Notre pays s’est transformé ces dernières années en un carrefour pour le transit des drogues vers l’Europe et les pays de l’Afrique du Nord. Avec des frontières passoires où tout circule « à la barbe » des agents censés mettre fin à ce désordre. Le décor est planté dans les boîtes de nuit, bars climatisés, dans les « grins » ou non, marchés où la drogue et les stupéfiants commencent à circuler la nuit. Dans des sacs de filles de joie, du fond de la poche d’un dealer ou dans les coffres de voitures luxueuses. Les trafiquants utilisent les filles de joie pour voiler leur trafic derrière un autre trafic, cette fois humaine.
On observe que les dealers ont adopté les animateurs (D.J) de ces maquis comme relais préférés et ces lieux temples des réjouissances sont devenus presque des paradis pour les revendeurs. Le plus inquiétant est qu’à y voir de près c’est tout le territoire national qui se trouve envahi et déstabilisé par des substances psychotropes, des faux stimulants et autres faux médicaments de la rue. Des les 07 régions du pays, aucune n’échappe à ce péril, à croire nos sources. Il faut signaler la libre circulation des remèdes sous dosés que des infirmiers conseillent au nom d’un principe noble et reconnu en médecine : le phénomène de résistance. Ces gecrétins prétendent que ce qui est vendu dans la rue est « bon » à condition de prendre des doses de plus en plus élevées. La toxicomanie la plus répandue au dans certaines contrées du pays Djoliba reste ce mélange explosif fait d’alcool et de comprimés (amphétamines, barbituriques) destiné à accroître les capacités physiques. Nul n’est plus à l’abri. Journaliers, hommes en uniforme, travailleurs physiques, fonctionnaires angoissés, chauffeurs routiers où de taxis, élèves et étudiants en période d’examens, paysans en partance aux champs ; ils sont nombreux à consommer ces stimulants nocifs. Dès qu’il y a accoutumance, les doses se multiplient. La drogue et l’alcool, « ces maux qui font du bien », mettent à rude épreuve l’aptitude de la société malienne à résoudre le mal-être qu’elle engendre autrement que par l’intolérance et l’indifférence. Inaction, frustration, anxiété, isolement, recherche du plaisir, carences affectives, manque d’autorité parentale (séparation des couples) et étatique.
La drogue ne frappe pourtant pas au hasard
Les raisons d’aller à la drogue ne manquent pas. Dans ce contexte de la recherche d’un monde halluciné qui attire et fascine, les perspectives d’enrichissement facile et rapide fond que ce trafic est devenu une activité florissante. La drogue ne frappe pourtant pas au hasard. En effet, le pays n’a jamais été aussi vulnérable à la toxicomanie. Après plus d’une décennie de mise en œuvre du programme d’ajustement structurel, la pauvreté persiste, l’activité industrielle recule et le chômage augmente de jour en jour pendant que l’endettement du pays semble se pérenniser malgré les thérapies de choc infligés. On assiste à l’effondrement du prix du coton. Sans oublier ces derniers temps qui dures et qui sont duresoù la pauvreté s’accenture et le mal vivre à causes de la hausse vertigineuse des prix de denrées de première nécessité. Bamako la capitale se gonfle avec son lot de misère, d’ennui et de violence. Quel terrain peut être plus fertile à la drogue que ce pays en proie à l’exode rurale, à la régression du tissu social et du contrôle familial à mesure que progresse le désœuvrement ? La jeunesse même diplômée n’a plus de travail en dehors du chômage. Elle se met à croire en des valeurs malpropres. Il y a partout corruption, crimes de sang -pas seulement politiques. Et cette insécurité qui pollue l’environnement et règne en maître sur nos routes. Officiellement la lutte anti-drogue paraît comme un souci majeur des gouvernements. Or que constate-t-on ? Il faut un coup de malchance ou être lâché par les siens pour tomber dans les filets des agents de police ou de gendarmerie au Mali. On fume des joints à moins de cinquante mètres de nos commissariats. Aux alentours des salles de cinéma, des repris de justices vendent ces drogues et ces médicaments de la rue. Au Mali on fume, on consomme et on pratique un autre crime et pas des moindres : le blanchissement de l’argent. L’argent sale circule en toute impunité. Une espèce d’économie souterraine s’est mise en place. Une économie mafieuse où se mélangent la narco-monnaie, le crime, la prostitution et le blanchiment d’argent sale dans le bâtiment.
Ardo