Torpeur à Miselini : Un faux prêt de 200 milliards crée la consternation. Le DG et le personnel à couteaux tirés

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    L’argent n’aime pas le bruit, certes. Mais, l’Institution de Microfinance Miselini échappe bien à cette règle. La signature d’une Convention de prêt et de cogestion de 200 milliards de nos francs entre Misselini et Global Project Consulting  SPRL a, semble-t-il, créé un désordre qui ne dit pas son nom. Le personnel observe un sit-in depuis mardi dernier, empêchant le Directeur Général d’accéder à son bureau. On accuse le DG Boubacar Diakité de faire de Miselini un patrimoine personnel.  Nous avons enquêté sur une affaire qui sent l’escroquerie.

    Une matinée de folie à Miselini

    Très en verve, un groupe de pétitionnaires, composé exclusivement du personnel de la caisse de micro finance s’est révolté contre le Directeur Général le mardi, 14 février 2012, exigeant son départ immédiat et sans condition.   Convaincus de la mauvaise gestion de Boubacar Diakité, les pétitionnaires ont pris leur courage à deux mains pour fustiger la situation qui prévaut actuellement à Misselini.

    Tel un film western. Il est 08h. C’est  le chaos total à Miselini. Un lever de boucliers qui a irrité le Directeur Général Boubacar Diakité. Craignant pour sa sécurité, il passe un coup de fil au Commissariat du 14ème Arrondissement, expliquant qu’il y a un trouble à l’ordre public. Quelques minutes plus tard, des policiers débarquent à la Direction afin de voler au secours  du DG.

    L’atmosphère était tellement tendue qu’il a fallu fermer la porte d’entrée afin de tempérer les ardeurs.
    Les pétitionnaires, 78 signataires sur 82 agents, réclament le départ du DG dont la gestion est, selon eux catastrophique et autocratique. Le vent du changement qui a ainsi soufflé à Miselini emportera-t-il le DG Boubacar Diakité ?
    Difficile à répondre. Surtout quand on sait que le Conseil d’Administration qui a le dernier mot est accusé de se prêter aux jeux du DG quand bien même que cette crise couve depuis bien longtemps.

    Issiaka Traoré, Directeur des Ressources Humaines a indiqué que «l’entreprise Miselini traverse  un moment difficile dans son fonctionnement. Conséquences : la diminution des salaires des travailleurs de 15%. Cette situation résulte de la gestion malsaine et autocratique instaurée par le Directeur Général». Le personnel de Miselini  ne souhaite pas subir le même sort que ceux de  la Caisse de microfinance Jéméni. C’est pourquoi, les pétitionnaires ont décidé de prendre le taureau par les cornes.

    «Le DG Boubacar Diakité gère de façon personnelle et personnalisée cette entreprise commune. Un Conseil d’Administration(C.A) qui ne se renouvelle point, alors qu’il est l’organe chargé de diagnostiquer l’entreprise et d’écouter toute la composante pour donner enfin une bonne orientation. Nous avons été déçus hier lundi (13 février) par le Conseil d’Administration qui  a changé de fusil d’épaule» a-t-il martelé.  M. Traoré va plus loin disant que le fils de la présidente du Conseil d’Administration, Chiaka Diakité, qui gère la caisse de l’entreprise, pratique des activités peu orthodoxes au mépris des règles régissant le prêt. Il octroie, selon eux, des prêts fictifs à hauteur de 34 millions F.CFA. Résultat : les comptes de l’entreprise sont au rouge.

    Ibrahim Maïga, auditeur interne, charge le Directeur. Il l’accuse d’avoir accordé un prêt  de 17 millions F.CFA à l’une de ses épouses qui n’a remboursé que 2 millions ainsi que le projet de construction du siège de la caisse qui a été détourné.
    Dans le souci de recoupement, nous avons contacté le DG qui estime que ce lever de boucliers du personnel est commandité par le mandataire de Global Project Consulting qui a signé une Convention de Prêt et de Cogestion douteuse avec Miselini. Un montant de 200 milliards de F.CFA qui a provoqué tout ce bruit. Par rapport à la construction du siège, Boubacar Diakité se défend : «Il s’est avéré après l’achat de la parcelle sis à la Cité Unicef de Niamakoro que le TF 16 21 est un titre foncier à problèmes. Le Conseil d’Administration en est informé».

    Global Project Consulting : le pied dans le plat ?

