L’interpénétration culturelle oblige, depuis de longues années, à chaque période de la canicule, les jeunes de Bamako assaillent les berges du fleuve Niger. Ils les appellent «plages». Le malheur est que chaque week-end, les jeunes majoritairement des garçons, se font noyer. Les autorités ne peuvent-elles pas agir, comme elles ont fait concernant l’insécurité routière?
Selon une source proche de la société EDM-SA et du service de la protection civile, dans les plages, chaque fin de semaine est marquée par des séries de noyades. En effet, la plupart des jeunes du Mali qui fréquentent ces berges sablonneuses ou rocailleuses, selon les endroits, ne savent pas du tout nager. Et aucun dispositif n’est mis en place pour éviter le pire. Pas de «maîtres nageurs», encore moins la signalisation des zones à risque par des balises. Aussi, la protection civile n’est appelée qu’après la survenue de l’irréparable. Elle se pointe le nez très sous équipée. Est-ce qu’elle dispose de gilets de sauvetage et de canoës? Si oui, que fait-elle avec ces outils?
Ainsi, le silence radio des autorités fait que des jeunes sont en train de mourir. Les familles sont plongées dans le deuil et le pays perd ses bras valides. Pour preuve, notre équipe qui s’est rendue sur le lieu, a appris qu’hier après midi, un autre jeune s’est noyé. Les pêcheurs mis à contribution n’ont, pour l’instant, pu retrouver le corps de la victime.
Selon notre source, le drame qui se produit au vu et au su de tout le monde, ne décourage point les baigneurs imprudents. Ceux-ci continueront à batifoler comme si de rien ne s’est passé. Par ailleurs, les superstitieux estiment que ces noyades sont dues à certaines actions lascives que les jeunes commettent dans l’eau. «Les génies qui peuplent ces eaux sont contre ce que font sous l’eau nos jeunes, au nom du plaisir», a dit avec un ton de colère une vendeuse de poissons frais à Missabougou.
Ces allégations sont-elles vraies ou fausses? En tout cas, la prudence doit être de mise. Faisons tout avec modération et évitons de porter atteinte à ce qui est considéré être «Sacré». Car souvent, le réel et l’irréel se joignent.
Sékou Coulibaly