Dans notre précédente édition, nous sonnions l’alerte sur l’envahissement du Mali par des produits pharmaceutiques contrefaits. Eh bien, rien que pour cette semaine, cinq tonnes de faux médicaments ont été saisies à Sikasso par l’Ocs en collaboration avec la Direction régionale des douanes de Sikasso.
Il nous revient que les produits pharmaceutiques contrefaits étaient transportés à bord de deux camions reconnus sur le trajet Sikasso-Bamako, puisque cela fait plusieurs années qu’ils empruntent ce circuit pour transporter des médicaments.
Des années donc que cela dure et personne n’a jamais dérangé ce trafic puisque les auteurs faisaient passer tranquillement leur chargement comme de simples marchandises au cordon douanier. Comme ils ont failli le refaire cette fois-ci.
C’est donc l’occasion de revenir sur la nécessité de renforcer le dispositif national de lutte contre les médicaments contrefaits, un combat que l’Ordre national des pharmaciens, avec à sa tête le Dr Wade, est en train de mener. Mais il faut un véritable soutien de l’Etat, notamment en matière de législation. L’adoption et l’adhésion à la Convention Médicrime de l’Union européenne, qui criminalise le trafic de faux médicaments, serait un pas décisif vers la recherche de moyens efficaces de combattre cette activité illicite.
C’est en exploitant des renseignements de leurs informateurs que les enquêteurs de l’Ocs ont concocté un dispositif de surveillance au poste de contrôle de Hérèmakono. Ce qui a permis d’intercepter les deux camions bourrés de médicaments contrefaits.
L’Office central des stupéfiants (Ocs) a ainsi usé des dispositions de l’article 30 du décret N°2015-0400 du 04 juin 2015 qui lui confèrent les missions de lutte contre le trafic des médicaments contrefaits en rapport avec la Direction de la Pharmacie et du Médicament et l’Ordre des Pharmaciens. Mais en plus de cela, l’antenne de l’Ocs de Sikasso a pris le soin d’agir en collaboration avec la Direction régionale des douanes de Sikasso. Ce qui a permis de conduire les deux camions dans les locaux de la Direction régionale des douanes de Sikasso.
Les deux camions immatriculés au Nigeria transportaient au total cinq (5) tonnes de médicaments, notamment des produits et matériels d’injection, ainsi que des comprimés. Et il ne s’agit pas de n’importe quels produits, mais ceux régulièrement utilisés dans les structures médicales : Coartem, Novalgin, Diclofenac, Cathéters, Analgin et divers autres supposés produits pharmaceutiques d’utilisation courante. Mais la qualité est douteuse parce que les produits ne sont pas passés par la voie légale qui inclut le contrôle qualité avant la mise à la consommation. Mais leur écoulement sur le marché noir, en plein essor sur l’ensemble du territoire malien, aurait été facile.
Les deux camions, immatriculés respectivement FKJ327XY et LSD715XJ (sont-ce d’ailleurs de vraies plaques nigérianes ?) sont bloqués dans la cour des services régionaux des douanes à Sikasso.
En attendant, l’antenne de l’Ocs à Sikasso a déjà informé le Procureur de la République de la localité pour que l’action pénale soit enclenchée concernant ce cas de trafic international et illicite de médicaments. En effet, en introduisant dans le territoire malien de supposés médicaments, sans se conformer à la Loi qui impose des conditions claires et précises, les auteurs de ce trafic tombent sous le coup du droit pénal.
A.B. NIANG
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