Social : Le loyer : un casse-tête pour les maliens

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    Le non paiement du cadastre constitue au Mali, un important manque à gagner pour  l’économie nationale

     

    D’année en année, le loyer devient cher et même très cher pour le malien moyen. Pourquoi cette surenchère dans un pays où le salaire minimum ne peut subvenir aux principaux besoins familiaux? Le cadastre est-il régulièrement payé par les propriétaires de maisons, d’immeubles où autres édifices, pour qu’ils montent le prix des loyers aussi haut ? Le non paiement du cadastre, ne constitue-t-il pas un gros manque à gagner pour les Impôts en particulier et pour l’économie nationale en générale ? Voici autant de questions qui méritent  réponses, aux fins de soulager, d’une part des millions de maliens qui n’ont pas les moyens de se payer un lot à usage d’habitation et qui n’ont autre moyen que de vivre en location. D’autre part, il s’agira pour l’Etat de combler un vide, du moins un gros manque à gagner pour le Trésor public, en exigeant aux nombreux propriétaires d’immeubles, maisons ou autres édifices, le paiement du cadastre.

     

    La floraison  anarchique des agences de gestion immobilières, chargées de gérer les locations, est devenue de nos jours un grand mal pour des  personnes  à la cherche d’un toit pour se caser. Le constat, dans tous les sens, est amer.

    D’une part, les propriétaires des maisons, immeubles et édifices, après avoir terminé la construction de leurs biens immobiliers, les confient généralement à une agence immobilière. La suite, est sans commentaire, pourvu, que le proprio trouve son argent à la fin du mois. Les prix fixés pour ces loyers sont unilatéraux et ne respectent pas les textes en la matière. De même, la gestion n’est pas conforme avec la règle du cadastre.

    D’autre part, l’un des grands problèmes et pour le propriétaire immobilier et pour le locateur, est la façon de  gérer la situation des loyers. Les gestionnaires d’agence pour la plupart des cas, ajoutent leur soit-disant commission sur le prix fixé par le ou les propriétaires.

    Les spéculations orchestrées par certaines agences de gestion immobilières et leurs complices de sous-traitants, appelés « Cocseurs » font que les gens ont peur de se mettre à la recherche d’une maison à louer.

     

    Imaginez, une maison de 2 chambres, un salon, une cuisine, une douche interne ou externe, devant être initialement cédée à 20 ou 25 000FCFA. Mais avec les spéculations des gestionnaires d’agences  immobilières et leurs complices de sous-traitants, elle reviendra  très chère au locataire  souvent à 50 000FCFA voire plus. Ces gestionnaires immobiliers ne payent pourtant rien à l’Etat comme taxe.

    Là aussi, faut-il le signaler, cet arnaque se fait au vu et  su de tous sans que personne ne crie au scandale. Il s’agit d’une véritable misère surtout pour les chefs de familles.  .

     

     

    Des témoignages accablants

    Doivent se sentir interpellés, le Président ATT, le Ministre de l’Habitat et des Logements  et le Directeur général de  l’Office Malien de l’Habitat

    Lamine Sogoba un recalé de l’ENA, sans emploi, domicilié au quartier de l’Hippodrome, en Commune II du District de Bamako: « Il y a lieu que les autorités  voient la situation de la location au Mali. Si le Président ATT, le Ministre de l’Habitat et des Logements et le Directeur Général de l’Office Malien de l’Habitat n’agissent pas à temps, d’ici deux à trois ans, le malien moyen, qui n’a pas un pouvoir d’achat élever pour se tailler une maison pourrait se retrouver  dehors ».

     

    Notre interlocuteur d’ajouter «C’est le lieu pour moi de remercier tout de même, le Président ATT, qui, sans pour autant prendre des mesures draconiennes pour réguler la location au Mali,  a quand  même eu l’idée, de construire des logements sociaux pour les maliens, cela, quand bien même  tous les maliens n’ont pas accès à ces logements sociaux.

     

    Je suis un recalé de l’ENA et j’ai à ma charge, ma vieille maman en plus de 5 petits frères et sœurs. Je vis en location depuis plusieurs années. Chaque année, l’agence immobilière qui gère la maison où j’habite avec mes parents, vient chanter dans mon oreille comme quoi, le propriétaire de la maison veut augmenter le loyer.

     Je précise, que je vis avec mes parents dans une maison à deux chambres, avec un petit salon et une douche externe. Ce sont mes frères et moi qui avions bricolé quelque chose afin de permettre à nos deux sœurs de cuisiner au moins sous l’ombre.

