Des ressortissants libyens prétendant appartenir au Comité National de Transition (CNT), ont été appréhendés par les services de sécurité du Mali. D’autres sont activement recherchés. Pourquoi ? Il ne s’agit ni plus ni moins que de purs escrocs en complicité avec certains responsables maliens en sursis pour l’instant. Va- t- on vers un conflit ouvert avec les nouvelles autorités de Tripoli ? La question mérite d’être posée.
La rumeur selon laquelle des faux émissaires du Comité National de Transition de la Libye auraient été mis aux arrêts a circulé tout le week-end dernier à travers certains médias de la capitale, sans aucune précision. Une source sécuritaire que nous avons approchée vient de confirmer effectivement que des escrocs libyens se disant proches du CNT ont été interpelés et les enquêtes ne sont pas encore bouclées.
Officiellement, le Gouvernement Malien n’a pas encore donné d’explications et n’a même pas confirmé ni infirmé l’information qui a fait déjà le tour des différentes chancelleries.
Du côté de Tripoli, les responsables du CNT semblent être préoccupés à d’autres choses. Aucune déclaration n’a encore été faite sur cette affaire qui paraît rocambolesque. En effet, depuis maintenant plusieurs semaines, la capitale libyenne est tombée aux mains des rebelles du CNT. Certains ressortissants libyens au Mali se disant proches du CNT et même autoproclamés émissaires, ont entamé une bien curieuse mission dont l’ordre consiste à évaluer les biens appartenant au peuple libyen dans notre pays. Ces «Missionnaires» ont ainsi organisé des tournées sur les sites des exploitations libyennes dans la zone office du Niger où des responsables auraient pris la clé des champs avec des mallettes d’argent bien remplies. D’ailleurs, sur ce site en agonie où les entreprises chinoises continuent de chercher à qui adresser leurs factures, les ouvriers attendent des mois d’arriérés de salaire, les très particuliers «experts» du CNT auraient dévalisé les pauvres caisses au nom du CNT.
La même mission était déjà passée à l’Ambassade de la Libye où elle a remplacé le drapeau par celui du CNT. Mais là, l’Ambassadeur n’a pas perdu du temps. Il avait déjà fait ses avalises avant la chute de Tripoli. On dit que lui aussi a systématiquement pillé les caisses avant de prendre la poudre d’escampette. A Malibya Agriculture, presque personne ne répond plus de rien. Les Libyens ont fui aussi avec des milliards.
Les «missionnaires» avaient également fait le tour des hôtels appartenant à la Libye.
Pourtant, depuis le déclenchement de la crise jusqu’à nos jours, il n’y a jamais eu de correspondance diplomatique entre le CNT et le Gouvernement du Mali dans ce sens. Rappelons que Bamako, reste toujours fidèle à la position de l’Union Africaine qui ne reconnaît pas encore la légitimité du CNT. Par «courtoisie diplomatique», le Gouvernement du Mali ne s’est pas opposé au changement des symboles de la Libye (drapeau) au niveau de certaines de ses représentations, mais il est resté ferme quant à la reconnaissance du CNT comme seule autorité légitime du Peuple libyen. Dès lors donc, aucune mission diplomatique du CNT ne peut être recevable jusqu’à preuve du contraire. C’est à cette logique que la mystérieuse mission s’est heurtée aux principes et lois de notre pays.
Mieux, selon nos sources, les «escrocs» appréhendés n’ont pu présenter aucun document officiel de mission. «Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une opération qui consistait à piller les biens de la Libye. Mais, il apparait dans les enquêtes que certains maliens seraient probablement impliqués dans cette rocambolesque affaire», nous informe une source proche du dossier. En réalité, c’est sous le regard complice des responsables maliens que les biens libyens ont été pillés. Or, le Guide Kadhafi avait désigné certains proches du régime de Bamako comme étant les garants des intérêts de son pays au Mali. Qu’ont-ils fait ? Où étaient-ils au moment où les caisses des sociétés et entreprises libyennes sous leur responsabilité ont été vandalisées ? En attendant la fin des enquêtes, peut-être qu’ils trouveront de solides arguments pour leur défense. Du contraire… Ils s’en expliqueront devant le peuple libyen.
Abdoulaye NIANGALY