Tribunal de la commune IV : Salif Domingo poursuit le frère de Seydoublén

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    Le contentieux entre les deux leaders sportifs tourne autour d’un demi-milliard de FCFA. Et quand le juge a voulu arrêter l’inculpé, le tribunal de la commune 4 du district a été envahi par une foule de supporters.

    Cela commence à barder dans le milieu du football. Et surtout entre l’ancien président de la Fédération malienne de Football Salif Kéita alias Domingo et Sékouba Kéita, le frère aîné de l’international Seydou Kéita alias Seydoublén. Voici les faits.

    Salif Kéita, après sa retraite, fonde en 1994 un club de football appelé CSK (Centre Salif Kéita). Le club s’occupe de former de jeunes joueurs locaux et de les revendre à de grandes équipes internationales. Seydoublén lui-même, actuel milieu de terrain de la prestigieuse équipe espagnole du FC Barcelone (Barça) est un ex-pupille du CSK. Au moment où Salif Kéita est élu président de la Fédération malienne de football, il délègue, en raison de ses nouvelles et prenantes occupations, la présidence du CSK à Sékouba Kéita. Peu après, la mairie de la commune 4 du district de Bamako cède au Club un vaste terrain d’entraînement situé à un vol de moineaux du cimetière de Lafiabougou.

    S’étant, des années plus tard, retiré de la Fédération malienne de foot, Salif veut reprendre en main le club. Sékouba ne l’entend pas de cette oreille. Quand des partenaires occidentaux du club se rendent sur le terrain d’entraînement pour y effectuer des aménagements et installer des équipements, Sékouba, président en titre du club, les chasse. Quand des enfants de Salif projettent une visite du terrain, Sékouba s’y oppose. A la fin, par l’entremise de son avocat Maître Mamadou Gakou, qui le défend depuis 25 ans, Salif porte plainte contre Sékouba devant le juge d’instruction de la commune 4 du district. Il lui reproche d’avoir soutiré plus de 400 millions des comptes du club et d’avoir fait main b        asse sur la propriété du club, toutes choses prévues et punies par le code pénal au titre de l’abus de confiance et de la disposition du bien d’autrui. La plainte reproche enfin à Sékouba Kéita le crime de faux en écriture car l’intéressé, qui ne figure pas sur le récépissé de création du club, aurait fabriqué un faux procès-verbal pour combler cette carence. De plus, il aurait cessé de faire suivre ses signatures de la mention "président délégué", ce qui témoignerait, selon Salif, de sa volonté de détourner le club.

    Convoqué par le juge le vendredi 28 mai, Sékouba ne comparaît guère. Il craint,  comme cela se passe souvent sous nos tropiques, de se voir jeté, sans explication, en cellule au moins pour le week-end. Lundi 31 mai, il se présente au tribunal de la commune 4. L’ayant fait introduire dans son bureau, le juge Dramane Diarra, resté célèbre pour avoir jeté en prison le Vérificateur général Sidi Sosso Diarra, lui notifie les charges  qui pèsent sur lui et lui annonce qu’il sera placé sous mandat de dépôt pour le temps de l’enquête. Patatras! Branle-bas de combat! 

    Alerté on ne sait par qui, Seydoublén, le célèbre joueur du Barça, débarque au tribunal. Dès qu’il sort de son véhicule de marque Hammer, les jeunes gens des alentours le reconnaissent et se ruent sur ses pas. Le tribunal est aussitôt inondé de monde. Il se murmure que Seydoublén va être emprisonné et les jeunes sont bien décidés à ce qu’on marche sur leur corps avant de conduire Seydoublén en taule  . Un vacarme assourdissant règne partout; des  magistrats se barricadent dans leurs bureaux tandis que d’autres, plus prudents, quittent précipitamment les lieux, de peur que l’incendie promis par la foule de badauds ne les surprenne là. Pour tenter de calmer  la foule surexcitée, des gardes, débordés, soufflent aux oreilles des plus menaçants que Seydoublén ne sera pas inquiété et qu’il vient juste chercher… son certificat de nationalité!

    A la fin, Seydoublén a une entrevue avec  le juge d’instruction qui, imperturbable, avait déjà fait embarquer l’infortuné Sékouba dans un véhicule de police. L’intervention porte ses fruits: le juge reprend son mandat de dépôt, Sékouba est relâché et comme poussées par la force des événements, les deux parties en conflit parviennent à trouver un terrain d’entente. Procès-verbal se fera, dans ses prochaines livraisons, un devoir de vous livrer le contenu de cet accord. 

    La Rédaction

     

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