Il nous revient de source judiciaire que le lieutenant Sékouba Doumbia, ex-régisseur de la maison d’arrêt de Ségou (MAS), vient d’être transféré du Camp 1 de la Gendarmerie à la Maison Centrale d’arrêt de Bamako pour y purger le reliquat de sa peine de un (1) an qui arrive à échéance en mi-septembre.
Faut-il rappeler que l’ex-régisseur a été incarcéré pour complicité d’évasion du PDG de la société Allemande WAIC, Ismaël Haïdara à la suite de l’exécution par lui d’une décision de la Cour suprême du Mali qui avait acquitté et mis en liberté les sieurs Haïdara (PDG de la WAIC) et Diawara (ex-PDG de la BHM) dans l’affaire qui les oppose au ministère public (voir arrêts Cour d’assises et Chambre d’accusation/off WAIC-BHM). Dans ladite affaire, la Cour suprême du Mali, dans son arrêt numéro 53 du 27 mai 2009, a blanchi totalement les accusés du crime d’atteinte aux biens publics et ordonna immédiatement leur libération.
La décision des juges de siège de la haute juridiction malienne fut transmise au procureur général près la même juridiction, juge au parquet, pour l’émission des ordres de liberté. C’est en exécutant cet arrêt de la Cour suprême qui cadre parfaitement avec les lois de la République, que le lieutenant Sékouba Doumbia, ex-régisseur de la Maison d’arrêt de Ségou, s’est fait hara-kiri et écopa d’une année de prison, tandis que le régisseur de la Maison Centrale d’arrêt de Bamako arborait un large sourire de satisfaction pour s’être opposé à l’exécution d’une décision de justice et en séquestrant l’ex-PDG de la BHM, Mamadou Baba Diawara.
Curieusement, l’homme qui venait d’être sacrifié sur l’autel des intérêts sordides inavoués a une certaine réputation dans le milieu pénitentiaire. En effet, alors que certaines structures pénitentiaires, dont Bamako, sont de véritables mouroirs pour petits délinquants, privés de soins, et vivant dans des cellules hyperbondées, le régisseur de la Maison d’arrêt de Ségou, le lieutenant Sékouba Doumbia, issu du corps des assistants sociaux, ayant la formation requise, gérait sa structure sans heurts majeurs. Le procureur général près la Cour d’appel et le régisseur de Bamako étaient pourtant dans le secret du prince, mais pas le ministre de la justice, Garde des Sceaux, Maharafa Traoré qui venait d’hériter du département encore moins aussi les juges de siège de la Cour suprême du Mali qui ont rendu leur arrêt selon leur intime conviction et en toute indépendance.
Mais malgré tout cela, la machine à broyer les carrières fut ensuite dirigée sur le lieutenant Sékouba Doumbia. Viré de son poste, solde suspendu, licencié après de son corps, famille poussée à la mendicité, enfants déscolarisés, l’ex-régisseur de la Maison d’arrêt de Ségou s’est retrouvé au centre d’une machination politico-judiciaire sans précédent dans ce Mali habillé de sa robe du cinquantenaire cousue de déni de justice. C’est cet homme qui va sortir sous peu de prison, brisé, sans emploi, ni point de chute, sans revenu, vivant de la solidarité familiale. C’est aussi cela le Mali, dans lequel des cohortes de cadres qui croyaient aux vertus des lois républicaines sont jetés aux rebuts et vont grossir le rang des victimes de la République du soldat de la démocratie.
Cette décision de transférer l’ex-régisseur de la Maison d’arrêt de Ségou du Camp 1 de la gendarmerie à la prison centrale de Bamako pour y purger le reste de sa peine d’un an qui arrive à échéance dans la deuxième quinzaine de ce mois de septembre prouve que le pouvoir n’est pas à un paradoxe près. Le lieutenant Sékouba Doumbia n’avait-il pas été incarcéré au Camp 1 de la gendarmerie de Bamako parce qu’il est surveillant de prison ? Est-ce à dire qu’il ne bénéficie pas des privilèges de cette jurisprudence constante au Mali qui voudrait que les membres de certains corps sensibles (magistrats, policiers, ministres, gouverneurs, surveillants de prison) ne soient jamais incarcérés dans le même lieu que les délinquants de droit commun ?
Toujours est-il qu’en l’espace d’un mois, les deux personnes incarcérées dans le cadre de l’affaire BHM/WAIC ont connu des fortunes diverses avec cependant un point commun à noter : le durcissement de leurs conditions de détention.
De telles mesures n’ont d’autre but que de noyer le poisson au cas où la délégation de l’Union Européenne se pointerait à Bamako pour en savoir un peu plus sur cette affaire BHM/WAIC qui ne cesse décidément de défrayer la chronique au Mali.