Procès sur la mort de l’ancien président Modibo Kéïta : Faut-il déterrer le passé à tout prix?

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    Ce jour, 2 Novembre 2010, était inscrit au rôle de l’audience correctionnelle de la 1ere chambre du tribunal de la commune II du district de Bamako, le dossier ministère public, les héritiers de feu docteur Faran Samaké et Tiécoro Diakité contre Amadou Djicoroni, poursuivi pour diffamation. L’audience était présidée par le vice président de ce tribunal M. Karamoko Diakité, le banc du ministère public était occupé par Mamadou Moussa Coulibaly, substitut du procureur anti-corruption, M. Sombé Thera.

    Les faits remontent au 8 Juillet 2010, où le prévenu Amadou Djicoroni, au cours d’une conférence débat portant sur le parcours du président Modibo Keïta tenue à Nara dans le cadre de la fête du cinquantenaire de notre pays, aurait, selon les plaignants, tenu à rappeler les circonstances du décès du feu 1er Président du Mali Souverain, en ces termes «… la thèse de la mort de Modibo Keita est claire. C’est un empoisonnement par injection sur une ordonnance prescrite par Faran Samaké … » en ajoutant, selon les initiateurs de cette citation directe, que « Moussa Traoré, Tiécoro Bagayogo et son oncle Faran Samaké ont assassiné Modibo Keita » et ce, disent-ils, en s’appuyant sur les témoignages dans le livre de Soungalo Samaké, commandant du camp Para à l’époque. En plus des protagonistes, on pouvait noter la présence des journaux « L’Indépendant et Le Challenger » qui ont respectivement publié dans leurs colonnes les 13 et 15 Juillet 2010, les propos tenus par Amadou Seydou Traoré. Ainsi Tiécoro Diakité, expert comptable de son état et ami de la famille Samaké, a interpellé par voie de presse, semble t-il, dans un but dissuasif, Amadou Djicoroni sur la preuve qu’il détient par rapport à la participation de feu Dr Faran Samaké à la disparition du fils de Daba Keita. En réplique, Amadou Djicoroni aurait soutenu mordicus sa thèse sur l’assassinat de Modibo Keita, au regard  du rôle actif joué par le médecin Samaké dans ce décès, par les paroles du colonel Youssouf Traoré et du livre du capitaine Soungalo Samaké, cette fois-ci en saisissant les pages du Challenger. Evoquant au passage  « Le suicide de ce dernier ». Comme si cela ne suffisait à en croire l’avocat de la partie civile Me Mohamed Bakary Bouaré, le prévenu signe un autre article  toujours dans le Challenger pour dire que Tiecoro Diakité ne saurait répliquer en ce qu’il a suffisamment donné les preuves de ses allégations. Au regard de ce qui précède, les héritiers de feu Faran Samaké (Fanta et Mahamadou tous Samaké) et Tiecoro Diakité ont décidé, par l’organe de leur conseil ci-mentionné, de saisir le tribunal de 1ère instance de la commune III par une citation directe pour diffamation. En la matière, comme l’exige la loi sur la presse et délit de presse, la 1ère audience est consacrée à la fixation de la consignation. C’est pourquoi le tribunal a cru bon de fixer celle-ci à un (1) million de FCFA à la charge de la partie civile et renvoyé la cause et les parties à l’audience du fond au 30 Novembre 2010. D’ici là, la partie civile doit s’acquitter du paiement de ce montant au greffe. Il faut rappeler que la salle d’audience N°1 du tribunal de la 1ère instance  de la commune III refusait du monde depuis 06 heures du matin. Un monde fou incontrôlable et sourd aux instructions fermes données par le président pour mener sereinement la police des débats. Ces supporters venus pour la circonstance, en vue de soutenir le prévenu, n’écoutaient même pas les propos au calme des avocats de la défense dont la tête de file était Me Harouna Touré non moins membre du bureau politique de l’USRDA. A maintes reprises, le président rappelait en vain les exigences de sérénité, de tranquillité et de silence gages d’une bonne audience judiciaire. En un moment donné, n’eut-été l’intervention des gardes du tribunal, les héritiers de feu Samaké Faran allaient être violentés par cette assistance déchaînée. Signalons la présence d’Ali Nouhoum Diallo, Tiébilé Dramé et Oumar Mariko etc. D’un coté, les parties civiles dans ce procès estiment que le discrédit est porté sur elles et la mémoire de leur père, de l’autre côté, on est animé par un devoir de vérité. Mais, aujourd’hui, répondant à la problématique posée au titre de cet article, estimons que notre démocratie qui fait tant de jaloux, à besoin d’une mise à sommeil d’un passé qui risque si l’on ne prend garde de mettre à l’eau tout le long processus jusqu’ici suivi pour la naissance et la pérennisation de cette ère démocratique, au grand dam des martyrs et de leurs parents surtout que la défense se proposerait d’appeler au moins une dizaine de témoins à la barre dont l’ancien président de la république Moussa Traoré. C’est pourquoi, nous pensons que les hautes autorités, les leaders religieux, les familles fondatrices de Bamako et les communicateurs traditionnels doivent mettre tout leur poids dans la balance pour que ce procès n’ait pas lieu au grand bonheur du peuple malien afin d’éviter des révélations, des affrontements qui mettront certainement le pays à genou. Puisse Dieu nous en préserve !

     

    AÏssata DIARRA                                                                                      

     

     

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