Sacrifice humain : Un albinos sans tête retrouvé sur la colline de Koulouba

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    Un albinos décapité sur la colline de Koulouba

    rnLe corps sans vie d’un albinos, âgé d’environ 25 ans, abandonné au milieu des hautes herbes sur la colline surplombant le quartier de N’Tomikorobougou en Commune III du district de Bamako, en face du champ de tirs de l’Ecole nationale de police. Le crime remonterait à deux semaines, quelque peu couvert par le brouhaha inhérent à la campagne pour le premier tour des législatives.rn

    La découverte macabre a été faite par deux gardes nationaux dont l’identité n’a pas été révélée. Selon nos sources, dans l’après-midi du vendredi dernier, ceux-ci se sont rendus sur les hauteurs de Koulouba, que d’aucuns appellent « sônikèkulu », (la colline des sacrifices, en français) à la recherche des plantes protectrices contre les mauvais sorts. Une pratique assez courante dans les milieux des porteurs d’uniforme très sollicités sur le théâtre des opérations de maintien de paix en Afrique ou ailleurs voire à la quête d’une promotion interne. Après quelques heures de recherche, leurs efforts sont couronnés de succès. La plante est là. Juste en face. Mais, à peine s’en étaient-ils approchés qu’ils sont submergés par une odeur suffocante. Un fauve ou un reptile serait-il mort à cet endroit ?

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    Surprise : au milieu des hautes herbes que la nature très généreuse a fait pousser en cette période hivernale, se cachait le corps d’un individu en état de putréfaction avancée, la tête coupée jusqu’à la hauteur des épaules et certainement emportée. Les deux gardes ont failli se renverser sur la tête. Remis du choc émotionnel, l’esprit prend le dessus. La hiérarchie est vite informée. Celle-ci à son tour, saisit la Direction nationale de la police qui n’a pas tardé à alerter le commissariat de police du 2e arrondissement territorialement compétent.

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    Toute affaire cessante, le commissaire divisionnaire de police M’Barreck Maïga met en branle toute son équipe, composée notamment du chef de la brigade de recherche, l’inspecteur Youba Doumbia, du sergent Sidi N. Dembélé et d’un médecin légiste. Ces derniers se déportent sur les lieux.  Le divisionnaire de police les rejoint un peu plus tard en compagnie de l’inspecteur stagiaire Fousseyni Allaye Diakité. Ils se feront épauler par le commissaire de police de permanence à l’Ecole nationale de police. Des agents de la protection civile de Darsalam alertés pour la circonstance, se joignent à eux dans le noir aux environs de 22 heures.

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    Un crime rituel

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    Devant le spectacle on ne peut plus affreux et insoutenable, le commissaire divisionnaire de police M’Barreck Maïga et son équipe sont restés comme électrocutés durant des minutes, tant ils étaient horrifiés par la découverte macabre. A l’indignation a succédé le traditionnel constat qui a permis d’établir que la victime était un albinos, de sexe masculin frisant les 25 ans. Sa tête et son gros orteil droit étaient tranchés nets et emportés par son ou ses tueurs. Son corps était revêtu d’une chemise Jean dont les boutons étaient ouverts au niveau du thorax. Il ne portait aucune pièce d’identification.

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    En conséquence, il est difficile d’identifier un cadavre en état de putréfaction avancée, de surcroît sans tête. Les récentes pluies qui ont arrosé la ville de Bamako et environs, ont fait disparaître les traces de lutte supposée engagée entre la victime et ses agresseurs, de nature à nourrir profondément l’enquête des policiers. Du reste, celle-ci a privilégié la piste d’un crime rituel. De l’avis du médecin légiste, la mort  remonte à deux semaines approximativement. Les bourreaux se seraient servis d’un objet tranchant pour couper sa tête et son gros orteil droit avant de balancer le reste de son corps dans cet endroit discret sur la colline.

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    Le travail du médecin légiste terminé, les agents de la protection civile ont d’une manière professionnelle, transporté le corps de l’infortuné à bord de leur véhicule pour la morgue de l’hôpital Gabriel Touré. De leur retour au commissariat, les policiers ont aussitôt ouvert une enquête et diffusé des avis de décès à la radio nationale, dans l’espoir que les parents et autres connaissances du défunt se manifesteraient. Sous la supervision du divisionnaire de police M’Barreck Maïga et de son adjoint, le commissaire principal de police Abdoulaye Sangaré, l’inspecteur de police Youba Doumbia, chargé de l’affaire, se bat comme il le peut pour faire tomber les auteurs de ce crime inqualifiable.

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    Mais, la question qu’on se pose, est de savoir comment la victime s’est-elle retrouvée dans cette partie de la colline de Koulouba, rocailleuse et inaccessible en voiture et à moto ? De l’avis de la police, les tueurs du jeune homme l’auraient certainement entraîné à cet endroit dans le souci d’accomplir un rituel. Ne doutant de rien, la victime a été attirée dans un guet-apens par ses compagnons sur les lieux du crime où elle est sauvagement battue à mort avant d’être amputée de ses organes.

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    La main des politiques, des commis d’Etat ou des féticheurs ?

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    La nouvelle de la découverte du corps mutilé a fait le tour du quartier de N’Tomikorobougou, provoquant du coup une peur généralisée au sein des populations. Elle anime et passionne les causeries. Bref, les supputations vont bon train. La version la plus répandue s’accroche à la thèse d’un crime rituel exécuté de haute main par des hommes politiques désireux d’occuper un siège du Parlement. Aussi l’idée de crime commandité par des cadres de l’Etat cités dans le rapport du vérificateur général et celui de la cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration (CASCA) fait son chemin. Nonobstant cette hypothèse, la piste des féticheurs n’est pas exclue. Une tête humaine peut s’avérer un fétiche redoutable, de même que l’orteil dont les mérites, que nous tairons volontiers, sont vantés sous nos cieux à tort ou à raison.

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    L’histoire se répète souvent. A titre d’illustration, le 13 mars 2002 la Venise du Mali (Mopti), a été le théâtre d’un sinistre évènement.  Une jeune femme, Dikorè Konta, la trentaine accomplie, a été retrouvée décapitée, les organes génitaux enlevés puis emportés avant de jeter le reste du corps dans un couloir des toilettes publiques au bord du Pargué, à Komoguel II, à l’entrée de la ville. La victime née de Mama et de Pama Magnanta souffrait d’une déficience mentale qui en faisait une proie facile. Ses tueurs ont abusé d’elle avant de la tuer et de sectionner ses organes génitaux pour le compte d’un homme politique en mission commandée.

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    Quelques mois après, les deux principaux auteurs sont arrêtés et mis à mort dans des conditions inexplicables. Qu’à cela ne tienne, la justice s’est saisie de l’affaire. Malheureusement, de 2002 à nos jours, le constat est navrant. Le dossier a vieilli dans les tiroirs et la suite n’est pas pour demain. Autant dire que pour cet autre crime, le commissaire divisionnaire de police M’Barreck Maïga et ses hommes doivent suffisamment mouiller la tenue pour appréhender les auteurs.

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    Affaire à suivre

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    O. BOUARE

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