L’étudiante accepta de rendre service à une autostoppeuse en la transportant sur sa moto pour raccourcir son chemin.
Mais cette dernière l’a directement conduite dans l’antre des malfrats étudiante de son état, la vingtaine, la jeune fille au centre de notre histoire mettra du temps à effacer de sa mémoire, cette nuit où son chemin a croisé celui de jeunes délinquants surnommés « microbes », quelque part dans les environs de Sébénicoro. Dans ce quartier de la Commune IV du District de Bamako, où les faits se sont produits, ces jeunes sont connus pour leurs activités criminelles. Celle que nous désignerons par « Aïssé » (un pseudo) a eu la malchance de tomber dans le piège tendu par ces individus peu recommandables.
Ce jour-là, la jeune fille devait se rendre à Djicoroni-para dans la même commune avant de rallier le lieu de travail de sa mère, situé quelque part dans le même quartier. Chemin faisant, elle est apostrophée par une fille d’à peu près de 15 ans, qui faisait de l’auto-stop. L’adolescente lui a demandé de la déposer à Djicoroni Para. Toute chose que la conductrice accepta naturellement, vu l’heure tardive et l’air de pitié qu’elle affichait en demandant service. C’est ainsi que la motocycliste a pris la route avec sa passagère du soir qui n’avait rien à voir avec une auto-stoppeuse naturelle. La suite des faits prouvera que sa passagère faisait en fait partie d’un groupe de malfrats.
Des compagnons malfrats- En acceptant de la prendre, sa bienfaitrice du jour pouvait se douter de tout, sauf du fait que cette ados la conduisait tout droit dans un piège orchestré par les autres membres de son groupe de bandits qui les attendaient tapis dans l’ombre. Les deux ont pris ainsi le chemin à destination de Djicoroni-para. Les deux se transportaient sur un engin qui roulait à une vitesse relativement élevée.
Pendant ce temps, la passagère guidait la conductrice comme pour lui indiquer la direction de sa destination. En réalité, elle dirigeait sa bienfaitrice droit dans l’antre de ses compagnons malfrats. Les choses sont allées ainsi jusqu’à ce que les deux arrivent dans un coin peu fréquenté, un endroit quasi désert du quartier où l’autostoppeuse demanda à être déposée. à sa bienfaitrice, l’adolescente proposera deux choses : d’abord elle va la déposer, ensuite qu’elle fasse l’effort de l‘attendre, juste un instant, le temps de récupérer « quelque chose » pour qu’elles puissent continuer leur chemin ensemble.
Ainsi dit, ainsi fait. L’inconnue disparaît subitement dans une ruelle peu éclairée, laissant sa bienfaitrice seule assise sur la moto. Cette dernière attendait impatiemment le retour de sa passagère, mais elle a profité de ce temps d’attente pour écouter certains messages du téléphone. Aïssé était complètement absorbée par les SMS de téléphone portable. Brusquement, elle a été surprise par un groupe de jeunes (des complices de la passagère).
Ces jeunes gens se sont présentés à elle avant de lui poser la question de savoir ce qu’elle faisait dans le coin. « Je suis en commission », a-t-elle » répondu machinalement, sans se faire une quelconque idée sur la présence de ce groupe de bandits à ses côtés.
Ainsi les questions-réponses se sont enchaînées entre elle et le groupe de jeunes. Chose qui permettra à Aïssé de réfléchir, juste quelques secondes. Par la suite, la jeune fille comprendra qu’elle venait de se faire piéger par l’autostoppeuse à qui elle avait pourtant rendu un service peu de temps avant.
Dans les minutes qui ont suivi, la jeune fille a vécu l’enfer. Sans lui donner le temps de faire quoi que ce soit, les jeunes qui l’avaient quasiment envahi alors qu’elle était assise sur sa moto, l’ont braquée. Ils l’ont contrainte à leur remettre sa moto Djakarta, ses deux téléphones portables haut de gamme, en plus de la somme de treize (13.000) Fcfa qu’elle avait dans son porte feuille.
En réalité, les jeunes bandits s’étaient divisés en deux groupes. Le premier groupe a subitement disparu avec ce butin en cédant la place à un autre groupe de jeunes. Ces derniers ordonnèrent à la pauvre Aïssé de les suivre, sans plus de précision. Devenue leur captive, la jeune fille ne pouvait que suivre ses bourreaux sans broncher.
Elle les suivait, mais en même temps, elle réfléchissait à une solution pour sortir de ce guet-apens dans lequel elle s’est subitement retrouvée. C’est ainsi qu’elle a profité d’un moment de relâchement de ses surveillants du groupe pour se fondre dans la nature. Entre temps, elle a contacté certains de ses proches à qui elle a brièvement résumé la situation dans laquelle elle se trouvait quelque part dans les confins du quartier. Elle a été très rapidement secourue alors que ses bourreaux ont également préféré disparaître Cette histoire aurait pu s’arrêter là, si Aïssé n’avait pas raconté sa mésaventure à son entourage.
C’est en racontant cette triste histoire en public qu’elle a pu connaître et identifier l’adolescente qui l’avait piégée pour la remettre aux bandits. Sans perdre de temps, la malheureuse s’est précipitée vers le commissariat de police dont relève le secteur pour déposer une plainte contre l’autostoppeuse, espérant que les limiers mettront le grappin sur cette dernière. Heureusement, la chance était de son côté ce jour-là. Les policiers ont mis leur réseau de renseignement en branle. Quelques jours de recherches leur ont suffit pour mettre la main sur l’adolescente.
L’interpellation de celle-ci a permis de retrouver la moto et le téléphone alors que les 13.000 Fcfa sont restés dans la nasse. En fin de compte, le dossier de l’adolescente a été envoyé au tribunal afin que les juges se prononcent sur ce cas. Les policiers ont de leur côté ouvert une enquête pour localiser et identifier les éléments du groupe de jeunes afin de les mettre hors d’état de nuire.
Fatoumata Mory SIDIBE