Soupçon de cannibalisme en pays Bobo : La pauvre dame surjouait-elle son rôle ?

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    Dans cette mauvaise blague, la veuve de l’ex-agent des eaux et forets lorgnait-elle vers la poche du ministre de la Solidarité ? La réponse est bien évidemment oui pour la communauté des Bwa(des bobos) ou bobo de notre capitale qui ne cachent  plus leur colère, leur indignation, ni même d’ailleurs leur stupeur devant cette accusation gravissime de "cannibalisme" portée par la veuve d’un ex- agent des eaux et forets, dont le corps sans vie avait mystérieusement disparu, il y’a environ une vingtaine d’années, précisément en 1988 en pays bobo.

    Cette dénonciation, lourde de conséquences, a été faite au cours de la grande messe de l’Espace d’interpellation démocratique (EID). Ce "marqueur démocratique" qui peine douloureusement à justifier toute la pertinence de son utilité, voire le bien-fondé de son existence .Mais, qu’à cela ne tienne, il reste, malgré tous ces griefs, la tribune privilégiée pour tous les sans-voix de notre pays. C’est ainsi que, dans sa pathétique et poignante  "déposition", la veuve hypermediatisée, — le temps d’une piteuse prestation — laisse clairement insinuer comment le corps de son héros de mari, mort sur les champs de mars, a fini sa course au fond d’une marmite en pays bobo, c’est-à-dire vers les environs du village de Bouani, ce patelin situé dans l’arrondissement de Fangasso. Et, dans une mise en scène théâtrale digne des plus grandes créatrices de notre pays elle a réussi, grâce à une fourberie extraordinaire, à jeter une véritable impression de vérité sur ce macabre événement, dans une salle visiblement emballée et acquise à sa cause.

    Certains, parmi les plus sensibles, n’ont pas pu retenir leurs larmes. Du coup, la communauté des Bwa ou des Bobos se voit vivement remontée par la résurgence de cette vieille affaire, alors que la page noire semblait tournée. Et cela d’autant mieux que les deux principaux protagonistes de cette histoire (l’ex-agent des eaux et forêts et le principal suspect du crime) sont tous deux décédés.

    Le médecin légiste, qui a procédé a l’autopsie du cadavre, avait conclu hâtivement à la thèse d’anthropophagie, après avoir ausculté quelques ossements déposés dans un lieu gardé jalousement secret depuis l’exécution de ce tragique scénario.

     Mais, en réalité, que sait-il passé ce jour-là pour que cet ex-agent des eaux et forêts se soit aussitôt vu passer de vie à trépas ? Son excès de zèle, son manque d’humanité, soulignent quelques illustres représentants de cette communauté des Bwa, toujours si prompte à défendre énergiquement leurs rites et traditions. Quoi de plus sain et normal dans un pays drastiquement confronté à une vive et inéluctable crise identitaire ?

    Selon quelques témoignages glanés ici et là, l’ex-agent a été vu la dernière fois sur sa mobylette au guidon duquel pendait un poulet,  lorsqu’il traversait le village de Bouani en direction d’un village voisin. Flairant un bon coup, il choisit alors de se mettre en travers du chemin pour bloquer l’avancée joyeuse  d’un jeune charretier arrivant dans la direction inverse. Qu’est ce qui s’est alors passé ? Personne ne vous répondra avec exactitude; mais c’est le corps sans vie de l’ex-agent que le jeune charretier va constater quelques minutes plus tard sous sa cargaison remplie de "feuilles vertes" (oh ! quel crime de lèse-majesté) et tractée, il faut le préciser, par une vigoureuse jument. La peur – panique, qui s’est littéralement ensuite emparée du jeune "fugitif" expliquera naturellement la suite de cette triste et regrettable affaire.

    Alors que faire pour faire disparaître ou dissimuler cet encombrant colis ? Voilà une question douloureuse qui taraudait sans cesse dans la tête embrouillée de cet " assassin ". Peut-on soutenir, ici, la thèse d’une préméditation ? En tout état de cause!

    L’œil de Caen

    Ce qui devrait arriver arriva. Le cadavre de l’ex-agent ne sera retrouvé que bien plus tard. Pour les besoins de cette enquête, qui fut très musclée selon des témoins, tout le village de Bouani sera interrogé à Tominian, cette ville où succombera également le malheureux suspect des suites de tortures mortelles. Et pourtant c’est lui-même qui s’était rendu volontairement auprès des enquêteurs pour avouer son crime. Affaire à suivre dans nos prochaines parutions.

    Bacary Camara

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