Le mardi 5 juillet dernier, le Lieutenant Sékou Bougadari Dagnioko, commandant la Brigade Territoriale de Gendarmerie de Kalaban Coro a mis le grappin dans le secteur Kouloubleni du même quartier, sur Demba Barry. Il est à la fois gardien de maison, guérisseur, tradi thérapeute, chauffeur, mais surtout marabout attitré selon ses dires, du célèbre prêcheur Chérif Madani Haidara dit Bany et son bras droit, Doro Tambadou, un ouvrier domicilié dans le même secteur.
Leur interpellation fait suite à la plainte déposée contre eux par Dame Assitan Diaby, une transporteuse de son état pour association de malfaiteurs, escroquerie, abus de confiance, usurpation de titre et administration de substances nuisibles à la santé. Dans la même plainte, l’imam du quartier, Sidiki Sidibé et le douanier Mangara Doumbia en service à Kadiana dans le cercle de Kolondieba sont cités comme ayant prêté leur concours à Demba Barry, le cerveau pour extorquer de l’argent à la Dame pour ce qui concerne l’imam et pour transférer ses véhicules au nom du faux marabout sans son consentement, s’agissant du douanier.
La descente aux enfers de Dame Assitan Diaby a commencé il y a une dizaine d’années quand elle rencontré un jour par hasard à bord d’un bus Doro Tambadou, né il y’a 39 ans à Lamatra dans le cercle de Yélimané, région de Kayes. Etant tous des Soninké, les deux passagers ont tout de suite sympathisé, causé et ont découvert ensuite qu’ils étaient des cousins à plaisanterie et qu’ils désiraient tous les deux obtenir le visa pour aller en France. Avant de se quitter, ils ont échangé des numéros de téléphone et ont commencé à se fréquenter pour devenir finalement des confidents. Doro a expliqué qu’il a été refoulé de France et qu’il désire y retourner encore. Quant à Assitan, elle a confié à celui qu’elle considère désormais comme un frère qu’elle désirait rejoindre son époux en France. Alors, ils ont décidé d’unir leurs forces en consultant les marabouts pour atteindre leur but. Entre temps, Assitan tombe malade et se fait traiter chez Boua, un tradi thérapeute, domicilié à Moribabougou. Doro Tambadou lui a recommandé un marabout peulh selon son expression, de grande renommée du nom de Demba Barry, 42 ans, originaire du village de Sounsounkoro, dans l’arrondissement de Ouélessebougou (Koulikoro). Doro et Demba se sont connus en 2005 par le canal d’un certain Marin que Demba aurait aidé au moyen du maraboutage à aller au Congo Brazzaville.
Demba envoûte Assitan et lui extorque des dizaines de millions et divers biens
Assitan Diaby a été conduite par Doro Tambadou chez Demba Barry à qui il l’a présentée comme étant sa cousine. Elle ne savait pas que ces deux hommes étaient des complices. Grâce à Doro qui fréquente Assitan en famille, Demba savait tout sur sa cliente à l’avance. La visiteuse a deux motifs de consultation : d’abord se soigner et ensuite obtenir son visa comme Doro pour aller en France. Avant de consulter, Demba l’a travaillée psychologiquement en lui disant que c’est grâce à lui que tout le monde parle aujourd’hui du prêcheur Madani Chérif Haïdara dit Bany.
