Investi officiellement depuis 1997 et reconnu par le Haut conseil islamique, Gaoussou Cissé, fait l’objet d’une violente manifestation de colère d’une partie de la population. A l’origine, une polémique autour de la vente d’un lot à usage d’habitation situé non loin du cimetière. Nous sommes allés voir. Tout porte à croire que c’est la tête du chef de village qui est, en réalité, mise à prix.
L’atmosphère est aujourd’hui des plus délétères à Sirakoro-Dounfing entre un groupe de réactionnaires (mené par un certain Sidi Lamine Dembélé), le chef de village et l’imam.
Tout a commencé, en effet, il y a quelques années quand l’imam Gaoussou Cissé a décidé de vendre son lot à usage d’habitation offert, par charité, par un habitant du village. Il n’en fallait plus pour provoquer la colère d’un groupe de jeunes. Ils décident de s’en prendre au chantier du pauvre à qui la parcelle a été vendue. Les mécontents justifient leur acte par le fait que le lot en question viole l’espace du cimetière.
Lorsque nous nous sommes transportés sur les lieux, le constat est sans appel : la parcelle en question n’a rien à voir avec le cimetière. Le plan géométrique de la zone le confirme de manière formelle. D’ailleurs, de nombreux habitants interrogés sur les lieux sont stupéfaits et s’interrogent sur les vraies raisons de la colère de ce groupe de jeunes.
Dans le souci, dit-il, d’éviter tout affrontement entre ses partisans et ses détracteurs, et de sauvegarder la paix et la cohésion (comme lui recommande la religion musulmane), l’imam Cissé a décidé de renoncer à la parcelle et a promis à l’acquéreur d’en trouver dans une zone sans litige. L’acheteur, qui est aussi de Sirakoro-Dounfing, n’y trouve aucune objection. Mais c’était sans compter avec l’acharnement de Sidi Lamine Dembélé et ses éléments. Car, malgré ce compromis et le verdict du commissaire du 2e arrondissement, les mécontents réclament que l’imam renonce à ses responsabilités à la mosquée.
Et depuis quelques jours, c’est une autre personne qui a pris la direction des affaires. Pourtant, le représentant du HCI a été, on ne peut plus clair sur l’affaire. Selon lui, aucun acte malsain n’a été posé par l’imam Cissé pour provoquer sa destitution. En clair, tranche le représentant de la confession religieuse, la décision de nomination Gaoussou Cissé en date de 1997, reste valable.
Après toute analyse logique, les observateurs sont formels que l’objectif principal de ce litige ne vise pas l’imam. La réalité est qu’à travers lui, les activistes veulent atteindre le chef de village, dont ils contestent la légitimé.
Fausse polémique autour de la chefferie
Créé en 1862, Sirakoro-Dounfing est territorialement un des quartiers de la Commune III. Ici, le chef de village s’appelle Lassinè Niaré. Il est le 14e chef du village. Les anciens sont formels : les Niaré sont les familles fondatrices du village, et de ce fait, ce sont elles qui tiennent la chefferie.
Malheureusement depuis quelques temps, un groupe de personnes contestent cette légitimité. Elles soutiennent qu’en réalité la chefferie revenait aux Kéita. Stupéfaction et indignation dans les familles du chef de village, qui voient en cette révélation une provocation et un affront.
“Depuis 1862, la succession à la tête du village est assurée par notre famille. Et les différentes investitures, dont la mienne, sont certifiées par le ministère de l’Administration territoriale. Je ne sais d’où ils sortent cette histoire. Pour moi, ce sont des aventuriers, dont l’objectif est de déstabiliser le village”, a déclaré le chef de village Lassinè Niaré. Ce qui fera dire à certains, que l’affaire du lot concernant l’imam n’est que la face cachée d’une vive contestation problème autour de la chefferie.
Bref, il n’y a pas de doute, le chef de village et l’imam Gaoussou Cissé sont victimes de la chasse aux sorcières. Et le nouveau ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire est interpellé.
Affaire à suivre…
Issa Fakaba Sissoko