Le Mali n’est pas en insécurité avec les groupes armés seulement, mais aussi, souvent, avec ses forces armées et de sécurité. Dont certains éléments, rament au sens contraire et n’hésitent point à faire équipe avec la pègre. Surtout en cette période de grande crise où la fête de Tabaski et la rentrée des classes pointent à l’horizon. Une période réputée par beaucoup de délinquants pour émerger dans le vol de bétail, notamment des moutons. Mais, lorsqu’il s’agit d’un agent de la garde nationale, on ne saura plus où mettre la tête. Eh bien ! C’est le cas actuellement pour l’agent de garde, 2ème classe, Yoro Sidibé, en service, tenez vous bien, à la Banque Nationale du Développement Agricole (BNDA) de Mopti. Lequel, curieusement cité dans une affaire de vol de 5 moutons de race tchadienne, par un réseau de voleurs de bétail. Dont les membres (Kisso Diallo, 46 ans ; Amadou Korobara, 41 ans et Amadou Bah, 28 ans) qui ont été mis en garde à vue au commissariat de Sévaré, ne sont pas allés par quatre chemins pour se mettre à table, en reconnaissant les faits, tout en dénonçant le garde Yoro Sidibé comme commanditaire du vol. Quand les éléments de la police sont passés à son domicile, où le bélier était attaché, l’agent de garde concerné lui-même était en mission d’escorte de la BCEAO dans la région de Tombouctou.
En effet, tout a commencé avec une plainte déposée au commissariat de Sévaré par un habitant de Sévaré, du nom de Bocari Cissé, enseignant de son état, domicilié au quartier Bankétaba à Sévaré par rapport au vol à son domicile de ses cinq moutons. Avec tous les détails concernant, les signes distinctifs des moutons concernés qui sont tous de race tchadienne, dont l’unité coûte 385 000 F CFA. Estimativement, les cinq animaux sont évalués à 1 400 000 FCFA.
Dès la réception de cette plainte de disparition de moutons, les limiers du commissariat de Sévaré sous la coupole du commissaire de police Mamby Traoré, commissaire adjoint du dit commissariat, ont mis leur machine en branle. A travers la ville de Sévaré et villages environnants, tous les pâturages, troupeaux suspects et marchés de bétail seront passés au peigne fin. Jusqu’au jour où l’officier de police Mamby Traoré lui-même, de partance à la pharmacie de nuit, aux environs de 4H 35 mn, aurait aperçu un berger en train de sortir de la banque BNDA en compagnie d’un autre, sans crainte. Une scène qui suscita du doute chez l’officier de police, qui ne s’est pas empêché de rebrousser chemin pour aller constater de visu si le garde en faction de cet établissement financier était au courant de la présence de ces personnes suspectes en une telle heure tardive. Malheureusement, toutes les salutations du commissaire Traoré n’ont pas eu de répondant. C’est là qu’il aurait compris que les deux hommes qui sont sortis de la banque n’étaient pas de simples visiteurs. Une évidence, car dès qu’il est ressorti de la banque, il aurait aperçu les deux hommes en train de prendre leur jambe au cou. Ainsi commença une course poursuite entre le commissaire Traoré et les deux suspects, jusqu’au niveau des habitations abandonnées derrière une boulangerie. Devant la menace de l’officier de police, l’un des coureurs obtempère et l’autre s’éclipsa dans une zone sombre. C’est lorsque le commissaire Mamby Traoré l’a maitrisé qu’un agent de garde est venu se planquer pour se présenter comme gardien de la BNDA, tout en suppliant le policier en chef de laisser libre le berger suspect. Une demande refusée par le compol Traoré, qui a conduit le suspect au commissariat pour y passer la nuit en attendant de retrouver son compagnon, c‘était le soir du 18 septembre. Curieusement, tôt le matin, le garde Yoro Sidibé s’est présenté au commissariat afin de demander la libération du berger suspect. Toute chose refusée par les agents en poste, qui ont demandé à leur collègue d’armes d’attendre le commissaire Traoré pour traiter la question. Et quand celui-ci est venu, il a demandé gentiment à l’agent de garde de garde sa patience en attendant qu’on retrouve l’autre qui a disparu dans la nature. Les policiers n’étaient pas au bout de leur surprise, car lorsque le suspect Kisso Diallo est passé aux interrogatoires, il n’a pas tourné autour du pot pour dénoncer ses autres complices. A savoir : Amadou Korobara, 41 ans, boucher de son état, résidant à Moura (Djéné) et Amadou Bah 28 ans, étalagiste, vivant à Toguel (Mopti). Qui ont été tous, à tour de rôle, péchés par les limiers du commissaire Traoré. Aux questions des policiers, dont l’inspecteur chef-adjoint de la Brigade de recherche, tous les prévenus ont reconnus être membres d’un réseau de voleurs de mouton à la solde de l’agent de garde de 2ème classe, Yoro Sidibé. D’ailleurs, ils ont affirmé être les auteurs du vol des moutons de race tchadienne de l’enseignant Bocari Cissé. Et ont même affirmé que les dits moutons se trouveraient au domicile du garde Yoro Sidibé, en ce moment en mission à Tombouctou. Tout travail cessant les policiers se sont rendus au domicile de leur collègue de la garde nationale, sous les applaudissements du voisinage, ils y sont ressortis avec le gros bélier, celui de l’enseignant Cissé, attaché dans la cour par l’entremise de Yoro Sidibé.
Après 48 heures réglementaires de garde à vue, la police de Sévaré a envoyé l’affaire devant le procureur du tribunal de Mopti. Sous la conduite du procureur général près du tribunal de première instance de Mopti, Bandiougou Traoré, nouvellement arrivé dans la Venise malienne, les trois suspects voleurs ont été mis sous mandat de dépôt. Il reste leur chef de file, le garde Yoro Sidibé, dont la demande de comparution fut adressée à l’état major de la garde nationale, qui n’a pas encore donné leur réponse. Entre temps, l’on ne sait pas où sont cachés les quatre autres brebis de race tchadienne. Ce qui reste sûr est que la banque BNDA au niveau de Mopti entend revoir son bail avec la garde nationale. Car, avec de tels agents comme gardien d’un établissement financier important, c’est la porte ouverte aux voleurs, brigands et braqueurs de tout acabit.
En tout état de cause, le démantèlement de ce groupe de voleurs de moutons donnera une bouffée d’oxygène à la population de Sévaré, paniquée ces derniers temps par les nombreux cas de meurtres, sans motif, perpétrés dans leur localité.
Affaire à suivre.
Nana Cissé