Depuis maintenant un mois, certains marchés de la capitale ont été le théâtre d’un nouveau jeu Tombola, organisé par des guinéens avec l’autorisation des mairies communales. Au regard du nombre croissant des victimes, pour la plupart des femmes, le doute n’est plus permis sur l’aspect larcin de la chose.
Cela est devenu une tradition, à chaque période de transition, des gens se profitent de la faille du vide institutionnel pour soutirer de l’argent aux paisibles citoyens. Certains Maliens gardent toujours en mémoire, les mauvais souvenirs de la fameuse affaire dite de la ‘’tontine de Bah Diallo’’. C’était lors de la transition de 1991.
Curieusement, l’on aperçoit ces derniers temps à travers les marchés de la capitale, certains organisateurs de tombola. Ils sont des Guinéens qui opèrent en complicité avec certains concitoyens. Lors de leurs différentes sorties, ils s’approprient de tous les astuces nécessaires afin de ne pas donner de porte de sortie à leurs clients. Pardon, leurs potentielles victimes.
Quatre haut-parleurs aux angles d’une aire rectangulaire, même nombre d’agents de police qui veillent sur la sécurité des lieux, un animateur au beau milieu des objets de valeur, achalandés comme dans un espace de foire. Le décor est planté.
Pour créer la différence avec les badauds des espaces connus pour de telles activités (Rail-da et l’auto gare de Sogoniko), les organisateurs de cette tombola détiennent toujours une autorisation, émanant d’une mairie de la place. Aussi, ils se font accompagner des agents de police, que certains doutent de leur statut. Pour la simple raison que ce sont les mêmes policiers qui les accompagnent dans toutes les communes.
Le lundi 1er octobre, ces organisateurs de tombola à bord d’un minibus ont atterri au petit marché de Ouolofobougou-Bolibana, communément appelé le ‘’terrain de Tata Bambo’’. Malgré les sons de leurs haut-parleurs qui déchiraient les décibels et les cris de publicité de leur animateur qui flagornait à gorge déployée la valeur des objets exposés, les quelques femmes présentes au marché n’ont pas daigné s’approcher des lieux, dans un premier temps. Tout d’un coup, comme dans un rêve, on annonce qu’un joueur, bien connu du quartier aurait gagné une enveloppe de 400 000 FCFA avec un ticket de2000 F CFA. Puis, une autre fille, elle aussi connue dans le quartier, comme heureuse gagnante d’une moto Jakarta. Du coup, en cette période de disette, les uns et les autres ne se sont pas fait prier pour affluer sur le lieu. D’aucuns n’hésitaient pas à croire, qu’il s’agit peut être d’une manœuvre cachée des autorités actuelles à soulager les populations en cette période de crise. Ainsi, le petit marché s’est très vite vidé de son monde. Les différentes rues dudit quartier ont pris l’allure d’un jour de foire. Chacun, comme il peut, s’est lancé à la quête d’un billet de 2000 FCFA.
On pouvait dénombrer dans les trois rangs qui conduisaient au podium de cette tombola plusieurs centaines d’infortunés. Pour la plupart, des femmes mariées. On était pas au bout de la surprise , car sur ces centaines de clients, une grande majorité s’en sorte avec des gros lots. Notamment des radios cassettes et postes de télévision ainsi que des appareils ‘’boomer’’ et des ustensiles de cuisine. L’animateur du jeu, pour mieux appâter les joueurs, demande à ceux qui ont déjà gagné de céder la place aux autres, pour la simple raison que le deuxième tour permet de décrocher des cadeaux alléchants et des enveloppes bien remplies d’argent. Les tickets pour ce deuxième tour s’élèvent à30 000 FCFA. On assiste à une autre affluence plus grande que celle du premier tour. Même scénario, un grand nombre de clients tirent la bonne enveloppe. Laquelle, oblige de débourser la somme de75 000 FCFA afin d’acquérir soit les motos (ou autres gros lots), soit l’enveloppe de 400 000 ; 500 000 ou600 000 FCFA. C’est à cette étape que les plumes ont commencé à tomber. Et curieusement, c’est aussi à cette phase que les policiers deviennent plus agressifs et ne laissent un moindre temps de demande d’explication aux clients.
A Ouolofobougou-Bolibana, les lésés de cette nouvelle tombola n’ont pas pu maintenir leur colère, ils se sont attaqués violemment au minibus des organisateurs. Qui a été endommagé. Toujours du coté des victimes, certains n’ont pas pu supporter le choc de cette filouterie, ils sont tombés malade. « Notre mère a misé dans ce jeu avec la totalité de nos frais de scolarité que notre père a envoyé de Sadiola où il travaille », témoigne un jeune habitant de ce quartier, avant de s’interroger en ces termes « comment mes sœurs et moi feront cette année pour aller à l’école ? ». En effet, dans ce quartier pauvre, on évalue à plusieurs millions, le montant de la somme d’argent arnaquée par ces guinéens.
Pourtant, quatre jours après, plus précisément dans la matinée du jeudi 04 avril, les mêmes organisateurs de tombola étaient au marché de Sokorodji en CVI du district de Bamako. Là-bas, des témoignages soutiennent que la catastrophe aura été plus énorme qu’ailleurs. Que lorsque les notabilités de ce quartier ont voulu savoir si les organisateurs de ce jeu, exercent dans la légalité, que ces derniers n’ont pas hésité de leur brandir une autorisation, dûment établie par la mairie de cette commune.
Il convient donc d’interpeller nos autorités publiques sur cette pratique funeste, amenée de la Guinée, qui fait des ravages de nos jours à Bamako. A qui le tour ?
Moustapha Diawara
lE MAIRE A DU TOUCHER SA PART AVANT DE DELIVRER L’AUTORISATION
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