Sur les traces des enfants maliens disparus en France (III) : L’ONG française « Rayon Soleil » au cœur du scandale

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    L’Aube poursuit avec abnégation ses investigations sur les centaines d’enfants envoyés en France en adoption, par l’ONG française « Rayon soleil ». Plus nous avançons dans nos enquêtes, plus les contours de l’affaire se précisent. En effet, depuis le début de nos révélations (voir l’AUBE n° 13 du jeudi 1er novembre 2007), sur les nombreux cas d’adoption, orchestrés par l’Ong « Rayon soleil » en France par l’entreprise de sa représentation malienne, les locaux abritant notre Rédaction sont quotidiennement pris d’assaut par des mères réclamant leurs enfants, partis en France et dont elles n’ont plus les nouvelles.

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    L’Aube se voit désormais investi d’une mission cardinale par ces nombreuses mères qui s’estiment avoir été tout simplement dupées par « Rayon soleil ».

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    Après le cri de détresse de Mme Guindo Goundo Keïta (voir l’Aube n°14 du 05 novembre 2007), Mme Keïta Sira Dembélé (l’une des trois veuves de feu Abdoul Wahab Keïta), et autre mère victime de la duperie de « Rayon soleil », s’est confiée à notre reporter, en présence de ses co-épouses, Fatou Samaké, et Fatoumata Traoré et de plusieurs dizaines de femmes, aussi dupées, par l’Ong incriminée. C’était au cours d’une grande rencontre organisée au domicile du chef de quartier de Babiyabougou, en commune I du District de Bamako.

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    Au nom de l’ensemble des mères victimes présentes, Madame Keïta Sira Dembélé s’est prêtée, sans détours, à nos questions.

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    L’Aube : Madame Keïta, comment avez-vous eu connaissance de l’ONG « Rayon soleil » ?

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    Mme Keïta Sira Dembélé : C’est par mon défunt mari, qui avait lui aussi appris l’existence de l’ONG au quartier Hippodrome de Bamako par monsieur Namaké Konaté, qui n’était en fait que le cuisinier de la première responsable de l’ONG.

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    Nous savons que vous avez deux enfants en adoption en France. Dans quelles conditions cette adoption a été faite ?

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    D’après ce qu’on m’a dit, quelques jours après le contact que mon mari a eu avec l’ONG, une dame française accompagnée d’un officier malien est arrivée dans notre famille, sous prétexte de venir dire bonjour. J’imagine que l’officier qui avait accompagné la femme blanche a du convaincre mon mari d’accepter de faire adopter quelques uns de ses enfants en France, par l’ONG « Rayon soleil ». Car, quelques jours après la visite effectuée par la française et l’officier malien, mon mari m’a fait part de sa décision de faire adopter en France, certains de nos enfants.

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    Comment saviez que ce monsieur est un officier ?

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     A cause de son uniforme et ses galons, il s’appelle Mamadou Konaté. Et, il m’a dit qu’il était capitaine de police. L’uniforme et les galons qu’il portait confirmaient cela. Mon défunt mari m’a aussi rassurée sur la crédibilité de l’homme.

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    Qu’avez-vous répondu quand votre mari vous a fait la proposition d’envoyer en France vos enfants ?

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    Vous savez, il est toujours difficile voire douloureux pour une femme de se séparer de son enfant. Mais dans notre culture, c’est l’homme qui décide de faire de son enfant ce qu’il veut. L’avis de la femme compte peu aux yeux du mari. Je lui ai tout de même demandé ce que renfermait le principe de l’adoption d’un enfant en France.

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    Il m’a répondu que le capitaine Mamadou Konaté lui avait dit que les enfants devaient être confiés à des familles en France. Des familles qui allaient s’occuper de les mettre à l’école, de les éduquer pour leur bonheur, jusqu’à leur majorité. Et qu’après, ils reviendront dans leurs familles respectives, s’ils le désirent.

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    Ces propos vous ont  rassurée ?

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    J’avoue que je n’y croyais pas trop. Et, j’ai exprimé alors à mon mari, le souhait de parler personnellement à cet officier de police dénommé Mamadou Konaté. Et, lorsque je l’ai rencontré lors d’une de ses fréquentes visites à notre domicile, il m’a dit qu’il n’y avait aucun doute ; nos enfants nous reviendraient quand ils le voudront dès leur majorité accomplie. Et qu’avant cela, nos enfants viendraient en vacances, sur un rythme de cinq ans, selon les possibilités financières de chaque famille adoptante. Mamadou Konaté nous avait totalement rassurés, mon mari, mes co-épouses et moi-même. Dans sa maladie qui l’a emporté, mon mari me disait un jour : « …Sira, excuse-moi d’avoir occasionné le départ en France de tes enfants. Mais, je te fais le serment que le jour où je reverrai Mamadou Konaté, ce sale officier de police, je règlerai mon compte avec lui. Soit il me remet mes enfants ou, je le tuerai puis, ensuite je me donne la mort ».

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    Savez-vous combien d’enfants, en dehors des cinq enfants de votre mari, ont été envoyés en adoption en France par le truchement de l’ONG « Rayon soleil » ?

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    Je ne saurai vous le dire avec précision. Ce que je puis vous assurer par contre, c’est qu’ils sont très nombreux. Rien que dans notre quartier ici, on peut facilement en compter plus d’une vingtaine. Vous avez entendu les femmes présentes ici parler de leurs cas personnels. Toutes ont perdu un ou plusieurs enfants. Et toutes, comme moi, désignent le même Mamadou Konaté comme étant responsable du départ en France de leurs enfants. Ce capitaine nous a toutes rassurées avec quelques mots : « Vous me voyez, je suis officier de police malien. Je ne saurais cautionner ces adoptions avec « Rayon soleil » si ce n’était pas quelque chose de tout à fait propre ».

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    Propos recueillis par Alpha Kaba Diakité

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