Dans le cadre de sa politique d’électrification rurale, le gouvernement du Mali à travers l’Agence Malienne pour le Développement de l’Énergie Domestique et de l’Électrification Rurale (AMADER ) avait attribué le marché aux operateurs privés ;après que ces opérateurs aient procédé à des investissements dans les différentes localités.
Avant le démarrage de la vente de l’électricité, l’État a décidé de retiré le marché et de l’attribuer à EDM tout en prenant l’engagement de dédommager les opérateurs privés. Ces operateurs privés qui avaient accepté de prendre le risque d’accompagner l’État dans la mise en œuvre de cette politique d’électrification rurale courent toujours derrière les fonds qu’ils ont investis. Dépossédés des projets d’électrification pour lesquels, ils avaient déboursé la bagatelle de 800 millions, ces opérateurs attendent encore d’être indemnisés et ne savent plus à quel saint se vouer.
En effet, dix mois après le retrait, par le ministre de l’énergie, des autorisations d’exploitation dont ils étaient titulaires, rien de consistant ne leur a été proposé. Pis, la commission quadripartite mise en place pour conduire le processus de cession à EDM est bâillonnée, les installations réalisées par les opérateurs privés se trouvent paralysé, du fait des manœuvres de la direction de l’AMADER. Cette dernière pour des motifs inavoués, fait des pieds et des mains pour retarder, autant que possible, le travail de la commission. Composée des représentants de la Direction nationale de l’énergie, de l’AMADER, des représentants des opérateurs privés et EDM, ladite commission a vu ses travaux torpillés par l’AMADER. Qui tente, par toutes sortes de subterfuges, de fouler au pied les intérêts des operateurs économiques. Le protocole d‘entente conclu entre EDM et l’AMADER prévoyait un ensemble d’actions qui devaient aboutir à l’indemnisation totale des operateurs d’électrification rurale. Cette indemnisation devrait être précédée d’une évaluation indépendante des investissements par le truchement d’un cabinet d’experts, étape nécessaire à l’estimation du préjudice et du manque à gagner causés aux operateurs par la cession de leurs projets à EDM-SA.
La désignation de la commission des experts et le dépôt du rapport d’expertise ont pris un retard considérable, toute chose imputable à l’AMADER qui avait été explicitement chargée de la mission de designer un cabinet d’experts. A titre d’illustration, le rapport final d’expertise, qui devait être produit depuis le mois d’août 2011, suivant la lettre du protocole d’entente, est toujours attendu. Et pour cause, l’AMADER, à laquelle le fameux rapport a été communiqué veut se faire toujours prier pour produire ses éventuelles observations. Après avoir trainé les pieds pour empêcher la réalisation du projet de cession à EDM-SA des projets, et après avoir été la principale cause de l’échec des projets d’électrification qui ont souffert de l’incompétence de ses dirigeants, l’AMADER fait encore des siennes. Au grand dam des privés maliens, qui se sont engagés aux cotés de l’État dans le cadre de la politique d’électrification rurale et surtout au grand dam de la banque mondiale, qui a mis à la disposition de l’organisme des milliards de francs, parallèlement à la reforme et à la privatisation du secteur de l’Énergie.
Les résultats des insuffisances de l’AMADER, dans le pilotage de la politique d’électrification, sont là : tous les projets ont échoué et la Banque Mondiale voit les fonds mis à la disposition de l’État partis en poussière, tout en constatant le retour du monopole de d’EDM –SA, sur toute la chaine de production et de distribution de l’électricité au Mali. Autrement dit, c’est précisément ce que les institutions de Breton Wood ont voulu éviter au Mali, en encourageant par la mise en place du fond d’électrification rurale, la participation d’autres acteurs dans le domaine. Entre temps, les opérateurs économiques rongent leur frein et assistent impuissamment au règne de la médiocrité et ont le sentiment d’avoir été spoliés de leurs biens. Malgré l’engagement formel du Ministre de l’Énergie de les indemniser du préjudice consécutif à la cession des projets et la signature par le repreneur et EDM d’un protocole qui consacre leur droit, à l’AMADER, dont les dirigeants continuent d’afficher morgue et insouciance, l’indemnisation des opérateurs ne semble pas, en tout cas préoccuper personne. A moins que, l’État prenne, ses responsabilités pour mettre fin à cette affaire.
Guindousse