Tous les trois inculpés sont domiciliés au quartier Sans fil. Il s’agit de Sékouba Traoré, né à Bamako, âgé de 23 ans. Il est conducteur de charrette de cheval. Célibataire et père d’un enfant, il a déjà été condamné à trois ans de réclusion ferme par le tribunal de céans pour association de malfaiteurs. Yacouba Diarra dit Yacouni, employé de commerce, est âgé de 22 ans. Il a été déjà condamné aussi à 3 ans de réclusion ferme par le tribunal de céans pour vol qualifié. Demba Touré, âgé de 20 ans, lui aussi est employé de commerce. Tous inculpés d’association de malfaiteurs, vol qualifié, détention illégale et usage d’arme à feu et de munitions, coups et blessures volontaires, ils ont comparu à la barre des assises de Bamako le lundi 30 août 2021. Ils ont été tous acquittés des charges qui pesaient sur eux.
Dans la nuit du 15 au 16 juin 2017, la dame Dounamba Traoré se rendait à la rôtisserie de Seydou Karembé pour acheter de la viande grillée pour son mari Moussa Djiré. Sitôt arrivée, elle a garé sa moto Djakarta à la porte de la rôtisserie pour entrer et faire sa commande. Soudain, elle a constaté cinq individus qui rodaient autour de sa moto. Elle a signalé la présence de ceux-ci au rôtisseur Seydou Karembé qui l’a rassuré en disant que les intéressés ne toucheront pas à la moto. Avant même qu’ils ne terminent ces échanges, un des cinq malfrats a pénétré brusquement dans la dibiterie, braqué Dounamba avec une arme à feu, en lui demandant de lui remettre la clé de la moto Djakarta.
Seydou le rôtisseur s’est interposé et les malfrats ont tiré sur lui à bout portant. La balle l’a atteint au niveau de sa cuisse droite et sur sa côte inférieure droite. Malgré tout, il s’est défendu contre cette agression avec une machette, les empêchant de partir avec la moto. Constatant que les personnes de bonne volonté ont commencé à venir pour porter secours aux victimes, les cinq malfrats ont pris la poudre d’escampette.
Après un moment d’accalmie, Dounamba Traoré est retournée à la maison et a fait le compte rendu à son mari, tout en lui expliquant avoir formellement identifié les nommés Demba Touré, Yacouba Diarra et Sékouba Traoré parmi les malfrats. C’est ainsi que son époux, Moussa Djiré, s’est rendu au commissariat de police du 3ème arrondissement et a porté plainte contre les susnommés.
Une enquête diligentée par des éléments de la Brigade de recherches dudit commissariat a permis de mettre la main sur Demba Touré en même temps que les deux autres, à savoir Yacouba Diarra et Sékouba Traoré. Au moment de leur interpellation, le nommé Yacouba était en possession d’une plaquette sur laquelle est gravée de l’écriture chinoise, une clé USB portant les écritures de la même langue, un billet de 20 dollars US, un billet de 10 naïra, trois billets de 10 000 Fcfa, un billet de 2 000 Fcfa, un billet de 1 000 Fcfa et une moto Djakarta.
Déférés au parquet, une information a été ouverte contre eux pour faits d’association de malfaiteurs, vol qualifié, détention illégale et usage d’arme à feu et de munitions, coups et blessures volontaires. Les inculpés, depuis l’enquête préliminaire jusqu’à leur comparution devant le magistrat instructeur, ont nié les faits à eux reprochés.
A la barre, Yacouba n’a pas voulu répondre à une question du président de la Cour, à savoir si Dounamba Traoré peut se tromper à son compte vu qu’ils collaborent, il répond : «Je suis vendeur d’agenda, je pars causer avec elle là où elle vend ses galettes. Des fois, je ne vais même pas au marché, je reste à côté d’elle jusqu’à 12h. Je demande pardon à la justice, c’est une histoire de voisinage et mon mauvais nom a précédé le bon, sinon il n’y a pas d’antécédent entre elle et moi», signale-t-il.
