Soupçonnée de complicité du vol d’un porte-monnaie par la plaignante du nom de Tenin Coulibaly- l’amante du contrôleur d’Etat, la femme enceinte de plus de 8 mois a été gardée durant trois jours par le commissaire principal du 13e arrondissement de police cité dans toutes les sales affaires de la Commune VI.
Au Mali, le ridicule ne tue pas. Chaque jour que Dieu fait, des paisibles citoyens sont victimes d’injustice. C’est le cas de cette pauvre dame habitant à Missabougou.
Les faits
Tenin Coulibaly partie faire ses emplettes au marché de Missabougou, a perdu son portefeuille qui a été ramassé par une vendeuse ambulante de condiments. Cette dernière faut-il le préciser, s’est adressée à une ménagère en ces termes : «Mme ce portefeuille, je viens de le ramasser. Est-il à vous ?». «Non, il n’est pas à moi. Mais tu peux le garder en attendant que sa vraie propriétaire se présente», lui a-t-elle répondu.
Trois jours après, une dame qui serait l’amante d’un contrôleur d’Etat se présenta au marché de Missabougou pour réclamer le porte-monnaie. Elle croisa par hasard une étudiante qui lui fit cette déclaration : «Il y a trois jours, deux dames parlaient d’un portefeuille. Je connais l’une d’entre elle». Aussitôt, l’étudiante qui était de bonne foi amène la propriétaire chez la femme enceinte.
Le cirque commence
Le dimanche 4 juillet 2010 à 10 h 43 mn, la pauvre dame en pleine lessive, reçoit la visite de la propriétaire du porte-monnaie. «Mme, c’est vous qui avez volé mon portefeuille. Je vous remet à la police». Ipso facto, la belle dame craquante, aux yeux rond, dotée d’une forme de bouteille Coca-cola et amante d’un contrôleur d’Etat sortit son téléphone et ordonna au commissaire principal du 13e arrondissement de l’arrêter. Aussitôt, deux agents de la brigade de recherche ont débarqué pour conduire manu militari la jeune femme enceinte de 8 mois et 45 jours, selon la dernière échographie faite dans une clinique de la place.
Arrivée au 13e arrondissement, sans autre forme de procès, l’impitoyable commissaire dans son pouvoir «divin» ordonna à ses agents de la placer sous les verrous. C’est le lendemain lundi 5 juillet que le motif de son arrestation (vol de porte-monnaie) lui a été notifié. Selon la déposition de la propriétaire, son portefeuille contenait les pièces de sa voiture, une carte magnétique, un montant de 125 000 FCFA, son passeport, sa carte d’identité, son acte de mariage… Comment tous ces objets peuvent-ils se trouver dans un portefeuille et non un sac à main? Partait-elle au Tribunal pour un cas de divorce en instance? Son porte-monnaie lui sert-elle de domicile?
La pauvre dame fut surprise par la déposition de l’amante du contrôleur d’Etat. Elle a déclaré à l’inspecteur Tangara que le portefeuille dont elle a vu ne peut pas contenir 50.000 F à fortiori les objets cités par la plaignante. «La ramasseuse croyait que le porte-monnaie m’appartient, je lui ai notifié sur place qu’il n’est pas à moi, mais qu’elle peut le garde en attendant que sa propriétaire se présente», a dit FT à la police. Malgré tout, le commissaire principal du 13e arrondissement N’Tokou Niaré qui l’a gardée en détention préventive jusqu’au jeudi 8 juillet, quand bien même qu’elle devait aller à la maternité pour sa dernière visite prénatale.
Les yeux du substitut du procureur inondés de larmes
Le jeudi 8 juillet 2010 à 10 heures, le commissaire envoie au parquet la procédure et la prévenue. L’un des substituts de Cherif Koné procureur du tribunal de la Commune VI, a été chargé du dossier. Dans la procédure de la police, le procureur a vite senti une combine orchestrée par la plaignante et le commissaire Niaré qui ne dit pas son nom. Pis, dès que le substitut leva sa tête et vit une jeune femme enceinte de plus de 8 mois, il s’est mis à pleurer à larmes chaudes. «La personne qui a gardé cette dame, dans cet état, est un criminel», a-t-il martelé. Il a apposa sa signature au bas du dossier afin de le classer sans suite.
Sur place, les parents de la jeune femme ont mis du temps pour calmer la colère du substitut qui ne cessait de verser des larmes. Bizarrement, la plaignante, l’amante du contrôleur d’Etat a pris la tangente avant l’envoi de la procédure au procureur. De sources policières, sa fuite avec la complicité de son amant, aurait été suggéré par N’Tokou Niaré commissaire principal du 13e arrondissement.
Voilà, comment se comporte le Mali après 50 ans d’indépendance, et sous le régime des généraux de guerre.
Bassidiki Touré
bassidikitoure@yahoo.fr