La deuxième chambre correctionnelle du tribunal de la commune III était prise d’assaut, hier, par un public que la salle ne pouvait contenir. Parmi l’assistance, on notait la présence de plusieurs personnalités politiques, dont Tiébilé Dramé, Oumar Mariko, Dioncounda Samabally, Mamadou Bamou Touré, des militants de l’UM-RDA Faso Jigui… Le président du tribunal, Karamoko Diakité, avait cité à la barre Amadou Seydou Traoré dit Djicoroni et les plaignants : Amadou Samaké, Tiécoro Diakité, Siaka Samaké et Fanta Samaké.
Il a mentionné leurs dates et lieux de naissance ainsi que leurs professions. Il a demandé aux avocats constitués de se présenter. C’est dans cette atmosphère houleuse qu’il a déclaré à l’assistance : ‘’ de toutes façons, si vous êtes venus pour le procès contre Amadou Djicoroni, aujourd’hui, vous n’entendrez rien, car le procès se tiendra à huis clos. ‘’ La déclaration a mis la salle en ébullition. Une partie du public s’est alors mise à crier Non ! Non ! Ça ne se fera pas sans nous ! La plupart des hommes politiques ont alors quitté la salle d’audience.
La foule excitée demanda d’ailleurs que le micro soit utilisé pour qu’elle puisse entendre ce que dit le tribunal. Un agent de service leur répondit que le micro ne marchait pas. C’est à ce moment que la précision a été apportée par un avocat qui a indiqué que les débats sont renvoyés au 30 novembre prochain et que cette audience servira à fixer la consignation.
Ensuite, le juge a déclaré que la consignation est fixée à un million de Fcfa aux dépens de la partie civile et que les débats auront lieu au cours d’une audience fixée le 30 novembre prochain. Donc, les plaignants devront payer cette somme avant la prochaine audience. Une partie de l’assistance a alors commencé à scander : ‘’Modibo Kéita ! Djicoroni ! Mariko ! C’est Faran qui l’a tué ! ‘’ La foule qui scandait ces mots accompagna Amadou Djicoroni jusqu’à sa sortie du tribunal de la commune III sous le regard médusé des passants.
Joint à sa sortie de la salle, l’un des avocats de Amadou Djicoroni, Mamadou Tiéoulé Diarra a indiqué : ‘’je pense que c’est une injure grave à l’histoire d’avoir initié une procédure contre Amadou Djicoroni pour dire que Modibo n’a pas été assassiné. ‘’ Il a souligné que le président du tribunal a fait une erreur en déclarant de vive voix que le procès se fera à huis clos. Il devait, selon lui, prendre une ordonnance, fixer la consignation et dire ensuite que l’audience se fera en chambre de conseil à huis clos. Il a indiqué que ce procès est instructif et c’est donc pourquoi il devrait être public pour que les enfants puissent apprendre beaucoup de choses de l’histoire de leur pays, car, a-t-il dit, on est en train d’écrire l’histoire du Mali. Concernant la procédure, Me Mamadou Tiéoulé Diarra a indiqué qu’il y a eu une grosse erreur. Il a expliqué que le procès tel qu’il est enrôlé est un délit de presse.
Or, il n’a pas vu, pour ce cas, les infractions qui font d’un délit de presse une diffamation, car il n’a pas vu à la barre ni des hommes de presse, ni de journaux qui ont servi de supports à une diffamation. Ali Bathily, avocat de Amadou Djicoroni, a indiqué que ‘’ c’est un procès évocateur. ‘’ Me Mohamed Bacary Boiré, avocat des plaignants, a fait savoir qu’ils ne vont pas s’attaquer à la presse qui n’a fait que son métier de donner l’information à la suite de déclarations publiques. Pour lui, ainsi que pour l’un des plaignants, Tiécoro Diakité, la faute réside dans le fait d’avoir fait, sans détenir de preuve, une grave déclaration publique, relayée ensuite par la presse. Tiécoro Diakité a affirmé qu’il a été saisi dans cette affaire par les plaignants, à cause de son amitié avec Faran Samaké. Par ailleurs, a-t-il dit, son père était un ami de Modibo Kéita. Il a aussi entretenu des relations de camaraderie avec Djicoroni, car ils ont été militants du PAI.
Me Mohamed Bacary Boiré et Tiécoro Diakité ont surtout insisté sur le fait qu’on ne pouvait faire des déclarations aussi graves, notamment pour les descendants du défunt Faran Samaké et reliées par les journaux et Internet, sans détenir de preuves. ‘’ Il faut, ont –ils martelé, des preuves concernant l’empoisonnement. ‘’ L’avocat a estimé que, vu la gravité des déclarations, la plainte est fort justifiée dans un Etat de droit.
Baba Dembélé