Le ministère public lui demande son lien avec Sékouba Traoré, l’accusé Yacouba répond : “C’est les chevaux qui nous lie parce qu’il en possède et moi j’aime les chevaux, sinon rien d’autre”, ajoute-t-il. Sékouba Traoré déclare ne rien savoir de cette affaire. “J’étais parti faire un tour avec mon cheval et à mon retour les policiers m’ont arrêté et m’ont amené à la police et c’est là qu’on m’a parlé de Dounamba que je connais bien, c’est une sœur. Je connais Yacouni aussi parce que quand il quitte le marché, il vient m’accompagner pour faire des tours avec le cheval. C’est ma deuxième fois aussi de faire la prison. La première fois, j’ai eu un accident avec ma charrette à cheval et j’ai blessé une personne qui m’a fait enfermer”, explique-t-il.
Le président de la Cour lui demande s’il ne savait pas que Yacouba a fait la prison, il répond : “Si, je le savais”. Et pourquoi continuer à collaborer avec cette personne encore sachant qu’elle n’est pas quelqu’un d’honnête ? Il dit : “Je m’excuse pour cela”.
Demba Touré, à son tour, nie les faits en disant qu’il ne sait rien de ces histoires. “Je venais de l’école quand j’ai entendu des coups de feu. Les gens ont crié au voleur ! Ils ont tiré encore et ce coup a failli m’atteindre même. Ils voulaient emporter une moto, mais je les ai empêchés”. Un membre de la Cour demande pourquoi c’est lui seul que la police a arrêté, laissant ses camarades ? Il fait croire que c’est Dounamba qui a dit qu’il était sur les lieux au moment des faits, sinon la police les a tous amenés au poste, lui il a été enfermé et on a laissé ses camarades partir.
Le président de la Cour lui rappelle que c’est écrit dans son dossier qu’il travaille à l’usine de Yoplait et à la barre, il dit qu’il est élève. Il poursuit qu’il fait la livraison, mais qu’il est élève. Un membre de la Cour voulait savoir quelle classe il faisait au moment des faits, c’est-à-dire en 2017. Il notifie qu’il faisait la 6ème année et qu’il avait 20 ans.
Le juré était très étonné d’entendre cela parce que, selon lui, à cet âge on doit être à l’université et non au premier cycle.
Dounamba Traoré, à son tour, souligne que lorsqu’ils rodaient autour de la moto, un parmi eux est entré et l’a appelée par son nom en ces termes : “Dounamba, je t’ai commissionnée il y a longtemps, que fais-tu encore avec ma moto et il m’a braquée une arme. J’ai crié et je me suis cachée derrière le rôtisseur et il a tiré sur ce dernier. Il m’a dit de lui donner la clé de la moto, quand j’ai refusé, il a tiré une deuxième fois sur le rôtisseur. Il y a certains qui étaient cagoulés, mais d’autres ne l’étaient.
C’est Sékouba Traoré qui avait l’arme, je l’ai reconnu à travers sa voix et ses mains cicatrisées, malgré qu’il fût cagoulé parce que c’est un cousin. Il est le fils au grand-frère à mon père. Le rôtisseur a voulu sortir pour les empêcher d’emporter la moto, ils lui ont tiré dessus une troisième fois et il est tombé. C’est en ce moment qu’un véhicule a braqué ses phares et ils se sont dispersés”, a-t-elle relaté.
Aux dires de l’avocat de la défense, Me Yacouba Dramé, c’est une bonne décision parce que la Cour n’a pas trouvé d’élément pour condamner les accusés. Elle a examiné que ces jeunes ne sont pour rien concernant les faits à eux reprochés, donc le droit a été dit.
Notons que le ministère public, dans son réquisitoire, avait demandé un acquittement des accusés faute de preuve établie. Ce qui a été le cas car les juges les ont reconnu non coupables des faits reprochés et les a acquittés des charges.
Marie DEMBELE
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Inculpé pour assassinat :
Hamidou Sanogo écope de la peine de mort
Né vers 1998 à Bamako, Hamidou Sanogo est militaire domicilié à Sénou. Il a comparu à la barre de la Cour d’assises de Bamako, le lundi 30 août 2021 pour assassinat. Des faits prévus et punis par les articles 199, 200 et 24 du code pénal. Après les débats, les juges l’ont reconnu coupable des faits. Verdict : condamnation à la peine de mort.
