Les cybercriminels aussi appelés brouteurs sont de retour. Leur nouvelle victime est une dame bien connue de la place.
F D. est une opératrice économique qui a pignon sur rue au Mali et à l’étranger, disposant d’un carnet d’adresses bien garni même auprès des chefs d’Etat et d’une pléiade d’hommes d’affaires. Elle a reçu le mercredi 18 janvier 2023 un appel. Son interlocuteur qu’elle ne connait ni d’Adam ni d’Eve se présente comme chargé de l’approvisionnement dans un hôtel de la place.
Il lui propose de fournir à l’hôtel des denrées alimentaires bio d’une valeur de 2 345 000 de F CFA. En même temps, le quidam met F. D. en contact téléphonique avec un prétendu collaborateur européen qui valide la qualité des commandes et une autre personne une femme présentée comme la présidente d’un groupement féminin à Koulikoro où les produits bio sont achetés.
C’est sur le numéro Orange Money de la soi-disant présidente du groupement féminin que F. D. a payé les 2 345 000 de F CFA. Une fois l’argent versé, ni le numéro Orange Money ni les interlocuteurs n’étaient plus accessibles.
F.D. s’est retournée après coup vers le propriétaire de l’établissement hôtelier qu’elle avait bien appelé il y a un mois pour solliciter des marchés mais sans avoir gain de cause. Le promotaire de l’hôtel sachant que ce n’était pas un marché de sa structure s’est exclamé : “Ma sœur, ce sont des brouteurs, tu t’es fait avoir”.
La dame F. D. très embarrassée, n’en revenait pas, elle qui a plus d’un tour dans son sac avec toute son expérience dans les affaires. Elle a porté plainte contre X à la BIJ et entend passer au Camp I.
On les croyait traqués jusque dans leur dernier retranchement, mais ils sont de retour. Les brouteurs sont ces bandits qui agissent par appel téléphonique pour escroquer leurs cibles via Orange Money. Leur mode opératoire demeure le même.
Disposant d’un riche répertoire téléphonique, ils attirent dans leurs filets des personnalités. Ils se présentent sous le couvert d’agents d’un hôtel haut de gamme et miroitent des marchés alléchants. Des victimes mordent ainsi à l’hameçon. Celles qui n’ont pas de liquidité font intervenir une connaissance potentiellement riche ou s’endettent pour honorer le vrai faux marché.
Ces brouteurs avaient défrayé la chronique en détroussant de hautes personnalités de l’administration, des opérateurs économiques et même des hauts gradés de l’armée, de la police et de la douane. Mais grâce aux enquêtes rondement menées suite à de nombreuses plaintes, le colonel Abdoulaye Haïdara, commandant du Camp I de la gendarmerie avait arrêté six d’entre eux dans un hôtel à Faladié Sokoro. (Cf. Mali Tribune n°326 du mardi 23 août 2022).
Le préjudice causé aux différentes victimes de cette bande composée de différents ressortissants de la sous-région s’élevait à plus de 100 millions de F CFA.
Ce réseau a des ramifications dans plusieurs pays voisins. La Cellule Enquête numérique de la Côte d’Ivoire en sait quelque chose pour avoir démantelé en juillet 2022 un nid de brouteurs qui agissait de la même façon.
Abdrahamane Dicko