«Une belle expérience, vraiment», commente Antoni Daigle, 22 ans, de Victoriaville, revenu au pays au début mai après un stage de trois mois au Mali, un pays de l’Afrique occidentale.
Le stage, effectué avec neuf autres étudiants de l’Université de Sherbrooke, vient mettre un terme à son baccalauréat en études politiques appliquées. «Le stage, traitant de la gouvernance locale, m’a permis d’appliquer des connaissances acquises dans nos cours», note Antoni Daigle.
Les étudiants n’ont pas chômé au cours de leur séjour en sol africain. «Nous avons mené pas moins de 45 entrevues en 90 jours, exposés à des températures variant entre 40 et 55 degrés Celsius, raconte Antoni. Nous avons rencontré notamment des élus municipaux, des représentants d’organismes non gouvernementaux (ONG), des agents techniques de l’État et des intervenants de compagnies nationales.»
Ayant comme objectif de faire en sorte que les gens se réapproprient leur milieu, les étudiants québécois ont voulu établir un diagnostic, évaluer la synergie entre les acteurs locaux. «Notre constat est qu’il n’y en a pas de synergie. Les acteurs locaux ne travaillent pas suffisamment ensemble. Les ONG comprennent le principe de la vie associative, mais ils n’agissent pas, estime l’étudiant victoriavillois. Il y a beaucoup d’associations, mais elles sont plutôt des coquilles vides. On constate une méconnaissance. Il faut leur faire connaître leurs droits et leurs devoirs.»
Si les stagiaires ont passé l’équivalent de deux semaines et demie dans la capitale Bamako, ils ont vécu le reste du temps en zone rurale, dans la brousse, dans deux petits villages.
Dans l’un d’eux, l’accueil a été chaleureux. «Quand nous sommes arrivés, toute la population nous a accueillis lors d’une cérémonie, rappelle Antoni Daigle. On a tissé des liens. À notre départ, bien des gens pleuraient. Vraiment, la chaleur humaine, c’est quelque chose. Ces gens-là n’ont rien, mais pourtant, ils sont si généreux.»
Les 10 stagiaires ont aussi vécu, durant leur périple, l’élection présidentielle du 29 mars*. Ils ont demandé et obtenu de pouvoir agir à titre d’observateurs internationaux. «Nous avons eu droit à une formation d’une journée. L’expérience a été incroyable, commente Antoni. On a noté des irrégularités, mais, malgré tout, on ne peut pas dire que le scrutin n’est pas représentatif.»
Mais l’étudiant de Victoriaville a déploré le taux de participation. «Catastrophique, s’exclame-t-il. Dans les deux bureaux où j’agissais, le taux a atteint 21% comparativement au taux de 25% pour l’ensemble du pays.»
De retour au Québec, les stagiaires ont encore beaucoup de boulot, devant soumettre, au mois d’août, un rapport complet d’environ 150 pages. «Nous devons décortiquer nos observations et nos informations, élaborer un diagnostic et émettre des recommandations», signale Antoni Daigle.
Ce rapport pourrait aider à orienter les prochains stagiaires parce que ce premier stage, au Mali, sera suivi par quatre autres. «Rien n’est encore déterminé. Il n’est pas certain que le prochain groupe poursuive le travail que nous avons amorcé. Le département pourrait l’envoyer poser un diagnostic dans d’autres régions», mentionne M. Daigle.
Le stage a coûté entre 3 500 $ et 4 000 $ par personne. Chaque stagiaire devait y aller d’une contribution personnelle de 2 000 $.
Si le Carrefour de solidarité internationale de Sherbrooke a eu l’idée d’un tel stage, l’Agence canadienne de développement international (ACDI) a aussi apporté son soutien financier.
Antoni Daigle, lui, avoue être intéressé par le développement local. Il compte bien poursuivre des études supérieures, mais pas tout de suite. «J’ai repoussé un peu ma maîtrise dans un an ou deux pour être bien certain de mon choix», conclut-il.
Entre-temps, le jeune homme a soumis sa candidature à des organismes montréalais et postulé aussi pour des emplois d’été.
par Claude Thibodeau
La nouvelle.net (QUEBEC)
* [Correction de Maliweb: l”auteur voulait dire 29 Avril]
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