Les transporteurs, notamment les chauffeurs de camions, seraient de nos jours victimes de toutes sortes de tracasseries sur le tronçon Diboli (Mali)-Dakar (Sénégal). Devenu un trajet obligatoire pour les transporteurs et opérateurs économiques maliens, à cause de la crise sociale et post-électorale qui secouait la Côte d’Ivoire, l’axe Bamako-Dakar, au lieu de faire le bonheur des transporteurs, chauffeurs et opérateurs économiques maliens, constitue plutôt pour eux un véritable calvaire.
Les chauffeurs de camions maliens sont très nombreux à séjourner malencontreusement dans les prisons sénégalaises, et cela, pour des raisons diverses. Un des cas les plus récents, est l’emprisonnement injuste de Cheickna Djan, un chauffeur de camion remorque de la « Société Maïga et Frères » (SOMAF) de Koutiala. En effet, pour avoir apporté secours à une femme, le malheureux chauffeur s’est retrouvé en prison, parce qu’au lieu de la patate douce, la dame transportait de la drogue : ce que son chauffeur ignorait.
Selon plusieurs sources, ces tracasseries concernent le plus souvent les chauffeurs de camions qui, pour la plupart des cas, sont généralement victimes de leur bonté. Depuis environ un an, le chauffeur de la SOMAF, Cheickna Djan, est emprisonné au Sénégal. Aux dires des témoins, cet homme est connu par tous ses camarades pour sa foi musulmane et surtout, pour ses bienfaits à l’endroit des personnes en détresse.
Trop bon, trop con
On peut dire que c’est ce qui a été le cas pour Cheickna Djan en territoire sénégalais : il a été victime de sa bonne foi envers une femme qui ne lui aurait pas dit la vérité sur le contenu réel des colis qu’elle transportait. Après avoir été supplié par cette dame, Cheickna Djan avait voulu lui apporter secours, mais…Au lieu de dire la vérité à son bienfaiteur à propos des dits colis, la dame avait fait savoir au chauffeur de camion que ses deux sacs contenaient de la patate douce destinée à l’un de ses parents résidant à Dakar.
En cours de chemin, lors d’une escale dans un poste de contrôle (comme c’est le plus souvent le cas sur différents axes routiers), les chauffeurs de camions aiment dire aux agents que certains bagages leur appartiennent, alors que ce n’est pas vrai. Au lieu de laisser le soin à la dame de gérer son problème, Cheickna Djan a eu la malchance de dire à l’agent de Douanes que les deux sacs lui appartenaient.
Alors, l’agent des Douanes n’a pas daigné laisser passer le chauffeur : il décida alors de fouiller le contenu des deux sacs « de patate ». Mais entre temps, la dame s’était éclipsée. Est-ce une complicité ou non entre elle et l’agent des douanes ? En tout cas, à l’insu de Cheickna Djan, la véritable propriétaire des sacs de « patate » a disparu en un laps de temps et sans laisser de traces. Lorsque le douanier ouvrit les deux sacs, il constata que leurs contenus étaient autres que des patates douces : ils contenaient de la drogue. Quant à Cheickna Djan, sa surprise fut encore plus grande, car la dame lui a joué un sale tour.
Bien qu’ayant tenté de se rétracter, Cheickna Djan fut conduit au bureau par l’agent des Douanes. Après quelques mots d’échanges, un procès verbal fut dressé à son sujet. Et depuis lors, il a élu domicile dans une prison au Sénégal et cela, sans que sa famille ne soit au courant de rien à Koutiala. Informé de ce qui venait d’arriver à son chauffeur en territoire sénégalais, le PDG de la SOMAF, Abdou Maïga, se déplaça pour le Sénégal dans le but de trouver une solution à cette affaire.
Mais à son arrivée, il s’est buté au refus catégorique des autorités sénégalaises. Cependant, Abdou Maïga a tout de même pu entrer en possession de son camion, mais à quel prix ? Selon nos sources, il a dû débourser une grosse somme d’argent. En effet, pour faire sortir son camion du parc douanier, il aurait payé…environ 11 millions de FCFA aux autorités sénégalaises !
Des témoins affirment que le cas de Cheickna Djan est très minime comparé à tant d’autres. Selon les chauffeurs de camions, les douaniers, policiers et gendarmes sénégalais ne sont autres que des arnaqueurs de chauffeurs étrangers, particulièrement les chauffeurs maliens. Un chauffeur de camion remorque a même soutenu que les agents de Douanes du Sénégal utilisent toutes sortes de stratégies pour soutirer de l’argent aux chauffeurs maliens.
Boubacar Diarra, chauffeur de camion remorque de sont état, a confié que la libre circulation entre les pays de la zone UEMOA est un mot utilisé dans les bureaux et dans d’autres lieux de rencontres par les leaders et politiques sans qu’il ne soit appliqué par les acteurs. Et M. Diarra, de soutenir qu’au Sénégal, depuis le basculement du trafic routier de ce côté, les postes de contrôle se sont multipliés, et cela, sans que nos autorités compétentes ne pipent mot.
Z A B