    La location au Mali constitue véritablement  un casse-tête. Il faut que les plus hautes autorités prennent en main leur courage, pour réguler, les prix de locations. Il faut que les uns et les autres sachent, que nous vivons dans un pays pauvre, du moins, ne disposant des mêmes faveurs que les autres. Nous devons être raisonnables chez nous, et nous dire  que la surenchère ne nous amène nulle part ».

     

    Le loyer au rythme où vont les choses, risquerait de ne plus être à la portée du malien moyen !

    Pour madame Awa Diallo, commerçante de son état et habitant le quartier de Banconi, en Commune I du District de Bamako, « Le loyer à ce rythme où les choses vont, risquerait de ne plus être à la portée du malien moyen d’ici 2012 ».

     

    Madame Awa Diallo, veuve et ayant à sa charge 3 enfants, craint que les choses ne deviennent plus dures pour le malien moyen d’ici la fin du second quinquennat du Président Amadou Toumani Touré. Elle nous a confié ceci : « Face à la cherté du loyer et au rythme où vont les choses, ce qui est sûr, le mien,  dans un futur proche, risquerait de ne plus être à ma portée. Je ne serai pas seule… En tout cas, sachez qu’au moment où je vous parle cher frère journaliste, je ne peux pas vous dire le degré d’amertume que j’ai dans mon cœur en rapport avec le loyer que je paye à la fin de chaque mois. Mes enfants et moi sommes dans une maison à deux chambres, sans magasins, sans douche interne, à 45 000FCFA.

    Face à cette situation, je suis triste et même très triste, de constater que les autorités jusqu’ici, n’ont rien entrepris pour soulager les populations.

    Au Mali, excusez-moi du terme, on a l’impression, que l’on ne veut pas dire la vérité, chacun se contente  de fermer les yeux sur la misère et le malheur des pauvres. 

     

    Par ailleurs, les maisons mises en location appartiennent pour la plupart des cas à des responsables administratifs, politiques et à des opérateurs économiques. Ceci explique cela.

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    Les agences et leurs complices de coxseurs constituent des vrais casse-têtes,  pour les locateurs !

     

    Je suis commerçante, j’effectue assez de déplacements à l’extérieur, surtout dans les pays qui nous entourent. La façon dont les locations sont gérées chez nous au Mali, ce n’est pas comme çà au Burkina Faso, ni au Togo.

     

    En Côte d’Ivoire, en dépit de la crise, qui a secoué ce pays ces derniers temps, les prix des loyers n’ont pourtant pas changé. Pourquoi cela ? Parce que dans ce pays, l’autorité veille bien sur tout. En Côte d’Ivoire, si quelqu’un s’hasarde à créer la surenchère en loyer, il aura sur son dos la direction des  impôts et le patron du cadastre, en un mot les autorités.

     

    Et si l’on appliquait de telles règles chez nous au Mali, ce qui est sûr, les choses allaient se passer autrement. Le fait de ne pas être soumis au respect des règles en la matière, n’importe qui fait n’importe quoi, pour se faire, n’importe comment de l’argent. Imaginez que l’on doit payer une prime de 2 000 F CFA de commission pour le « cocseur ». Un montant non remboursable que la maison trouvée soit ou non de votre goût. 

    Cela doit cesser. Pour mettre un  frein à ces genres de situation, seul l’Etat est en mesure de poser certains actes. Hélas…».   

     

     « Les vrais coupables dans cette situation de surenchère des locations sont les responsables de notre pays ».

     

    Mamadou Koné, enseignant vivant à Magnambougou :

    Notre interlocuteur furieux contre les agences immobilières qui l’aurait arnaqué au moment où il était à la recherche d’un local pour loger sa famille dira : « Je sais que les autorités, si elles le veulent bien, sont en mesure de régler cette question.  Nul n’est au dessus de la Loi.

    Vous savez, j’ai l’impression qu’au Mali, chacun fait ce qu’il veut et personne ne dit rien. Vraiment, il est grand que cette impunité cesse. Vous m’avez posé la question, de savoir si j’ai connaissance du cadastre. Bon!  J’ai entendu parler du cadastre, mais j’avoue que j’ignore ce que c’est le cadastre au Mali.

     

    D’après les connaisseurs, j’ai tout de même compris que le non paiement régulier, voir le non paiement tout court du cadastre constitue un gros manque à gagner pour notre économie. Parlant de cette situation, je trouve que les services des impôts ne jouent pas  leur rôle. Si vous voyez que les propriétaires des maisons renchérissent n’importe comment les locations de leurs maisons, c’est parce qu’il n’y a pas de suivi régulier sur les prix des locations.

    Je crois que face à la situation, tout le monde est interpellé. Je veux parler des autorités, des propriétaires de maisons et des agences immobilières et leurs complices de cocseurs ».

     

    Par Zhao Ahmed Amadou Bamba

     

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