des droits de l’homme en Afrique». Il s’agit, entre autres, du Bâtonnier, Me Demba Diallo du Mali; de Me MBam Diatigui Diarra du Mali; Me Halidou Ouédrago du Burkina Faso; Me Mame Bassine Niang du Sénégal ; Me Sidiki Kaba du Sénégal ; Kayet de Bana du Cameroun et Fernando Gomez de la Guinée Bissau.
L’UIDH s’est préoccupée, au départ, à la situation des défenseurs des droits de l’homme harcelés ou arrêtés sur le continent ; aux conditions de détention en Afrique ; à la question de gouvernance, notamment les élections ; à la ratification des instruments internationaux par les Etats. Ce qui a valu à l’UIDH le prix Nobel de la paix dans la lutte contre les mines anti-personnelles.
L’UIDH a le statut d’Observateur auprès de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Elle a aussi le statut consultatif auprès de l’ECOSOC des Nations Unies et le statut spécial auprès de l’OIF.