Les faits remontent au 5 octobre 2019 à Lany “mody“, dans l’Arrondissement d’Ambidédi, cercle de Kayes où Bakary Konaté, membre des 7 familles, ayant refusé leur statut d’esclave par ascendance, a été surpris dans son champ, ligoté et bastonné par un groupe de 6 personnes, membres des familles dites “nobles“. L’affaire a fait le tour du monde sur les réseaux sociaux.
Les présumés agresseurs, proches parents d’un conseiller au cabinet de la Primature, ont été interpelés et entendus au niveau du Procureur de la République, près le Tribunal de Grande instance de Kayes.
Les présumés auteurs sont tous aujourd’hui sous contrôle judiciaire, et doivent se présenter à la justice le 13 de chaque mois. Ce sont : Salia Kanouté, Ousmane Kanouté, Djikiné Kanouté, Kaou Kanouté, Djiby Kanouté et Bilaly Néné Kanouté. A ces 6 s’ajoutent 2 autres complices : Wagui Bathily et Djiby Bakary Batilly, tous sous contrôle judiciaire.
Le Camp du Réseau d’activistes : “Gambanaxu“ (Traduction : “nous sommes les mêmes, en droit et en devoir“ en Soninké) s’est dit déterminé à combattre toutes les formes d’esclavagisme par ascendance.
Aux yeux des chefs des villages, (de Lany “Takhoutala”, Lany “Tounka”, Lany “Mody”, Khabou Gadiaga et Ségala) que nous avons rencontrés sur place le 7 décembre 2019, c’est un complot entretenu et muri de l’extérieur pour déstabiliser la cohésion sociale et détourner les populations civiles villageoises de leurs objectifs de développement.
Injonctions du tout puissant Conseiller à la primature pour étouffer l’affaire. Ce conseiller s’appelle Sidi Kanouté, proche des familles des présumés agresseurs.
Selon des sources concordantes que nous avons recoupées à plusieurs niveaux, M. Sidi Kanouté a échangé, par téléphone, avec plusieurs personnalités pour bloquer l’affaire ; à commencer par le Commandant de Brigade de la Gendarmerie (CB), le Préfet, le Gouverneur, le Procureur, le Juge d’Instruction, les avocats … Ces personnalités ont pour la plupart poliment décliné l’offre de coopérer du Conseiller de la Primature.
Cependant, plusieurs dizaines de millions de francs CFA ont bel et bien circulé ; et circulent encore entre les mains des intermédiaires des deux parties et les auxiliaires de justice (gendarmes, huissiers commissaires-priseurs, avocats…) des deux parties qui se frottent les mains en pareilles circonstances.
Trafics d’influence sur fonds de corruption à ciel ouvert
Au cours de nos investigations, nous avons constaté qu’il y a des avocats qui ont été recrutés à Kayes et payés à 500 000 F CFA par mois (avocats salariés) par le Réseau d’activistes : Gambanaxu. Mais, en dépit des tentatives du Conseiller à la primature, Sidi Kanouté, d’étouffer le poussin dans l’œuf, le Cabinet du Juge d’Instruction est resté serein et l’affaire poursuit son cours normal (les présumés agresseurs sont tous sous contrôle judiciaire).
Lors de la rentrée judiciaire en octobre dernier, le président de la République a rassuré l’Institution judiciaire malienne de son soutien total pour une distribution saine de la justice.
L’esclavage par ascendance, une bombe à retardement dans la région de Kayes
La dégradation de la cohésion sociale constitue aujourd’hui une véritable menace pour la paix et le développement des centaines de villages en première région. On n’enterre plus ensemble les morts, on ne prie plus dans les mêmes mosquées, les caisses villageoises sont séparées…Quel avenir pour les réalisations communes ? Il s’agit des Centres de Santé communautaires, Coopératives agricoles multifonctionnelles, Ecoles communautaires, Adduction d’eau, Petits barrages de retenu d’eau, Pharmacies rurales, Electrification rurale, Téléphonie rurale, Pistes rurales, Banques de céréales, Ecoles Coraniques, Medersas…
Les statistiques des conflits, latents ou ouverts (disponibles à ce jour au Parquet du Tribunal de Grande Instance de Kayes), liés fondamentalement à ce phénomène d’esclavage par ascendance, prouvent à suffisance la nécessité de trouver des solutions idoines à travers l’engagement et l’intervention des toutes les composantes sociales (Organisations de la Société Civile, leaders religieux, leaders d’opinion, notabilités, Organisations communautaires de base, les notabilités de bonne volonté…).
Parmi les récentes affaires, il faut noter celles de Kerwané (Cercle de Diéma), de Ker miss (Cercle de Yélimané), de Sansangué (Arrondissement d’Ambidédi), de Lany “Mody” (Arrondissement d’Ambidédi),
L’Etat est interpelé en premier lieu pour trouver des formules souples d’intervention avant qu’il ne soit trop tard. Le terrorisme, dont on parle jours et nuits, tire aussi son essence dans la mésentente, la division au sein des communautés pour s’infiltrer, proposer ciel et terre et s’installer. On éteint le feu au nord, un autre feu s’allume à l’Ouest.
Affaire à suivre !!!
Yoro Dabo
Journaliste