Les sages de chez nous disent ceci : « Que de jouer avec un enfant, il vaut mieux dormir le ventre vide ». Autrement dit, outre le fait qu’il ne faut pas toujours prêter le flanc à l’enfant dans ses caprices, il faut aussi veiller à ne pas dire ou faire certaines choses sous ses yeux. Sage enseignement que Seydou vient de découvrir par une nuit pas comme les autres.
Seydou est un humble habitant d’un quartier périphérique de Bamako. Humble, oui, mais pas en tout ; car figurez-vous que malgré ses modestes moyens d’auxiliaire de l’administration publique, Seydou n’a pas hésité à fonder une famille pléthorique avec trois épouses qui se concurrencent pour lui donner une progéniture tellement nombreuse qu’il a aujourd’hui du mal à gérer. 27 enfants en attendant, constituent le lot des querelles fratricides qui lui empoisonnent l’existence sous les agissements sournois et belliqueux de trois mégères qui ne se disent même plus bonjour. Dans cet environnement extrêmement explosif où les acteurs font preuve d’une rancœur à nulle autre pareille, Seydou a su dénicher un réconfort : sa troisième épouse, une jeune femme de son village qu’il a su tromper en lui miroitant mille et une merveilles pour pouvoir la convaincre de se marier à lui. Aujourd’hui, Awa est chez Seydou et malgré les trois marmots qu’elle lui a donnés, elle garde une forme appétissante. Ainsi, que ce soit la nuit d’Awa ou pas, Seydou n’a que faire des convenances ; au fait, il n’a que faire de la colère des autres vieilles ratatinées. Il s’attache les somptueux services de Seydou comme bon lui semble.
Le seul hic dans cette affaire, c’est que le 1er enfant d’Awa est ce que l’on appelle communément un surdoué, un enfant que Dieu a doté d’une intelligence précoce et phénoménale. De plus, le petit Bandiougou ne manque aucune occasion pour faire preuve de son espièglerie, confondant souvent les grandes personnes avec des questions pièges savamment montées. Bandiougou est tout simplement terrible, avec une attention posée et poussée souvent sur des choses insoupçonnées. De plus, le marmot est extrêmement collé à sa chère maman. Ainsi, malgré la présence de ses deux frères, ce jeune de 5 ans passe la nuit dans le même drap que sa mère. Jamais Bandiougou n’a dormi loin de sa chère maman. La nuit, pour pouvoir approcher la mère et satisfaire ses caprices sexuels, Seydou est obligé de laisser l’enfant s’assoupir et, sur la pointe des pieds, il se glisse pour la soulever dans ses bras et l’éloigner de l’enfant. Ce sport quasi quotidien a fini par donner une musculature impressionnante à Seydou qui ne semble pas présenter ses 50 ans. Ainsi va la vie chez Seydou ; ainsi vont les nuits de sagacité avec la douce Awa.
Ce soir, il était 20 heures et déjà, Seydou avait du mal à bien marcher dans la cour de la concession où il faisait ses va et vient. Motif, il a effectué un séjour d’une semaine au village et, dès son retour, l’envie lui est montée de se retrouver dans les bras de sa dulcinée. Seydou avait placé une chaise au bon milieu de la cour et il ne cessait d’appeler Awa, juste pour que quand elle se retourne, il puisse observer ses somptueuses rondeurs. A 22 heures, Seydou avait envoyé toute la maisonnée au lit. Le petit turbulent était même parti au lit en pleurnichant. A peine trente minutes après qu’il eut envoyé les enfants au lit, Seydou se porta à leur chevet, histoire de vérifier que réellement tous dormaient. Il tira une grande joie quand il s’aperçut que le petit marmot d’Awa dormait profondément, jusqu’à pousser des ronflements.
Désormais rassuré, Seydou se présenta au chevet d’Awa et d’un seul coup, il la souleva. Elle ne broncha nullement car elle était bien habituée. Seydou était pressé. Il était tellement pressé que le premier pas qu’il a effectué s’avéra faux. BROUM ! Lui et Awa retombèrent lourdement sur le sol, tels deux sacs de riz. Un petit ricanement attira leur attention. Ils se retournèrent : c’était le petit Bandiougou qui s’était redressé dans sa couchette. Il ajouta : « je savais depuis longtemps qu’un beau jour vous allez tomber ». Les enfants d’aujourd’hui, méfiez vous d’eux !
La Rédaction