Le coup de pioche que la Brigade de Recherche (BR) du 13e arrondissement de police de Bamako vient de donner au cœur de la pègre malienne nous interpelle quant à l’ampleur du trafic de drogue au sein de notre société. Car ce sont plus de 650 kilos de cannabis qui viennent d’être retirés de la circulation en une seule fois.
Ne vous fiez pas à l’eau qui dort en vous y plongeant sans méfiance, dit l’adage. On pourrait le paraphraser en disant qu’il ne faut pas se fier à ce qui se trame derrière un portail perpétuellement fermé au regard des passants.
Pour cause, la concession dans laquelle la Brigade de recherche du commissariat du 13e arrondissement a déniché la drogue est un domicile pas tout à fait achevé mais dont le portail toujours fermé, n’attirait aucun doute quant à ce qui se passait en ce lieu.
Tenez-vous bien. Ce sont au total 329 briques de cannabis, soit 658 kilogrammes qui y ont été découverts.
Réputée travailleuse, la BR du 13e arrondissement a fini par avoir la confiance des citoyens qui n’hésitent pas à lui fournir des renseignements utiles. C’est donc grâce à une dénonciation anonyme que la BR a eu vent de cette cache soigneusement sélectionnée par les trafiquants de drogue. C’est au quartier Sirakoro. Arrivés sur les lieux pour confirmer l’information, les enquêteurs trouvent sur place un homme et son épouse. Renseignements pris, l’homme qui dit répondre au nom de Bakary Togo, affirme être le gardien commis à la surveillance des lieux. Le domicile est constitué d’un bâtiment de trois pièces occupé en partie par le gardien et sa compagne. La perquisition menée par les limiers de la police révèle une cache de drogue. Mais leur surprise est d’autant plus grande qu’ils y trouvent 8 balles qui s’apparenteraient à de la friperie. Mais non. Les éventrant, les policiers comprennent qu’il s’agit de balles de cannabis. Chacune d’elles contient 40 briques : ce qui fait 320 briques. Ils trouvent 9 autres briques trainant à côté. Peut-être le reste d’une balle très entamée. Sur la balance, la saisie se chiffre à 658 kilos.
Interrogé, le gardien des lieux dit savoir l’existence de ce stock de drogue mais décline son implication dans le trafic. Il ne faisait, selon lui, que son travail de gardien. Ce qui est bien curieux de sa part. A l’interrogation de savoir à qui appartiendrait cette marchandise illicite, il cite le nom de Famoussa Djibo. Ce dernier est en fait le propriétaire de la concession. On dit de lui qu’il serait domicilié tantôt à Daoudabougou, tantôt à Sogoniko. La promptitude de la BR va les amener à faire une descente sur les deux lieux d’habitation indiqués. Mais elle reste stérile malgré leurs efforts, car le sieur Famoussa n’était à aucun des lieux ciblés. Toutefois, il reste ardemment recherché mais finira par tomber dans les filets de l’Inspecteur principal Moïse Baya et ses collègues de la BR du 13e arrondissement de police du District de Bamako, quand on connait leur taux de réussite. En mars dernier, ils avaient procédé à une autre saisie impliquant un Burkinabé. Ce dernier transportait plus d’une centaine de kilogrammes de cannabis à bord d’un véhicule Mercédès. Il a été remis à la justice pour répondre de ses actes.
En ce qui concerne le gardien Bakary Togo, qui ne sait pas que surveiller une cache de drogue est un délit, il a été déféré et croupi à la Maison d’arrêt et de correction de Bamako pour être situé sur ce que le droit prévoit dans ce genre de cas.
Abdoulaye KONATE