Il y a trois ans, Mariam, de son vrai prénom Tarcha, une jeune béninoise de mère nigérienne, a séjourné dans notre capitale. Au cours des deux semaines qu’elle avait passées chez nous, elle en roula plusieurs dans la farine. Revenue au Mali pour y rééditer ses exploits, elle a été coincée, dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 août, par Johnson Siyen, l’une de ses plus grandes victimes, au Diamant bleu, une boîte de nuit de la Cité UNICEF.
On ne sait pas exactement quand et comment cette jeune aventurière était arrivée à Bamako. Un jeune réparateur de téléphones de nationalité libérienne, répondant au nom de Johnson Siyen, avait croisé celle qui s’était alors présentée à lui sous le nom de Mariam à la boîte de nuit le Byblos.
Sous le charme, il avait remué terre et ciel pour finalement réussir à loger la jeune dame dans le même immeuble que lui, à la cité UNICEF. Etant l’un des premiers occupants de l’immeuble, et grâce à ses bonnes relations avec le propriétaire, il parvint à persuader ce dernier d’accepter un mois de location et alla jusqu’à se porter garant du versement des deux mois de caution.
Ce que Siyen ne savait pas, c’est qu’à l’arrivée de Mariam à Bamako celle-ci s’était rendue dans un établissement commercial de Badalabougou, où elle s’était présentée comme un agent commercial en congé de la succursale de la boîte à Cotonou. Après avoir échangé avec le jeune manager, qui ne tarda pas à succomber au charme de cette très jolie dame, elle lui confia qu’elle avait besoin de 100 000 FCFA pour enlever des marchandises à la douane.
Le manager ne se fit pas prier. Il lui remit la somme demandée, plus un billet de 10 000 FCFA pour le taxi. Séance tenante, comme pour sceller leur nouvelle amitié, rendez-vous fut pris pour 22 heures à la pâtisserie Amandine.
Avec cette première soirée, et à cause de l’intimité qui liait désormais les deux tourtereaux, le manager ne crut pas nécessaire de contacter Cotonou. Mais, quelques jours après, Mariam disparut complètement de la circulation. Cette situation devint insoutenable pour le jeune homme, qui finit par appeler son collègue de Cotonou. Ce dernier lui apprit qu’aucune Mariam ne figurait sur la liste de ses employés mais que par contre, selon sa description, il s’agissait plutôt d’une certaine Tarcha, une métisse de père béninois et de mère nigérienne, cliente de la boîte, et bien connue à Cotonou pour ses frasques.
Se sentant floué, le manager, mine de rien, vint trouver Mariam à son domicile, qu’il connaissait bien et la conduisit directement au commissariat du 4ème arrondissement. Il l’expliqua au policier que son problème n’était pas l’argent mais que, tout simplement, il voulait donner une leçon correction à Mariam, qui s’était moquée de lui. Mariam fit appel au Libérien, qui vint à sa rescousse et le libéra des griffes de la police.
Ce fut cet incident qui ramena Johnson à la réalité, lui qui croyait dur comme fer que Mariam était la fille d’une riche femme d’affaires béninoise, qu’elle attendait un conteneur de marchandises et que c’était lui qui allait s’occuper de sa commercialisation.
Il réalisa que toute cette histoire n’était qu’une escroquerie grossière. Aussi, chemin faisant, demanda-t-il à Mariam de lui restituer toutes les sommes d’argent qu’il lui avait déjà avancées au titre de sa participation dans le supposé business. Ils se séparèrent tard dans la soirée sur une promesse de remboursement.
Un beau matin, Siyen découvrit que sa voisine avait pris la poudre d’escampette, en laissant des factures impayées au niveau de la boutique et de la maison, plus les espèces sonnantes et trébuchantes perçues à titre de prêt. Plus grave, ce fut aussi l’émoi dans le «carré», puisque Mariam, qui menait une vie de pacha, avait contracté des crédits auprès de presque tous les occupants de l’immeuble et des environs.
Deux ans s’étaient écoulés quand, sur les coups de deux heures du matin, Johnson qui n’avait pas encore digéré sa colère, se retrouva nez à nez avec Mariam au Diamant bleu. Celle-ci feignit de ne pas le reconnaître, mais c’était sans compter avec le tempérament d’un ancien rebelle.
Johnson l’empoigna violemment et menaça de la conduire, de gré ou de force, au 10ème arrondissement et ameuter tous ses créanciers du quartier. Mariam, visiblement affolée, s’empressa de lui remettre son téléphone de marque Samsung, un Galaxy S4 dernier cri, avant de lui demander le temps d’aller juste à l’hôtel prendre l’argent.
Johnson lâcha prise. Selon lui, tout simplement, car il connaissait très bien la valeur du téléphone en question, Mariam avait intérêt à revenir récupérer son gadget. Mais cette dernière choisit plutôt de quitter le Mali sur la pointe des pieds la même nuit.
Pierre Fo’o Medjo
Avec un téléphone volé, Mariam n’a rien à regretter. Souhaitons que le propriétaire de l’appareil ne le retrouve entre les mains du pigeon déplumé.
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