Au Mali, les pratiques maraboutiques et fétichistes sont ancrées dans nos traditions. Elles font partie de la vie de tous les jours. Le Malien consulte d’abord son féticheur ou son marabout s’il a un problème ou veut entreprendre un voyage ou une activité. En un mot, ils rendaient de grands services à la population. De nos jours, c’est tout le monde qui se dit marabout ou féticheur même si la personne n’a pas les connaissances nécessaires pour exercer ces activités. Le fétichisme et autres pratiques connexes sont devenus un moyen d’escroquer les populations, profitant de leur crédulité. Ces prétendus féticheurs ou marabouts écument la ville à la recherche de clients.
Autrefois, les féticheurs restaient dans nos campagnes ou dans nos banlieues pour être à l’abri de la corruption des grandes villes. Leur premier souci était de satisfaire leur client. De nos jours, ils ont élu domicile dans les grandes villes et font tout pour soutirer de l’argent aux populations. Pour cela, ils proposent toutes sortes de produits (en poudre, des amulettes ou des bagues) capables de résoudre tous leurs problèmes. Ils font de la publicité sur leurs produits à longueur de journée sur les ondes des radios privées et même dans les colonnes des journaux de la capitale ; des produits capables de soigner toutes les maladies (hypertension diabète, stérilité …), des produits pour se ‘‘blinder’’ contre les mauvais sorts des ennemis et des sorciers, qui font de vous des millionnaires en un laps de temps. Si la presse ne suffit pas pour faire la promotion de leurs ‘‘marchandises’’, ils recrutent des jeunes dotés de moto pour faire le tour des marchés des grandes agglomérations aux heures de pointe. Pour mieux appâter les éventuelles victimes, ils capturent des serpents le plus souvent des boas (un serpent non-venimeux) et se baladent avec autour de leur taille ou cou.
Nous avons assisté le jeudi dernier aux environs de 10 h au Marché de Ouolofobougou, à une de ses ventes publiques. Une foule compacte encercle un jeune féticheur au point de bloquer la circulation. Par curiosité, nous nous sommes approchés du public. Nous découvrons un jeune à peine sorti de l’adolescence qui tenait un gros boa dans ses mains. Coiffé d’une chéchia des chasseurs, il vantait les avantages de son produit (une bague en bronze). Il a tout un dispositif d’amplificateur de voix sur sa moto. Avec éloquence, il jure que cette bague met celui qui la porte à l’abri de tous les dangers (mauvais sorts, Djinn, mauvaises rencontres). Elle permet à une femme de garder son mari ou son petit-ami pour elle seule. Cette même bague vous ouvre toutes les portes de la chance et quand vous partez à l’aventure ou vous vous lancez dans le commerce. Ces bagues en bronze, il avait un sac plein et les gens l’achetaient comme du petit pain. L’unité était cédée à
Ces féticheurs sur moto, après une bonne vente sur un marché, ils disparaissent le plus tôt possible. En effet, ils sont soit inefficaces contre les maladies qu’ils sont censés soignés ou nocifs pour la santé.
Ali Timbiné