À ses dires, il est le marabout attitré de ce dernier qui le fréquente assidûment. Ce sont d’ailleurs les membres de Ançar dine, l’association islamique que dirige le prêcheur qui lui auraient construit la maison en étage qu’il habite. Mais malgré les efforts de Assitan pour rencontrer un jour Bany chez son marabout, celui-ci lui a toujours dit que Haïdara ne dure pas. Demba a aussi confié à Assitan qu’il fut le marabout du sage africain, feu Amadou Ampathé Ba. Ce travail psychologique fait, Demba a plongé dans ses consultations pour relater fidèlement tous les problèmes de famille de la dame que Doro lui a racontés. Assitan était sous sa coupe, car la précision était chirurgicale. Pour la séparer d’abord de ses parents, Demba a cité nommément son oncle Gaoussou Sylla, comme étant celui qui est à la base de sa maladie. Celui-ci l’aurait maraboutée avec un bouc noir. Il lui a prescrit des sacrifices de sang de 100.000 Fcfa à faire et lui a donné une solution « Nach » à boire. La pauvre a dit aux enquêteurs que ce produit lui a occasionné des plaies dans la gorge et dans la bouche car, Demba n’est pas thérapeute. Pas moins que Sidiki Sidibé, l’imamm du quartier qu’il qualifie de son disciple et qui aurait administré des substances nuisibles à la santé de Assitan. Mais dès qu’elle a absorbé ces produits, elle suivait et obéissait à Demba Barry comme un mouton. Assitan ne pouvait plus rien faire ou décider sans l’avis de son marabout protecteur. C’est ainsi que ce dernier va lui recommander de quitter la famille paternelle à Fadjiguila pour aller à Moribabougou au motif que si elle croise le regard de son oncle, cela aggravera sa maladie. Demba lui a aussi dit qu’il a vu dans les signes qu’elle ne fondera jamais de foyer avec son mari en France et lui a conseillé de divorcer. Alors que Assitan était installée à Moribabougou sur sa recommandation , un jour Demba Barry lui téléphone pour lui dire de quitter de toute urgence ce village car, son ex guérisseur Boua a dressé des fétiches contre elle et il suffirait qu’elle le voit pour devenir folle pour toujours. Assitan quitte Moribabougou sur la pointe des pieds pour se retrouver à Kalabancoro Nèrècoro, non loin du domicile de Demba qui la fréquentait du reste. Au fait, c’était son but. Depuis lors, il invente des menaces de mauvais sort contre elle et les sacrifices de bœufs de 500.000 à égorger en plein milieu de fleuve à Teninkou, dans la région de Mopti, d’encens de 900.000 F pour contrer carrer ces malheurs, de mouton à égorger et à suspendre à un arbre, ou de sacrifices de 45 pintades, la liste est très longue. Plusieurs fois, il s’est fait acheter une Djakarta qu’il revend ensuite soit disant qu’elle a été volée et Assitan lui achète une autre. Celle-ci lui a remis suivant les circonstances, des millions soit à garder et qu’il détourne soit pour exécuter des travaux occultes « Kolowa ». Un jour se souvient Assitan, en complicité avec l’imam du quartier Sidiki Sidibé, Demba a initié la lecture du saint coran « IYASSI » douze fois à son domicile à raison de 3.600.000 Fcfa, tous frais compris. Par exemple rien que le prix pour égorger le bélier à chaque lecture s’élevait à 50.000 Fcfa. La pauvre réclame ses 3.600.000 Fcfa à l’imam. Comme Assitan fait le transport, elle a fini par confier la gestion de ses véhicules à Demba qui les exploite et détourne tout l’argent. Sur recommandation de Demba, elle agrandissait le parc auto en achetant d’autres taxis et Sotrama et c’est Demba qui faisait le dédouanement et accomplissait les formalités pour la mise en circulation aux frais de Assitan. Une fois a expliqué Assitan aux enquêteurs, elle a voulu s’associer avec un certain Keita résident en Espagne pour commercialiser des moteurs casses. Sa part de contribution s’élevait à 15 millions qu’elle a mobilisés pour remettre à Demba lequel devait les envoyer par Western à Keita en Espagne. Il n’en fut rien. A la demande de Demba, elle a vendu sa voiture pour offrir 4 millions à Doro comme frais de visa. Mais ce dernier n’a pas eu de visa et l’argent a disparu. Ayant la gestion du parc qui compte plusieurs véhicules qu’il exploite à sa guise, un jour Demba lui a dit qu’il a vu dans les signes que pour guérir, Assitan doit obligatoirement transférer la propriété de tous ses biens en fer au nom d’une tierce personne. Aussitôt dit, aussitôt fait. Avec le concours d’un douanier du nom de Mangara Doumbia en service à Kadiana, (une demande a été adressée à sa direction pour sa mise à la disposition de la Justice), la propriété de tous les véhicules de Assitan a été transférée au nom de Demba Barry, avec souvent des falsifications de numéro d’immatriculation. Il en est ainsi par exemple de la mercedès 190 précédemment immatriculée S 1014 MD qui sera re immatriculée à Koulikoro au nom de Demba Barry sous le numéro S1014 M2 et revendue par lui à trois différents acquéreurs. Au total, ce qu’elle a pu retenir ou prendre en compte, Assitan estime à plus de 75 millions de nos francs, la valeur des biens que Demba lui a détournés ou obtenus sur son dos: véhicules, argent, animaux, champ etc et dont elle réclame la restitution maintenant qu’elle n’est plus sous son emprise. A son interrogatoire, Demba a prétendu que les véhicules lui appartiennent et que c’est lui qui les a achetés. Mais une fouille de son domicile a permis aux enquêteurs de découvrir les papiers originaux de tous les biens litigieux, établis au nom de Assitan Diaby et de confondre son marabout. Ce dernier et son bras droit Doro Tambadou sont déférés devant le Procureur de Kati pendant que leur victime est sous sérum. A ses dires, elle traîne à présent les effets des « Nachi » que lui ont administré Demba et l’imam Sidiki Sidibé.
Sidi Traoré