Les sieurs Hamidou Sanogo et Bourama Coulibaly alias IB sont des amis d’enfance qui se fréquentaient habituellement. Courant le 28 octobre 2017, le nommé Hamidou Sanogo s’est rendu au domicile de son ami Bourama Coulibaly sis à Sogoniko pour l’inviter à l’accompagner dans la concession de son oncle sise à Sénou qu’il occupait pour y prendre un pot.
Ainsi, ils sont partis ensemble dans la nuit. Chemin faisant, ils se sont approvisionnés en boissons alcoolisées pour agrémenter leur soirée. A une heure avancée de la nuit, pendant qu’il était toujours en compagnie de Bourama Coulibaly, le sieur Hamidou Sanogo téléphona à deux autres amis communs, respectivement nommés Bakary Diarra dit Levieux et Moumine Ballo, pour les inviter à se joindre à eux, à Sénou, en vue d’aplanir une dispute qui l’opposait à Bakary Diarra.
Le lendemain, 29 octobre 2017, le corps sans vie du sieur Bourama Coulibaly a été découvert sous la véranda de la résidence du sieur Hamidou Sanogo, domicile dans lequel il était avec le défunt durant la soirée. Interpellé par la Brigade territoriale de la gendarmerie de Faladiè qui a ouvert une enquête, le militaire, Hamidou, prétendait catégoriquement ignorer l’identité du défunt dans un premier temps, avant de reconnaitre l’avoir reçu la veille durant la soirée en compagnie des deux autres amis suscités.
Il a indiqué qu’il avait pris congé de ses convives en pleine dispute pour s’endormir dans sa chambre, avant de découvrir le matin le corps sans vie de la victime. Les trois individus ont ainsi été appréhendés, poursuivis et inculpés pour assassinat et complicité.
Sur le non-lieu partiel, il résulte des pièces du dossier de la procédure et des dépositions de témoins, notamment Oumou Coulibaly, Maïmouna Aya et Ousmane Aya, que leurs dires concourent à faire valoir que les accusés Bakary Diarra et Moumine Ballo sont restés devant leur concession pour prendre du thé jusqu’à des heures tardives, dans la nuit du samedi 28 au dimanche 29 octobre 2017.
Ces témoignages corroborent les déclarations desdits inculpés tant à l’enquête préliminaire qu’à l’information, en ce sens qu’ils soutiennent mordicus n’avoir pas fait le déplacement à Sénou, cette nuit-là, malgré l’invitation par téléphone de leur ami militaire, Hamidou Sanogo. Aucun autre élément du dossier ne permet de déterminer la participation des susnommés à l’homicide du sieur Bourama Coulibaly. L’article 211 alinéa 1 du code de procédure pénale disposeque : “Si la chambre d’accusation estime que les faits ne constituent ni crime, ni délit, ni contravention ou si l’auteur est resté inconnu ou s’il n’existe pas de charges suffisantes contre l’inculpé, elle déclare qu’il n’y a pas lieu à suivre”.
A la barre, malgré l’intervention d’un membre de la Cour afin qu’il dise la vérité, Hamidou a persisté dans le mensonge. “Le lendemain matin, j’ai découvert le corps sous ma véranda et dans ma peur j’ai fait appel à mon voisin pour venir voir ce qu’il y a et il m’a fait savoir que la personne ne vivait plus. C’est comme ça que mon voisin m’a donné le numéro d’un policier que j’ai appelé et il est venu constater les faits. J’ai aussi informé au niveau du service. J’avais été menacé de mort parce qu’ils disaient que depuis que j’ai eu un emploi je ne respecte plus personne”, tente-t-il de faire croire.
Tout au long du débat, l’accusé n’a fait que mener tout le monde en bateau et personne n’est pas parvenu à connaitre la raison pour laquelle il a assassiné son ami d’enfance. C’est en ce sens que la Cour a tapé très fort parce qu’il en a pris pour sa vie car consamné à la peine de mort.
Marie DEMBELE