    C’est du moins ce que pense le Directeur Général Boubacar Diakité. Il estime que les 200 milliards de francs CFA annoncés et dont la Convention de Prêt et de Cogestion a été paraphée par les deux parties, s’est avérée douteuse. «Le mandataire de la Société en question nous avait demandé d’envoyer les 5% des 200 milliards aux prêteurs, correspondant à 5 milliards de F.CFA, condition sine qua none  pour avoir les sous. Sur la question, nous avons été prudents et avons informé les autorités compétentes. Chose qui a irrité le mandataire Abraham Tony Diawara qui n’a pas gobé cette méfiance et compte détourner le personnel de Miselini en sa faveur». Ce qui, selon lui, est à l’origine de cette situation entre le personnel et le Conseil d’Administration. «C’est moi-même qui ait demandé aux auditeurs de venir et depuis, le DAF a pris un congé pour raison de maladie et a cadenassé son bureau…C’est parce que je ne me reproche rien que je demande aux auditeurs de venir…Comprenez le reste.»

    Une Convention douteuse ?

    200 milliards. C’est cette somme importante que Global Project Consulting a proposé à Miselini par le biais du mandataire Abraham Tony Diawara. Déjà le 06 février dernier, le Ministère de l’Economie et des Finances attirait l’attention de la présidente du Conseil d’Administration de Miselini sur le caractère douteux de l’opération de transaction : «…j’ai soumis pour analyse et avis aux structures compétentes de l’Etat et des Autorités Monétaires la Convention de prêt et de cogestion entre Miselini et la Société Global Project Consulting du 05/01/2012. Des informations préliminaires qui me sont parvenues au sujet des documents de l’opération et de sa structuration, il serait indiqué et prudent pour vous de prémunir votre institution de tout risque y relatif». Dans cette lettre N°0103/MEF-SG, le Ministre Lassine Boiré informe la présidente du Conseil d’Administration qu’il lui sera notifiée après confirmation, toutes instructions ou mesures idoines pour ce faire.

    Pour comprendre davantage cette affaire d’escroquerie montée de toutes pièces, par des arnaqueurs professionnels, il faut se référer à GRAMEEN Crédit Agricole-Fondation de Microfinance, un des Partenaires de longues dates de Miselini Contact +33 1 57 72 40 99.  M. Philippe GUICHANDUT de Crédit Agricole a, lui aussi, invité Miselini à la réserve par rapport à l’opération.

    En effet, selon des informations de sources officieuses, «l’ensemble des prêteurs s’est montré suspect au sujet de Global Project Consulting SPRL et de l’accord qui a été passé avec Miselini (…) Nous avons reçu ce jour (24 janvier 2012) un appel de l’Inspection de la Banque ING qui nous a bien confirmé que le document de GPG-SPRL était faux (fautes d’orthographes, code barre 123456789012, titre de la personne qui n’existe pas)». Les mêmes sources indiquent que la Banque ING a déjà porté plainte parce qu’une autre institution de Microfinance au Mali avait été approchée de la sorte et que le compte référant a été bloqué».

    Maintenant, la question qui se pose est de savoir comment les cadres de Miselini ont pu tomber dans un tel piège ? Et pourquoi ne dit-on pas la vérité au personnel ?

    Dans tous les cas, le Directeur Général Boubacar Diakité a du pain sur la planche, eu égard à la détermination farouche de ses collaborateurs. Espérons tout de même que les deux parties parviendront à un terrain d’entente.

    Affaire à suivre…

    Boubacar SIDIBE (Stagiaire)

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    5 COMMENTAIRES

    1. MERCI BIEN MON DG/EN 2005 LA BHM AVEC MAMADOU BABA SYLLA EN A FAIT LES FRAIES.MON DG SEUL TA RESPONSABILITEE EST MIS EN JEUX DONC AGIS SELON L INTERET SUPERIEUR DE VOTRE INSTITUTION.QUE LE BON DIEUX VOUS GUIDENT ET SURTOUT N OUBLI PAS LES AVANTAGE DE TON PERSONNEL.

    2. C’est pas clair. Il y a anguille sous roche. 200 milliards à lever par une IMF malienne via des circuits amateurs! ça sent une grosse arnaque puisant sa source en interne.

    3. Cette affaire est claire pour le monde: il s’agit des personnes de moralite douteuses comme le commanditaire Abraham Tony Diawara qui veut escroquer la caisse de microfinance. Il faut etre bete pour ne pas sentir l’odeur de l’escroquerie. Ils veulent seulement faire main basse sur l’apport de 5 milliars. Le Directeur a toutes les raisons d’etre prudent face a ses escros internationaux.

    4. Misselini n’a pas besoin d’un prêt de 200 milliards, c’est énorme pour une caisse d’épargne au Mali même pour une banque malienne. Les dirigeants du CA des caisses d’épargne sont des simples figurants, les Directeurs font se qu’ils veulent et pensent que la caisse est leur entreprise personnelle. Pourtant il y’a le Ministère des Finance et les cabinets d’audit externe qui sont sensés vérifier la fiabilité de toutes les transactions, mais en dépit de tout cela il y’a des dérives considérables dans toutes les caisses. Il y’a lieu de voir la gestion des caisses d’épargne au Mali en impliquant d’avantage le Ministère des Finance et la BCEAO, sinon dans un avenir très proche elles vont tous sombrer par la faute des Directeurs.

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