Le seul rescapé de l’incendie de Lafiabougou Koda (voir Le Prétoire N° 191), Assana Sangaré, le malheureux, rejoint finalement le royaume des morts, auprès de sa femme chérie, Makani Sogodogo âgée de 28 ans et ses deux adorables enfants, Youssouf (5 ans) et Moussa (un bébé de 5 mois) morts asphyxiés, dans les flammes, dans la nuit du vendredi 5 janvier 2013, aux environs de 01 h 00 du matin. Quelle tragédie !
Cette énième catastrophe pose, une fois de plus, avec acuité, la précarité de la protection civile à Bamako et de la mission des sapeurs-pompiers faute de moyen et de personnel conséquents.
Les nouvelles autorités, notamment le président par «intérim», Dioncounda Traoré, le chef de la junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo et le Premier ministre, Diango Cissoko, comprendront, à leurs dépens, le jour où, leur bureau feutré prend feu, qu’un Plan spécial pour les soldats du feu doit figurer en bonne place dans la politique hasardeuse du gouvernement et le budget national.
Ce jour-là –que Dieu les en garde- leurs premières réactions consisteraient, tout naturellement, à piailler comme un enfant en danger de mort. Ils crieront à tout rompre : «Au feu ! Au feu ! Au feu !» Ensuite, ils appelleront ipso facto le 18 qui explose en continue. C’est-à-dire, les maîtres du feu, ces hommes de mille formés pour aller sur la brèche sauver ou périr. Quelle honorable mission !
Tout comme les poulets, les pandores, les matons, les gabelous, les agents des eaux et forêts et les commandos, les infatigables soldats du feu abattent, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, un travail remarquable.
Faut-il apprendre aux nouvelles autorités que même les villageois en détresse appellent les sapeurs-pompiers lorsque leur bourgade s’embrase par la négligence d’un fumeur.
Plus que circonscrire un incendie en temps de paix, en pleine brousse, avec les moyens de bord, ils grimpent jusqu’à la cime d’un arbre pour ramener sur terre un homme singe maboul. Ce n’est pas tout ! Les soldats du feu descendent dans les puits les plus profonds du Mali pour récupérer leur semblable.
Les nouveaux dirigeants du Mali doivent comprendre, pour de bon, que les infatigables hommes de mille parcourent de très longues distances à travers les labyrinthes nébuleux et dangereux de la capitale, par exemple, pour aider ou assister des Maliens entre la vie et la mort.
Si ce n’est pas mettre hors d’état de nuire un cobra ou un boa dans une maison, ils ramassent sur la chaussée les cadavres pestilentiels à mille lieues à la ronde. Ils se transforment régulièrement en homme grenouille pour passer au peigne fin les profondeurs du Fleuve rouge dans ses parties les plus troubles pour ramener à la berge, tantôt un macchabé, tantôt un rescapé.
En ville comme dans les campagnes difficile d’accès, les braves maîtres du feu sillonnent les routes les plus sinueuses et les sentiers les plus tortueux pour écarter le danger. Qui fait mieux que les sapeurs-pompiers du Mali indépendant et démocratique sous le joug des rebelles, des islamistes d’un autre âge, des Berbères, des Touareg, des coupeurs de routes, des terroristes et des narcotrafiquants sous la coupole d’une force noire lorgnant depuis toujours les ressources naturelles sous terre dans les deux tiers de ce pays pittoresque ?
Combien de sapeurs-pompiers ont rendu leur âme dans le cadre de leur noble mission périlleuse ? ô ! Vous les mécréants dites : «La mission des sapeurs-pompiers du Mali est tout sauf une partie de plaisir !»
Même les flics, les gendarmes, les gardes-chiourmes, les douaniers, les agents des eaux et forêts ainsi que les soldats, entre autres personnes en danger de mort, appellent les maîtres du feu en cas de catastrophe.
Lorsqu’il un accident de la circulation. Lorsqu’une femme accouche dans la rue. Lorsqu’il y a un malade sur la voie publique. Lorsqu’il y a un «fatô» en divagation dans la rue. Lorsqu’un singe saccage un marché. Lorsqu’il y a un accident de la circulation, les hommes de mille se pressent pour prendre en charge, toujours à leurs risques et péril, la situation du moment.
Lorsque les combats font rage au front. Lorsque les bombes explosent sur une ville sous occupation. Lorsque les canons rasent tout sur leur passage. Lorsque les As 52 et les HK 44 crachent la mort, ainsi de suite… en temps de guerre, les fidèles maîtres du feu de tous les temps circonscrivent les dégâts.
Il reste aux nouvelles autorités, pour en fait se créditer, à accorder beaucoup plus d’importance à la mission sacerdotale des sapeurs-pompiers quant aux moyens humains et matériels modernes afin qu’ils puissent, à juste titre, sauver au périr.
Il le faut ! C’est une nécessité criarde ! En attendant, la braise couve sous la cendre au moment où, l’armée affronte les terroristes.
Qui gouverne le Mali doit prendre en charge toutes les récriminations sous cape des infatigables sapeurs-pompiers. Ces hommes de mille magnifient dans la discrétion leur rôle incontournable dans la société, loin du champ politique. Mais, ils réclament à juste raison du renfort, des casernes et des moyens modernes «pour sauver ou périr» là où, un père de famille, sa femme et ses deux enfants ont rendu leur âme au Tout-puissant dans un incendie.
A bon entendeur, les soldats du feu vous saluent bien !
A suivre…
Jo SOW