Il n”a rien trouvé de mieux à faire que d”aller voler afin d”obtenir l”argent réclamé par ses parents pour payer la dot de sa fiancée.
Depuis le début du mois de juin, le commissariat du 10è arrondissement organise chaque soir des patrouilles sur son territoire de compétence. Certaines nuits, les résultats de ces patrouilles sont vraiment à la hauteur de l”engagement des policiers à sécuriser leur secteur. Par contre certains soirs, les patrouilleurs reviennent bredouilles ou presque.
Ces nuits infructueuses sont compréhensibles car les malfrats se sont habitués aux sorties des policiers et s”organisent en fonction. Les hommes du commissaire Mady Fofana ont compris la stratégie des bandits et ont changé de tactique. Au lieu de sorties régulières au début de chaque nuit, les policiers font des sorties un jour sur deux ou même sur trois. Ils effectuent les rondes sur leur vaste territoire qui s”étend jusqu”à Sénou.
Dans la nuit du 6 au 7 juin, les éléments en patrouille sous la houlette de l”inspecteur Macky Sissoko ont fait le déplacement à Sénou. Il était 3 heures du matin quand les policiers à pieds (ils avaient laissé le véhicule au poste de police du quartier) ont rencontré un jeune homme qui transportait un poste téléviseur sur sa tête. Interpellé, Bourama Diallo ne voulut rien dire aux agents puisque certains étaient en civil et marchaient à pieds. Mais sur leur insistance, le jeune homme s”arrêta et leur demanda ce qu”ils lui voulaient.
Le chef du groupe se présenta et demanda tout de suite à Bourama d”où venait le téléviseur et que faisait-il à une heure si tardive avec l”appareil dans la rue. Le jeune homme bredouilla quelques mots incompréhensibles et voulut se débarrasser de l”appareil pour se servir de la vélocité de ses jambes. Les policiers l”arrêtèrent tout de suite et lui passèrent les menottes.
Conduit au commissariat, Bourama Diallo expliqua que ses parents venaient de lui adresser une lettre dans laquelle il avait été informé que sa famille lui avait trouvé une femme. Dans la même missive, les siens lui demandaient d”envoyer la somme de 50.000 Fcfa, représentant le montant de la dot. Travaillant comme manœuvre auprès d”un maçon, Bourama affirma être conscient que son salaire de journalier (1000 Fcfa) ne lui permettrait pas de s”acquitter rapidement de la dot pour avoir sa femme à côté de lui. Il choisit donc de voler puisqu”il possédait un pistolet de fabrication artisanale dont il n”hésiterait pas à sen servir au cas où il se sentirait menacé.
La policiers attendirent le grand jour pour interroger davantage le malandrin et pour procéder à une perquisition à son domicile avec l”accord du procureur de la république de la commune VI. Dans la chambre du jeune homme ont été retrouvés effectivement l”arme, quatre amulettes et un sabot d”âne. Selon le propriétaire, le sabot du bourricot est un puissant gris-gris qui lui aurait permis, s”il le portait, de ne pas être vu par une autre personne. Un lance-pierres, trois cartouches de chasse et des bandes de fils font partie des trouvailles des policiers au domicile de Bourama.
De retour au commissariat, le voleur expliqua qu”il était à la recherche d”objets à voler quand, passant devant la maison de Boubacar Togo, un marabout dogon de Sénou, il constata de loin que la porte n”était pas totalement fermée. Il s”approcha pour s”assurer que ce qu”il voyait correspondait avec la réalité. Il se glissa dans la maison. Avant de ressortir avec le téléviseur, il a pris à coté du marabout, qui dormait à poings fermés, un paquet de cigarettes à peine entamé.
Pendant que les policiers procédaient à l”interrogatoire de Bourama Diallo, le marabout Boubacar arriva au commissariat pour faire une déclaration de vol.
Un des agents l”informa que le voleur de son téléviseur se trouvait au commissariat entre les mains de l”inspecteur chef de la brigade de recherche. Le dogon alla à la section et s”assura que son téléviseur était bien là. Ensuite, il s”approcha du policier pour le remercier vivement. Le marabout expliqua au policier que sa femme, une inconditionnelle des émissions de l”ORTM, pleurait depuis qu”elle avait constaté la disparition du téléviseur. Le policier lui restitua son appareil.
Bourama a été déféré devant le parquet du tribunal de première instance de la commune VI. Aujourd”hui, c”est sûr que la recherche de la dot est plus que hypothéquée.
G. A. DICKO
Commune I : DES MIOCHES DISPARAISSENT
Le commissariat du 6è arrondissement est confronté depuis quelques temps à un phénomène peu ordinaire. De mai à ce jour plus d”une vingtaine de disparitions d”enfants ont été signalées. L”âge des enfants portés disparus varient, selon des agents du commissariat chargés de recueillir les déclarations, entre 2 et 7 ans. Les cas les plus récents concernent la petite Naomi Dembélé et le jeune Makan Coulibaly. Les deux enfants sont âgés de trois ans. Ils sont perdus de vue par leurs parents depuis plus d”une semaine.
Les policiers du 6è arrondissement regrettent le manque de collaboration de certains parents qui ne reviennent plus signaler le retour à la maison de leur enfant porté disparu. "Ceux qui reviennent sont ceux dont les enfants ne sont pas retrouvés. Ceux qui ont revu les leurs ne refont plus surface au commissariat par crainte de je ne sais quoi", confie un adjudant chef du poste de police.
Aucun lien n”a été établi comme c”est le cas souvent à Bamako entre ces disparitions et les échéances électorales en vue. "La plupart des déclarants sont des vendeuses ambulantes dont les bébés commencent à marcher. Ils profitent d”un moment d”inattention de leurs mères pour s”évanouir dans les marchés ou dans les dédales des quartiers visités par leurs mères.
G. A. D.
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