Spéculation foncière à Bamako : Les jeunes de Lafiabougou paient les frais

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    Si rien n’est fait, la nouvelle génération n’aura plus d’espace pour jouer au football, comme leurs parents l’ont fait, ni même trouver un petit espace d’évasion dans notre capitale. Pour cause, la frénésie foncière conjuguée à la boulimie des maires et le cynisme de certaines personnes ne reculant devant rien pour s’enrichir de façon illicite.

    C’est ce qui adviendra, probablement, aux jeunes bamakois et particulièrement à ceux de Lafiabougou, qui voient, depuis un certain temps, des personnes décidées à leur extorquer le seul espace qui leur reste pour se divertir. Un espace, qui plus est, existe depuis plus de 30 ans.

    n mal pernicieux gagne notre pays : l’iniquité et la rapacité des grands. Un mal dont les jeunes de Lafiabougou risque de subir les conséquences néfastes. Car si rien n’est fait, ils verront transformé, avec certainement la complicité des autorités locales, le seul espace qui leur reste, en des bâtiments étouffants. Cet espace, en question, n’est autre qu’un terrain de sport situé en plein cœur du quartier de Lafiabougou, non loin des collines. Communément appelé Banbougoutji, c’est le lieu de rendez-vous par excellence des jeunes du quartier, pour toutes les activités culturelles, politiques et sportives.

    Mais, à la surprise des jeunes du quartier et de la population, depuis un certain temps, des individus non identifiés sont venus, avec des géomètres, pour morceler les parcelles et planter des piquets de bornage. Toute chose qui a été interprétée par la population, de manière automatique, que bientôt leur seul espace vital sera transformé en bâtiments. Et comme pris d’un spasme collectif, les jeunes du quartier se sont levés pour dénoncer cette frénésie spéculative.

    Dans ce mouvement, le porte-parole des jeunes a été approché par un inconnu lui proposant 600 000 FCFA, pour calmer l’ardeur de ses camarades. Devant le refus de celui-ci, il a appelé  un inspecteur de police qui a proféré des menaces à l’encontre du représentant des jeunes du quartier : "A partir de cet instant, si un seul piquet disparaît, je te traquerai partout dans le pays et te punirai comme si tu étais un assassin". Sans se laisser intimider, les jeunes ont voulu en savoir davantage. C’est pourquoi ils se sont rendus à la mairie de la Commune IV. Quelle ne fut leur surprise lorsque le chef de la délégation leur a répondu qu’il n’en savait que dalle à cette histoire. Même son de cloche du coté du maire  du district, contacté par les jeunes.

    Pour autant, les jeunes du quartier n’en démordent pas et sont décidés à faire aboutir leur lutte. Pour cela ils prônent la non violence. Dans cette démarche, ils sont soutenus par plusieurs organisations de la place, notamment l’Association citoyenne pour le développement de Lafiabougou et le Comité local sportif de Lafiabougou.

    En attendant une sortie de crise, les jeunes du quartier ont eu une audience avec le ministre de la Jeunesse et des sports, pour l’informer amplement de la question.

    Avec cette affaire de spéculation foncière, on peut dire que les états généraux, tenus à la fin de 2009, n’auront rein servi. Et notre pays est en passe de devenir, s’il ne l’est pas déjà, la Californie hors-la-loi et le berceau du laisser aller. Cela, depuis que la démocratie a viré en abus de pouvoir. Affaire à suivre.              

                                         Moulaye HAIDARA

    & Mamadou Lamine DEMBELE

     

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