Procès Marimantia contre Kabako : Une victoire sans gloire

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    La gloire ne s’improvise pas. Elle ne s’achète pas non plus. Elle est l’effigie des hommes qui entrent dans l’histoire par la grande porte et non par la fenêtre. La condamnation du journal Kabako par le tribunal de première instance de la Commune II, le 5 mars dernier, est un non événement pour qui connaît tous les moyens mobilisés par le puissant et richissime ministre du plan et de l’aménagement du territoire, Marimantia Diarra pour se « blanchir. » Si c’est pour faire plaisir au ministre, bravo. Mais, la bataille est loin, très loin d’être terminée, car votre serviteur a interjeté appel.

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    Dans sa décision du 5 mars 2007, suite au procès qui oppose Marimantia Diarra à Kabako pour diffamation, le juge Oumar Sogoba a condamné Mme Diaby Makoro Camara, directrice du journal Kabako et son rédacteur en chef Oumar Bouaré, auteur de l’article incriminé, à quatre mois d’emprisonnement avec sursis, le paiement de 50.000FCFA de dommages et intérêts et la publication provisoire de l’acte dans quelques journaux de la place au grand plaisir du plaignant.  Comme nous l’avions annoncé, ce verdict n’est pas du tout étonnant pour celui qui a fait une lecture horizontale et verticale du procès.

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    Un de nos conseils en la personne de Maître Kadidia Sangaré avait fait remarquer au juge Sogoba  qu’il opinait et que la suite du procès était déjà connue. Quant à Maître Amadou Tiéoulé Diarra, un de nos avocats, le même juge ne cessait de lui réclamer des documents relatifs à la loi sur la presse qu’il ne maîtrisait suffisamment. Selon ce dieu du jour, Kabako après avoir appris les agissements du ministre, devrait se présenter dans la famille du sieur Dipa Traoré pour inviter la partie lésée à porter plainte contre Marimantia Diarra au lieu d’écrire sur lui dans le journal. Est-ce le rôle d’un journaliste ? L’opinion nationale jugera. S’agissant de Mme le procureur de la République représentant le ministère public, qui ne cessait de dire que les journalistes se substituent à la justice, connaît-elle réellement le rôle dévolu aux médias ?

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    Au regard de tous ces couacs, Kabako a été condamné sur quelle base ? Ce qui est clair, les avocats de Kabako, composés de Maîtres Amadou Tiéoulé Diarra, Kadidia Sangaré, Yacouba Koné, Tiessolo Konaré et Moussa Boubacar Diarra ont disséqué avec doigté et professionnalisme les documents produits par Marimantia Diarra pour faire croire au tribunal qu’il ne se trouvait pas à Bamako au moment des faits. Cet ordre de mission est daté du 14 décembre 2006. Pour le ministre, il se trouverait à Diéma dans la région de Kayes pour la remise des tracteurs aux paysans, laquelle remise s’est déroulée le 19 décembre 2006. Or, les faits reprochés au ministre Marimantia se sont bel et bien déroulés dans la nuit du 15 au 16 décembre 2006 à Lafiabougou Koda en Commune IV du district de Bamako.

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    S’agissant de la déclaration sur l’honneur de l’inspecteur divisionnaire de police Salim Diallo, officier de police de permanence au moment des faits, elle est mise à plat par nos conseils. Le policier affirme avoir reçu un citoyen du nom de Cheickna Traoré et que ce dernier fraîchement arrivé de son village, s’est nuitamment présenté à lui pour déclarer le détournement de sa nièce mineure par un jeune homme. C’était au delà de 21 heures, heure à laquelle aucun agent des forces de l’ordre et de sécurité ne peut se présenter au domicile d’un citoyen sans mandat du procureur de la République. C’est à cette heure que le policier Salim Diallo reconnaît avoir envoyé des éléments au domicile du sieur Dipa Traoré où ladite fille est domiciliée, en vue d’arrêter et de conduire le jeune homme en question qui n’est autre que Yassa Konaré, le fiancé légal de la nièce de Cheickna Traoré. Est-ce une affaire d’assassinat ou autres infractions de nature à troubler l’ordre public ?

