C’est fait. Le Contrôleur général de police Moussa Sissoko, chargé de la police du 3e arrondissement et l’Epervier du Mandé, l’inspecteur de police Papa Mambi avec l’ensemble de ses éléments de la brigade de recherche sont définitivement entrés dans la légende des grands guerriers mandings en faisant tomber l’un des tueurs du chauffeur de l’épouse du président guinéen, le Général Lassana Condé. Le déchu était l’un des hommes le plus recherché sur le territoire guinéen. Avec cet exploit doré, la police malienne vient une fois de prouver toute son efficacité malgré les moyens logistiques dérisoires dont elle dispose pour mener à bien sa mission de sécurisation et de protection des personnes et de leurs biens.
Le malheur du suspect, répondant au nom de Mohamed Mounir Dia, 24 ans, natif de Kankan, universitaire en 3e année droit en Guinée-Conakry, fils de Yaya Dia, officier de douanes et de Fatoumata Condé, est parti d’une information tombée dans le panier des services de renseignement du commissariat de police du 3e arrondissement, pilotés par l’Epervier du Mandé, l’inspecteur de police Papa Mambi Keita. Sous la direction du Contrôleur général de police Moussa Sissoko, ce dernier localise d’abord la tanière du fuyard à Sébénicoro en Commune IV du district de Bamako. Après ce travail d’éclairage, dans l’après-midi du dimanche, 23 juillet dernier, l’Epervier et ses hommes parachutent à Sébénicoro où ils surprennent le jeune Mohamed Mounir Dia au milieu de jeunes filles chez son oncle maternel, Boubacar Thiam, agent de banque. Arrêté, le suspect se fait conduire au commissariat de police du 3e arrondissement pour les besoins de l’enquête. Sommairement interrogé, le jeune homme ne reconnaît pas les faits de complicité d’assassinat du chauffeur de l’épouse du Général Lassana Condé, Mme Henriette Condé en 2003 pour lesquels il est activement recherché par les autorités judiciaires de la Guinée-Conakry. Il déclare cependant qu’il est recherché par les autorités guinéennes pour avoir fourni des armes aux principaux auteurs répondant aux noms de Abdoulaye Sinco et un certain Cheick sans autres précisions. Il faut rappeler qu’en 2003, le lieutenant Loua Condé, chauffeur de l’épouse du président guinéen le Général Lassana Condé, avait été abattu par balles en plein jour à côté de son véhicule dans la ville de Conakry. Depuis, les services de renseignements et les autorités judiciaires de ce véhicule s’étaient lancés aux trousses des auteurs de ce crime on ne peut plus rocambolesque. Abdoulaye Sinco et Cheick arrêtés dans le cadre de l’enquête, avaient dénoncé au cours de leur interrogatoire, le jeune Mohamed Mounir Dia comme étant le troisième membre du commando.
« Les vrais auteurs m’ont injustement accusé »
D’après la version des faits de l’accusé, en 2005, il a été condamné à sept mois de prison ferme dans son pays pour attentat à la pudeur. Au moment où il purgeait sa peine de prison à la maison d’arrêt de Conakry, il a fait la connaissance de Abdoulaye Sinco et Cheick. Après sa libération, il a reçu dans sa famille la visite des deux prisonniers qui s’étaient évadés. Il y sont restés pendant quelques jours. Ils prenaient du thé et sortaient ensemble jusqu’au jour où les deux hommes ont été arrêtés pour le meurtre du Lieutenant Loua Condé, chauffeur de l’épouse du chef de l’Etat, le Général Lassana Condé par une patrouille mixte lancée à la traque des détenus à travers la ville de Conakry. A leur interrogatoire, les deux hommes l’auraient accusé de leur avoir fourni des armes. Après avoir appris cette version, affirme Mohamed, il a pris peur, car, dans son pays, on n’hésiterait pas à le tuer pour ces faits hautement sensibles et qui touchent à la sécurité intérieure du pays. Pour preuve, poursuit-il, avant son départ pour le Mali, des militaires guinéens commis pour la circonstance avaient fait irruption au domicile de son père Yaya Dia, Commandant de douane. Sa famille a été soumise à une perquisition très minutieuse pendant qu’il se trouvait en ville. Lorsqu’il est revenu à la maison, il n’a pas alors perdu le temps. La même nuit, elle a pris la fuite pour venir à Bamako chez son oncle maternel Boubacar Thiam à Sébénicoro en Commune IV en compagnie de sa mère Fatoumata Condé. C’était le mercredi, 19 juillet dernier. Mohamed Mounir Dia signe et persiste qu’il ne sait rien de cette affaire quand bien même il a hébergé les auteurs dans sa famille quelques jours durant. Tout ce qu’il sait, c’est que suite à une aventure sexuelle avec une fille de son quartier, il avait fait des photos pornographiques avec cette dernière avant son mariage. Quelques mois après son mariage, son mari qui serait le fils d’un riche commerçant de Conakry aurait découvert ces photos dans les affaires de sa nouvelle mariée. Le beau-père de la jeune dame qui n’a pas pu supporter ces faits, car pensant que la dignité et l’honorabilité de sa famille sont entamées, a poursuivi l’affaire devant le tribunal qui l’a embastillé. Sa libération ne lui plait pas. Alors, le riche commerçant aurait juré de l’abattre à bout portant. Cette version a été relayée à M. Thiam par sa maman à leur arrivée à Bamako. Celui-ci a été désagréablement surpris d’apprendre que son neveu est poursuivi pour une histoire d’assassinat quelconque. Mais la question que l’on se pose, c’est de savoir pourquoi Mohamed Mounir en tant que juriste à l’université n’a-t-il pas porté plainte contre ce monsieur pour menace de mort et opposition à une décision de justice ? Ou bien veut-il faire promener ses poursuivants de policiers maliens ? Pourquoi son père en sa qualité de Commandant de douane n’a-t-il pas réagi aux menaces du riche commerçant ? Les propos du jeune Dia ressemblent à des commérages qui veulent cacher quelque chose. Mais ce qui est sûr, le suspect ne veut pas être extradé en Guinée. Car, jure-t-il, la main sur le cœur, on le fera passer par des armes. En attendant, le Contrôleur général de police Moussa Sissoko met son client à la disposition des autorités judiciaires du tribunal de la Commune II. Quel sort celles-ci réserveront au jeune fugitif guinéen ? Espérons qu’il soit protégé contre tout abus. Affaire à suivre.
O. BOUARE“