Rapport accablant de la Brigade des mœurs sur la pouponnière I de Bamako d’août 2010 à février 2011 :33 enfants décèdent de malnutrition, de déshydratation, de manque de soins et d’hygiène

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    C’est un scandale tel qu’on n’en a jamais vu au Mali indépendant. Entre août 2010 et février 2011, 33 enfants, dont les âges varient de quelques semaines à 3 ans au plus, sont morts dans des conditions effroyables à la Pouponnière I de Bamako : malnutrition, déshydratation, manque de soins médicaux et d’hygiène. C’est un rapport de la très respectable Brigade des mœurs, dirigée par le Contrôleur générale de police, Amy Kane, qui établit cette monstruosité qui s’est produite dans l’indifférence générale. A commencer par celle de la première responsable des lieux, Mme Diallo Aminata Kéïta. A l’évidence le ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, qui est censé assurer la tutelle de la Pouponnière, n’a pas rempli son office, loin s’en faut, vis-à-vis de cette structure créée pour prendre en charge jusqu’à l’âge de trois ans les enfants abandonnés, orphelins sans soutien ou de parents inconnus. Vivement que les responsabilités soient situées et les coupables punis.

    Lorsque la nouvelle nous est parvenue, nous avons, comme à l’accoutumée, mené des investigations du côté de la pouponnière pour en de sa secrétaire que “ le moment n’est pas propice aux entretiens. Cette période que nous traversons est trop chargée… “. Toutes nos tentatives pour arracher quelques bribes d’informations d’elle sur les circonstances des décès prématurés des enfants sont restées vaines.

    Est-ce une volonté délibérée de la directrice de vouloir camoufler le drame qui s’est produit dans ses locaux, sous ses yeux? Nous en sommes presque sûrs.

    L’actuel ministre en charge de la promotion de la femme de l’enfant et de la famille, Mme Konaré Mariam Kalapo, lors de sa visite de prise de contact avec les structures relevant de son département venait

    Cependant, la Brigade des mœurs, dans un rapport en date du 17 février dernier dressé suite à une série de visites de ses agents, n’est pas allée de main morte pour dénoncer les conditions de vie des enfants. En effet, suite aux multiples cas de décès des enfants constatés au niveau de la pouponnière I, le Commandant de la brigade chargée de la protection des mœurs et de l’enfance en compagnie de l’inspecteur de police Aissata Cissé et de l’adjudant Lamine Traoré, y a effectué une première visite le 31 décembre 2010.

    Des bébés de moins d’un an nourris qu’avec du riz

    L’équipe,

    L’équipe a aussi constaté que tous les enfants souffrent de malnutrition, en ce sens que ceux âgés de moins d’un an ne mangent que du riz. Ils ne portent ni couche, ni habit adapté à la saison pour leur protection contre les intempèries. Ceux âgés de deux ans et plus, après le petit déjeuner n’ont pas droit à un goûter et sont obligés d’attendre 13 heures pour prendre les repas de la mi-journée. Il ressort toujours du rapport de la Brigade des mœurs que le docteur Kalilou Traoré, interrogé sur l’état de santé des enfants, a indiqué que leur état est dû à la mauvaise qualité du lait qu’ils consomment et cela malgré tous les conseils qu’il a prodigués à la directrice sur l’alimentation des enfants. Trois enfants de moins d’un an présentent une fracture aux jambes en raison de l’utilisation des berceaux en bois non adaptés. Le rapport ajoute que le manque d’hygiène et de personnel d’encadrement constitue un sévère handicap à la bonne marche de la structure et tiennent leur part dans les maladies dont souffrent et meurent les enfants.

    Un kilo de viande par jour pour 60 individus

    Après la première visite de l’équipe de la Brigade des mœurs à la pouponnière I, suite aux récurrents cas de décès d’enfants, une seconde visite a été effectuée le mardi 7 février 2011 par des enquêteurs du même service.

    Les visiteurs, après leur premier passage et au regard des recommandations formulées, avaient espéré une certaine amélioration. Il n’en était rien. Le rapport qu’ils dresseront suite à cette deuxième visite est formel : ” nous n’avons constaté aucune amélioration des conditions par rapport à la première visite. Seule la quantité de viande consommée est passée d’un demi kilogramme à un kilogramme par jour. Et ce, pour dix kilogrammes de riz par jour, constituant le déjeuner des enfants et de tout le personnel soit plus d’une soixantaine de personnes “.

    Le rapport ajoute:” Les cuisinières nous ont confié que les vingt cinq enfants en âge d’aller à l’école n’ont droit qu’à quatre miches de pain pour le petit déjeuner. Quant aux nourrissons, leurs besoins en lait ne sont couverts qu’à moitié. Conséquences : trente trois cas de décès pour malnutrition d’août 2010 à ce jour “. C’est-à-dire au moment de l’élaboration dudit rapport, au mois de février 2011.

    La Brigade des mœurs, dans son rapport adressé à la Direction de la police judiciaire, a tenu à faire toute la lumière sur les circonstances des décès d’enfants survenus à la pouponnière I. Elle poursuit dans ledit rapport: ” Interrogé par nos soins sur les causes de décès au niveau de la pouponnière I, le responsable du service médical dudit service nous a confié que plus de la moitié des cas de décès constatés est due à la dénutrition, la déshydratation et le manque de soins et d’hygiène et que les apports nutritifs apportés ne couvrent pas les besoins des enfants “.

    Et d’ajouter: ” Pour corroborer cela, il nous a remis une copie de la lettre qui lui a été adressée à ce sujet par le docteur Simpara Aminata Doumbia du Service pédiatrique de l’hôpital Gabriel Touré “.

    Climat délétère entre la directrice et le personnel

    Au cours de nos investigations nous nous sommes rendu compte que le courant ne passe pas du tout entre la directrice, Mme Diallo Aminata Kéita et son personnel. Il lui est reproché une gestion solitaire, sans implication du personnel dans les décisions et les méthodes à adopter en vue de réunir autour des enfants les conditions minimales favorables à leur épanouissement.

    Ce n’est pas tout. Nous savons que la pouponnière fonctionne sur la base de dons fournis par diverses structures et organismes de la place. Nous ne pouvons donc pas comprendre qu’avec tous ces dons perçus, les enfants puissent souffrir et mourir de malnutrition, de manque de soins etc. Toutes choses qui nous amènent à nous interroger sur la destination de ces nombreux dons et sur l’usage réel qui en est fait.

    Un mouroir pour les enfants

    Face à la situation qui prévaut, il apparait urgent pour les plus hautes autorités du pays de prendre les mesures idoines en vue de rendre plus sain et plus convivial le climat d’hostilité qui règne entre la directrice et le reste du personnel afin que chacun s’investisse avec dévotion pour le bien – être des enfants.

    La Brigade des mœurs minimum

    Le Commandant de la Brigade des mœurs, le Contrôleur général Ami Kane, a précisé pour sa part que la démarche de sa structure n’est pas de ternir l’image de la pouponnière I ou de sa directrice, mais que la Brigade des mœurs et de l’enfance, qui oriente les enfants vers les différentes pouponnières, ne saurait rester silencieuse chaque fois que les droits de ceux – ci sont violés.

    Le centre d’accueil et de placement familial, qui a pris le nom de parents inconnus, des orphelins sans soutien, etc.

    De 3 mois à 3 ans,

    Abdoulaye DIARRA

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