On a beau dire à Mamou de ne pas se mêler des histoires conjugales de sa fille, qu’elle courait le risque de récolter un jour les pots cassés, aussitôt ces conseils rentraient par l’oreille droite qu’ils sortaient par l’oreille gauche. Le mois de ramadan dernier, surtout coïncidé avec une crise financière, malheur pour la belle mère qui osa troubler son gendre en pleine dévotion. Ventre affamé n’a point d’oreilles, a-t-on coutume de dire. Et à Mamou de retenir la leçon, une très belle et méchante leçon.
C’était dans l’après midi d’un mercredi, dans une cour commune d’un de ces vieux quartiers en plein centre de Bamako. Encore une fois, la « vipère » comme on l’appelle dans cette cour est venue troubler la sérénité dans la famille de sa fille, se dirent les voisins. Car chaque fois qu’elle s’amène, c’est pour faire des remarques désagréables au jeune couple. Ces remontrances dérangeaient Abdoul ; et un jour il se serait d’ailleurs plaint auprès d’un oncle à son épouse pour ramener sa belle mère à la raison. Apparemment, la vieille n’a rien voulu savoir, et elle récidiva. Toujours est-il que cette fois-ci, il ne va pas avaler la couleuvre.
Sa belle mère était venue le déranger à propos du fameux sucre du ramadan, soit disant que parmi toutes ses voisines, elle est la seule à n’avoir eu qu’un seul carton. Alors, elle se mit à traiter son gendre et sa fille d’incapables.
Fatigué de se laisser insulter de cette manière, Abdoul de se jeter sur sa belle mère. Quand son épouse, alertée par un bruit assourdissant, courut pour voir ce qui se passait, trop tard, l’irréparable s’est produit. Mamou était déjà à terre et se tordait de douleur pointant son gendre d’un doigt accusateur. Quand bien même, les voisines et les voisins accoururent, c’est pour s’entendre dire qu’il y a eu plus de peur que de mal que Mamou avait glissé sur la terrasse. Mais comme la honte court comme le feu, la vérité finit par se savoir. Un œil indiscret de la concession avait tout filmé. Dès le lendemain, l’épouse d’Abdoul prit ses bagages et retourna chez ses parents. Les parents et autres émissaires de son époux auront tout fait pour la ramener dans son foyer, elle opposa un niet catégorique, qu’il lui est impossible de vivre avec celui qui a fait mordre la poussière à sa mère. Aux dernières nouvelles, elle semble revenir à la raison et exige désormais que son époux change de quartier, qu’elle ne pouvait être la risée de ses voisines et connaissances. Quant à la belle mère d’Abdoul, sans doute qu’elle y mettra des années avant de se pointer au domicile de son gendre.
Amara Traoré
Bien fait pour sa gueule
La vérité nous rattrapera tant que nous n’aurons pas accepté de faire judicieusement la synthèse culturelle au lieu de nous ensevelir dans l’occidentalisme à grande échelle.
Raison pour laquelle, nos vieux nous recommandent vivement d’observer des
critères dans le choix de belle famille. Nous refusons toujours au nom de
fol amour ou liberté liberticide
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