La prostitution, le plus vieux métier du monde, dit-on, prend de l’ampleur dans le quartier de Kalaban Coro ADEKENE. Si, il y a quelques années, la prostitution était l’apanage des ressortissantes d’autres pays, aujourd’hui, force est de constater que des jeunes filles maliennes s’adonnent à ce métier. Pourquoi un tel regain d’intérêt pour une pratique que beaucoup, dans notre société, qualifient de « déshonorante » ? Nous avons enquêté dans le quartier de Kalaban Coro ADEKENE, pour en savoir davantage.
La prostitution est aussi vieille que le monde, a-t-on l’habitude d’entendre. Peut-on la combattre ? Pas si certain. Mais peut-on la réduire ? Peut-être. Le sexe, en dehors des liens du mariage, fait partie des plaisirs interdits, donc bannis dans certaines sociétés dont la nôtre. Pourquoi se prostitue-t-on ? Par plaisir ? Par nécessité ?… Notre enquête à Kalaban Coro Adekène nous édifie légèrement quant aux motivations réelles de certaines jeunes filles qui pratiquent la prostitution. Beaucoup de filles interrogées, ont, en effet, avoué, qu’elles se prostituent par plaisir. C’est-à-dire pour avoir du plaisir. Ce ne serait pas pour de l’argent, mais pour le désir de faire l’amour ou d’être comblée sur le plan sexuel. Cela ouvre un autre débat tabou. Celui de savoir si « nos femmes sont-elles comblées au lit ou non ? » Car, c’est de cela qu’il s’agit. La plupart des femmes interrogées, avouent ne pas être satisfaites au lit par leur homme. C’est donc pour combler cette insatiabilité, qu’elles n’hésitent pas à « vendre » leurs charmes dehors au risque d’être traitées de prostituées.
Les motivations varient selon les femmes. Et surtout le contexte. Certaines le font pour assouvir leurs instincts sexuels. D’autres le font par nécessité. Comme cette jeune fille que nous avons rencontrée à Adekène et qui nous confie qu’elle est obligée de se prostituée pour pouvoir vivre décemment. « Cela ne m’honore pas, mais je m’en fous. Tout ce qui m’intéresse, ce sont les sous que je gagne en faisant ce job et qui me permettent de payer mon loyer, d’élever mon petit garçon de 3 ans et d’aider mes frères qui vont à l’école et ma vieille mère. Si je ne fais pas ce Job, qui est d’ailleurs le seul travail que sais réellement bien faire, qui payera mes factures ? Si vous trouvez quelqu’un qui soit prêt à me prendre en charge, moi et ma famille ou même me marier, amenez-le moi et je vous jure que j’arrête ce métier qui, selon vous, ne m’honore pas », nous a confié la jeune fille.
Dans un bar-restaurant, nous tombons, également, sur une autre fille à l’allure si différente des prostituées qu’on détecte à 100 m. Nous nous faisons passer pour des clients. Elle nous déclare que la passe est de 1500 F. Un prix vraiment dérisoire au regard de ce que d’autres filles font payer. Mais KD, ce sont les initiales de son nom, a d’autres motivations qu’elle nous révéla. « Cela peut vous paraître bizarre, voire même incroyable, mais je ne fais pas la prostitution pour de l’argent puisque mes parents sont aisés. Mais je me prostitue pour assouvir mon désir. Je suis étudiante à la Faculté des Sciences juridiques et politiques (FSJP) , j’ai même passé à mon examen du DEUG 2 cette année. Si je fais la prostitution, ce n’est pas à cause de l’argent, je vous jure que je n’en manque pas, mais c’est pour assouvir mon désir qui est débordant. Un seul homme, croyez-moi, aussi puissant qu’il peut être, ne peut assouvir mes pulsions. Les petits amis que j’ai eu par le passé, je les tous trompés car ils ne pouvaient me satisfaire. C’est pour éviter de me faire battre et d’avoir toujours des problèmes avec mes copains, que j’ai décidé de venir ici, dans cette maison-close. Ici au moins, je ne risque pas de me faire battre par un amant jaloux et je suis sûr de rentrer, chaque soir, totalement satisfaite et mes pulsions assouvies ». Combien de passe pouvez-vous faire en une soirée ?
« Neuf (9) au minimum ». No commet.
Si jusqu’ici, les raisons financières étaient considérées comme les seules motivations entraînant les filles dans la prostitution, KD vient de nous démontrer qu’il y a bien d’autres motifs autres que l’argent : le désir.
Une enquête de Mohamed Dagnoko