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    Pourquoi le policier n’a-t-il pas attendu le lendemain pour arrêter le suspect ? Au profit de qui a-t-il accepté de violer la loi ? Ce que le policier ne sait pas, c’est que Kabako est un habitué des commissariats de police. Nous avons de l’estime pour notre police nationale qui regorge des hommes et des femmes honnêtes, sincères et respectueux de leur serment. Mais, que chacun de nous sache que nous tous, répondrons de nos actes devant Dieu, le Juge Suprême de toutes les créatures. Nous tenons aussi à clarifier à nos lecteurs que les témoignages et preuves apportés au tribunal par votre serviteur ne souffrent d’aucune ombre. Ils proviennent de personnes ayant vécu les faits. Mais, Jean de La Fontaine avait raison quand il disait dans la Fable que « la raison du bourgeois, pardon du plus fort est toujours la meilleure.

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    En attendant, force est de constater que dans notre pays, des responsables de par leur statut, mettent et continuent à mettre en péril la démocratie malienne. A Kabako, la religion des femmes et des hommes qui l’animent est claire et sans ambiguïté. Elle se fonde sur le respect de la personne humaine. Il leur est interdit le mensonge, le vol et la méchanceté. Que le ministre Marimantia Diarra ait à l’esprit que Kabako ne saurait contre lui et ne saurait lui coller de choses qu’il n’a pas faites. Ni l’or ni l’argent ne saura aussi détourner les animateurs de Kabako de leur noble et digne mission : celle de dénoncer les dérives totalitaires et autres malfaisances. Il y a de cela quelques siècles que le célèbre écrivain Français Jean de La Fontaine disait : « Selon que vous soyez puissant ou misérable le jugement de la Cour vous rendra blanc ou noir ». Voilà une vérité frappée d’usure au Mali. Nous en sommes tout de même averti, car de mémoire de journaliste, rare la presse malienne n’a gagné de procès contre un dirigeant dans notre pays.

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    Cela est une vérité absolue. Mais, cela ne doit pas constituer un handicap pour notre profession. Pour qui connaît le rôle et la place des médias dans un système démocratique. Il est incontestable et incontesté que la presse est le baromètre de la démocratie et la voix des sans voix. Si cela est compris, nous n’avons aucun regret de s’être arrêté pendant six heures à la barre à la place de celui qui devait l’être. Mais, puisque nous avons choisi ce métier, nous nous assumons dignement même si nous devons payer le prix du reportage par les menottes aux poignets ou la corde au cou comme beaucoup de nos confrères ont payé par le prix de leur sang. Le choix ne se discute pas. Nous n’avons aucune intention de salir qui que ce soit, mais nous doigterons et traquerons les malfrats, les hors la loi et les anti-démocrates, les nostalgiques des temps anciens jusqu’à leur dernier retranchement. Le retour aux temps médiévaux ne marchera pas. Que les plus nantis sachent que ce temps est terminé.

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    Nous sommes d’accord que nous ne sommes ni la loi ni la justice. Notre rôle se limite au simple fait de dénoncer les abus du pouvoir et les dérives totalitaires. On peut alors nous condamner, nous mettre au pilori, de toutes les façons, si nous sommes compris et que l’on sache que nous pouvons couper le sommeil aux hors la loi qui gangrènent notre société et que nous sommes le porte parole de ceux-là qui n’ont pas de voix. Dans ce cas, nous ne reprochons rien au verdict prononcé par le juge Oumar Sogoba. Nous en sommes fier si c’est pour faire plaisir au super ministre Diarra. Nous sommes aussi serein pour avoir dignement fait notre travail de journaliste. A Kabako, les faits sont réels. On n’invente pas. On ne fait pas le combat de certains à la place d’autres. Nous sommes les dignes serviteurs des SANS VOIX et nous sommes respectueux de notre devise : « Informer sans déformer. »

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    Qu’allaient donc devenir M. Dipa Traoré, Yassa Konaré, Manthia Traoré et bien d’autres en d’autres temps ? Des battoirs d’une certaine race de policiers ? L’histoire retiendra que le journal Kabako a été condamné un lundi 5 mars 2007 par le tribunal de première instance de la Commune II pour avoir dénoncé les abus de pouvoir d’un puissant ministre. L’affaire est en appel et continuera jusqu’à la manifestation de la vérité. A suivre.

    rnLa rédaction

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